Eddie Kaspbrak and the Beast

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Depuis une heure maintenant, Myra Kaspbrak faisait les cent pas devant Eddie qui était installé sur l'une des chaises de la cuisine, la suivant du regard de ses habituels yeux ronds. Lorsqu'elle lui avait annoncé qu'elle le ramenait chez eux, il n'avait pas réellement eu son mot à dire, et maintenant il était là à se faire sermonner comme s'il était un enfant qui venait de faire une bêtise. Il s'en voulait d'ailleurs d'avoir quitté Derry comme un voleur, sans même avoir pu toucher un mot à ses amis ou remercier Richie. Richie... pourquoi est-ce que s'éloigner de lui le rendait plus mal qu'autre chose ? Après tout il avait bien vécu vingt-sept ans sans lui, sans même se souvenir de lui... Est-ce qu'il allait l'oublier une fois de plus ?

« Eddie, tu m'écoutes ? intervint le ton sec de sa femme.

— Quoi ? Non, répondit machinalement le concerné encore en pleine réflexion.

— Pardon ? »

Eddie sortit de ses pensées en se rendant compte que sa conjointe était toujours en face de lui, et le regardait d'ailleurs de façon peu rassurante. Finalement, il se leva difficilement à cause de la douleur qui persistait à l'endroit où le clown l'avait empalé, bien décidé à en finir avec cette conversation.

« Eddie-chou ne te lève pas aussi vite, commença-t-elle à bourdonner à côté de ses oreilles. Tu vas-

— Myra, je n'ai pas besoin de ton assistance, merci, la coupa froidement son mari en se dirigeant maladroitement vers le plan de travail où étaient posés des dizaines de médicaments.

— Tu ne dois pas faire de mouvements brusques ou tu risques de-

— Est-ce que tu peux arrêter de me coller cinq minutes et me laisser respirer ?! »

Son rythme cardiaque s'élevait considérablement alors qu'elle ne cessait de parler et de lui rappeler les risques qu'il courait en se levant aussi rapidement. En n'oubliant pas de renverser les nombreuses boîtes qui contenaient des pilules en tout genre, le brun cherchait désespérément des cachets antistress, il en avait définitivement besoin. Non, il en avait définitivement besoin quand Myra était dans les parages. En effet, Eddie avait pu remarquer que durant son court séjour en présence des ratés, il n'avait presque pas eu à prendre un quelconque traitement, et encore moins ces merdes déstressantes. Mais, s'apercevant que son mari commençait à trembler dangereusement tout en continuant de chercher ses cachets, elle ne fit que s'affoler davantage, et cette voix aigüe devenait de plus en plus insupportable, elle parlait, elle parlait, sans ne jamais s'arrêter, il ne s'entendait plus penser, elle parlait, trop, beaucoup trop, c'en était trop.

« LA FERME ! » explosa le brun en mettant enfin la main sur la boîte recherchée.

Dans le silence qui venait de s'installer, il s'empressa d'avaler d'une traite trois comprimés sous le regard ahuri de sa femme.

« Oh mon Eddie-chou qu'est-ce qui te stresse autant ?! paniqua Myra, c'est tes amis qui n'ont pas été fichus de te garder en bonne santé c'est ça ?

— Non, non ce n'est pas ça ! répondit-il en haussant la voix. C'est toi, Myra ! Quand est-ce que tu vas comprendre que c'est toi, qui me stresses autant ?! Alors, s'il te plaît, pour une fois, fous-moi la paix ! »

Cette fois-ci, plus aucun son ne se laissait entendre, si ce n'était la vieille horloge murale qui appartenait à Mme K. Après un moment, Myra fondit en larmes, faisant inconsciemment lâcher un soupir à Eddie, elle lui avait souvent fait le coup de pleurer des heures et des heures sans s'arrêter pour qu'il finisse par abandonner et aller dans son sens. Et entendre ses sanglots toute la soirée était bien la dernière chose dont il avait besoin.

And, what if? (Reddie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant