Welcome to the "losers club"

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13 h 02

Après sa conversation avec Richie, Eddie avait beau eu tourner le problème dans tous les sens, le binoclard avait bien raison sur toute la ligne, pour une fois. Il avait donc attendu que la nuit passe et à la première heure ce matin, il avait tout déballé à sa femme. Elle l'avait bien évidemment (très) mal pris. Mais le mal était fait, il avait peut-être été obligé de courir pour échapper aux griffes de Myra, et il était maintenant divorcé (en quelque sorte), et sans travail, pourtant, il ne s'était jamais senti aussi libre qu'à cet instant, à l'arrière de ce taxi, en direction de Derry.

À côté de lui, une femme aux reflets légèrement roux était assise, pianotant sur son téléphone depuis une bonne heure maintenant. Parfois elle relevait la tête pour lui poser quelques questions auxquelles il répondait brièvement, puis elle retournait à ses occupations. Bizarrement, Eddie était persuadé de l'avoir déjà croisée quelque part, pourtant, aucun des deux ne semblait se connaître. Le chauffeur, lui, ne parlait que lorsqu'il entendait ou voyait quelque chose qui l'intéressait, en résumé, ce voyage qui durait depuis maintenant huit heures était plutôt gênant.

« Donc, vous vous appelez Eddie, c'est ça ? demanda-t-elle éteignant son cellulaire.

— Oui, répondit-il simplement avec un sourire crispé.

— Et vous habitez à New York ? C'est une belle ville. Qu'est-ce que vous faites comme travail ? »

Pourquoi se mettait-elle soudainement à parler et à lui poser des questions sur sa vie ? Elle s'en était abstenue durant huit heures, alors pourquoi changer ? De plus, le brun ne savait réellement quoi lui répondre, après tout il n'avait plus de travail.

« À vrai dire, je n'ai plus de boulot, avoua-t-il. Ni de femme. »

Elle se tourna vers lui en fronçant les sourcils, ce qui eut le don de mettre l'asthmatique encore plus mal à l'aise. Merci Richie, pensa-t-il en évitant le regard de la brune.

« C'est horrible, fit-elle d'un air faussement concerné. Depuis quand ?

— Ce matin.

— Donc vous êtes en train de me dire que vous vous êtes fait renvoyer et que votre femme vous a quitté ce matin, c'est pour ça que vous allez à Derry ?

— Non, j'ai quitté ma femme et mon travail ce matin parce que c'était une hystérique qui me clôturait par peur que j'attrape une maladie rare que seule elle connaît, débita rapidement Eddie en se tournant vivement vers elle. En fait, c'est plutôt un ami, qui m'a appelé à minuit pour me dire que j'étais en train de foutre ma vie en l'air, et que je devrais peut-être bien la quitter et donc retourner avec les ratés. Au début je n'étais pas trop d'accord avec lui, mais en y repensant je me suis dit qu'il avait peut-être raison, mais d'un autre côté il y avait aussi cette histoire de clown tueur et de ballon rouge, au passage, si vous voyez un ballon rouge, courrez. »

Il souffla un coup après avoir terminé son monologue, sous le regard peu rassuré de la femme qui se collait de plus en plus à sa portière, créant un maximum d'espace entre eux. Dans le rétroviseur, on pouvait apercevoir le visage amusé du conducteur, qui jetait quelques fois un œil à ses passagers, finalement, c'est lui qui prit la parole.

« Un clown tueur, vous dites ? demanda-t-il avec un demi-sourire. C'est drôle, la semaine dernière un gars, il devait avoir à peu près votre âge, m'en a aussi parlé. Il n'était pas revenu sur Derry depuis vingt-sept ans, et moi qui suis ici depuis ma naissance, je peux vous dire que des choses étranges j'en ai vu dans cette ville, mais pas de clown mon ami.

— Vingt-sept ans ? répéta Eddie soudainement intéressé. Vous vous souvenez de son nom ?

— Oh c'était un truc commun comme... Brice, ou plutôt Bob... Ah, non ! Bill Denb...

And, what if? (Reddie)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant