Mayday !

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Le 26 août de l'année 202X :

Quelque part au-dessus des Alpes Martines

Les vols de nuit, une tout autre ambiance : plus calme, moins stressant, que tout autour de nous tournait au ralenti ! Les lumières des villes me faisaient penser à un immense sapin de Noël. Au-dessus des nuages, juste du blanc à perte de vue, le doux vrombissement des turbines surpuissantes du jet privé de mon père.

Nathalie, le nez rivé sur sa tablette à préparer mon emploi du temps de la collection Automne-Hiver. Les vacances en Sicile étaient bien derrière moi. Un long soupir sortit de mes lèvres quand je regardais toutes les photos que j'avais prises avec mes amis, ils repartaient dans 2-3 jours, normalement on devait tous repartir ensemble. Certains événements à Paris avaient fait que le grand top model Adrien G Agreste devait mettre les voiles. Le regard perdu dans les airs, mon esprit vagabondait paisiblement vers l'image de ma bien-aimée restée en Italie.

Pour détendre le visage de l'assistante de mon père, je fis un jeu de mots vaseux, elle me décrocha un sourire, si rare avant de retourner à son travail, me conseillant de dormir un peu.

Je passais mon fauteuil de cuir en mode relaxation-massage, bandeau sur les yeux, et écouteur dans les oreilles, le sommeil ne tarda pas à me gagner. Cette semaine m'avait fait un bien énorme, mais pas le dernier jour... séance photo surprise plus longue que prévu et obligation de retourner sur Paris, pour une raison que j'ignorais. La poisse...

Puis Nathalie déposa une couverture sur moi, même si son visage restait le plus souvent de marbre, elle savait à certains moments dégager une douceur maternelle qui me manquait cruellement, due à la distance qu'imposait mon père, après la disparition brutale de ma mère après une longue bataille contre la maladie. Donc, Nathalie endossa un autre rôle, mettant sa vie privée entre parenthèses, une dévotion rare que mon père remerciait chaque jour.

Tout d'un coup, le jet fut pris d'une violente secousse qui me réveilla immédiatement. Les lumières se sont brutalement éteintes comme l'air conditionné, le chef de cabine : un homme dans la trentaine, cheveux châtain coiffés en arrière, se rua vers le cockpit. Nathalie essaya de l'interpeller afin de savoir ce qui se passait. Il lâcha un froid et brutal : « Tout va bien ! ». Le jet se mit à trembler de partout... C'était à en avoir la peur au ventre, tous mes sens étaient en alerte quelque chose clochait. La porte du cockpit se trouvait légèrement entre-ouverte, je t'entendis dans l'oreille :

— MAYDAY, MAYDAY, MAYDAY! Ici, le JET 00 — FZF de la maison Agreste sur 126,6 à tous les avions ou contrôle dans mon secteur, ma position X miles au SUD-EST de XXX, ma vitesse diminue des secondes en seconde nous sommes sous la barre de 120noeud, à altitudes de 4000 pieds nous perdu de l'altitude lentement plus, transpondeur 7720, plus aucun de nos appareils de navigation... merde l'altimètre vient de planter ! pilote automatique assèche, quasiment plus qu'aucun appareil ne fonctionne, nous demandons une aide urgente ! hurlait la commandante de bord dans son micro, mais pas réponse, son co-pilote reprit la radio pour demander de l'aide.

— Commandante ! Que se passe-t-il ? questionna inquiète le chef de cabine dégoulinant de sueur.

— Aucune idée ! Plus rien ne marche et nous perdons de l'altitude, ça n'y est à rien comprendre... et nous n'avons aucune viabilité, rétorqua du mieux qu'elle pouvait la commandante. Aller rassurer nos passagers.

Le co-pilote et la commandante répéta les messages de détresse, vainement mes sens me prévenaient d'un grand danger, lorsque sans aucune raison, le réacteur droit explosa, créant une immense brèche dans le train arrière du jet, les bruits de l'air qui s'engouffrait à l'intérieur me vrilla les tympans, et ce froid... Je n'avais jamais connu une  pareille sensation, une reine de glace vous poignardant à plusieurs reprises dans le moindre centimètre carré de votre corps. Le steward fut instantanément emporté par le vide glacial du ciel. Son hurlement désespoir disparut avec lui, je revoyais son regard rempli de larme s'évaporer une fraction de seconde.

Chevalier De La NuitOù les histoires vivent. Découvrez maintenant