Do You Want To Save Me ?

Chapitre 13

Ambre

Quelques jours plus tard, septembre 2019

Je ne sais pas cela fait combien de temps que je suis ici ni comment je fais pour rester éveiller à regarder l'horizon. Mais à peine je ferme mes yeux que les images de cette horrible nuit me reviennent. D'habitude, j'enfile un masque et je vis ma vie mais cette fois-ci, tout est différent.

Maintenant, je ne vis plus chez moi. Je vis chez Nate où sa famille m'a accueillie sans problème. Est-ce que c'était parce qu'ils ont eu pitié de moi ? Je n'en ai aucune idée et je ne veux pas le savoir. La pitié, je n'en veux pas. Tout ce que je veux, c'est qu'on me sauve et qu'on m'aide.

Mais je dois avouer que sa mère, Liliane, est très accueillante et pourtant, je ne fais que l'ignorer quand elle entre dans la chambre de son fils pour savoir si je vais mieux. Depuis quelques jours, depuis mon arrivée, Liliane a droit à de gros silences. Je ne parle plus depuis que je suis arrivé ici, n'arrivant pas à sortir un seul mot à cause de ce qu'il y a eu.

En fait, c'était la fois de trop.

Cela doit faire des minutes voire même des heures que je suis assise sur la chaise de bureau de Nate à contempler la vue que m'offre sa fenêtre sur le jardin. Parfois, je pleure. D'autres fois, je n'exprime rien sur mon visage. En fait, je ne sais pas ce que je dois ressentir mais je sais qu'il faut que j'en parle.

Regardant le soleil éclairé le grand jardin où un trampoline, des balles et quelques jeux recouvrent celui-ci, je laisse quelques larmes coulées en voyant la petite sœur de Nate courir pour échapper à son père qui la poursuit en imitant un monstre. Cette petite devrait profiter à fond de ce que lui offre son père car un danger peut vite arriver, ce que je n'espère pas pour cette famille si bienveillante.

Trois petits coups retentissent sur le bois de la porte mais je ne bouge pas, ne parle pas. La personne ouvre la porte et entre, l'odeur de pâtes carbonara emplit la pièce mais je ne m'en retourne pas. Depuis que je suis ici, je ne mange plus et ne bois plus. L'appétit a quitté mon corps depuis que j'ai vu plus en détails ce que je ne voulais plus vivre.

À peine mes yeux se posent sur de la nourriture que des nausées me prennent, c'est au-dessus de mes forces. Alors, pour éviter cette vision, je ne regarde plus ce que Liliane m'apporte. Je sens, mais ne visionne plus. Il a fallu que je vois cette horreur pour que je sois dégoûté de beaucoup trop de choses sauf les baisers de Nate. Certes, ce n'était que sur le front mais cela m'a apaisée à tel point que j'ai sombré dans le sommeil.

- Bonjour ma chérie, me dit Liliane en s'approchant de moi et en posant une main sur mon épaule. Je t'ai apporté de quoi manger, j'espère que tu feras un petit effort aujourd'hui.

Un silence, un bruit de porte qui claque. Et de nouveau le silence mais la main de cette charmante femme ne quitte pas mon épaule. Bien au contraire, Liliane la serre davantage avant de venir se placer en face de moi, de s'asseoir sur le rebord de l'appui de fenêtre et de prendre mes mains froides dans les siennes.

- Sache que tu es en sécurité ici, personne ne peut te faire de mal.

Je ne la regarde pas, mon regard reste dans le vide. Je ne saurais supporter ses yeux remplient de tristesse, de peine et de pitié. J'aimerais lui dire qu'elle n'a pas à s'en faire, que je connais ça depuis si longtemps que j'ai fini par en être habitué et dégoûté. Pourtant, les mots ne sortent pas.

- Tu peux nous laisser, maman, intervient une voix rauque derrière moi.

- Bien sûr, annonce la concernant en se levant.

Et avant de partir, elle se penche et embrasse mon front. Puis, Liliane quitte la pièce en laissant le plat de nourriture dans la pièce.

Le silence est revenu, la température dans la pièce se réchauffe doucement. C'est sûrement dû au fait que Nate vient de poser un plaid sur mes épaules seulement recouvertes d'un t-shirt à lui. Mes jambes, elles, sont mises à nu.