Do You Want To Save Me ?

Chapitre 5

Ambre

Septembre 2019

Actuellement en cours, je prie depuis le début de la journée que les cours s'arrêtent maintenant afin que je puisse aller à mon entraînement de pom-pom girl.

J'attends ma reprise depuis que les cours ont été arrêté puisque la fin de saison est arrivée. Danser est une échappatoire, ça me permet, le temps d'un entraînement, d'un spectacle de me vider l'esprit et de divaguer entre passion et émerveillement.

C'est le seul moment de la journée où je n'ai pas à subir des insultes et des coups, le seul. J'aimerais tellement récupérer ma vie, celle où mon père était encore de ce monde. Celle où j'avais toujours une lueur de brillance dans le regard, où je n'avais pas peur de me prendre des coups : pour un oui, pour un non.

Lorsque la cloche annonce la fin des cours, je suis la première à sortir de classe sans un regard en arrière. Mon professeur de droit civil essaie de me faire cracher d'où viennent mes multiples bleus mais je reste muette. Ma vie en dehors des cours ne regarde personne, parce que, justement, c'est ma vie.

Une vie de merde mais c'est comme ça.

Lorsque je sors du bâtiment, la chaleur m'accueille malgré quelques nuages dans le ciel. Je transpire à grosse goûtes mais je me refuse à enlever mon pull qui cache les nouveaux bleus sur mes bras.

Hier, après leur soirée, Kol était complètement bourré et ne tenait plus assez sur ses jambes. Il a fallu que je laisse traîner un vêtement par terre pour que je me prenne tous les coups possibles. Bien sûr le moindre gémissement ou cri, qui sortait de ma bouche, lui donnait satisfaction.

Je n'ai jamais cru que le monde était rempli de violence, jamais. Je ne savais pas non plus à quoi ressembler la violence, mon père m'en a toujours éloigné dans n'importe quelle situation. La définition que je me faisais de ce mot était complètement erronée.

La violence, elle me connaît désormais et je la connais. Elle est encrée en moi par mes bleus, mes gémissements de douleur, mes pleurs : c'est définitivement en moi. J'en ai peur, j'en souffre. C'est ma phobie maintenant, c'est ma peur la plus profonde.

Mais maintenant, je sais. Je sais ce qu'est la violence et ce qu'elle entraîne. Moi, elle m'a entraîné vers le fond. Vers la violence, la douleur que j'ai finie par m'infliger moi-même. Ma force a quitté mon corps, mes esprits ont quitté mon âme. Il ne reste que du noir en moi.

Je ne connaissais pas non plus la définition du mot viol. Mon père n'a jamais voulu m'expliquer. Ma mère ? Elle m'a dit d'attendre et qu'un jour, je saurais ce que c'est. Je n'ai jamais compris pourquoi elle disait ces mots. Jusqu'à cette nuit, celle où j'ai perdu mon innocence pour de bon.

Tout en broyant du noir, je vais m'installer sur le banc en attendant Ella pour que nous puissions aller au stade de basket ensemble. L'endroit où je me sens parfaitement bien et où j'oublie ma vie le temps que je danse.

Sortant mon téléphone de ma poche, j'envoie un message à Ella pour savoir quand elle compte pointer le bout de son nez. Il fait chaud, trop chaud, et je souhaite à tout prix aller danser.

Une ombre vient recouvrir mon maigre corps, lorsque j'envoie le message. Relevant mes yeux, je suis surprise de tomber sur notre colocataire : Nate, je crois. J'ai su son nom hier lorsque des potes à Kol l'ont appelé.

Lorsque mes yeux rencontrent une nouvelle fois les siens, des frissons me parcourent tout le corps. Ses yeux verts me détaillent tandis que les miens restent sur son visage où une fossette a fait son apparition.