Heureux sont les fous .

Chapitre 12 : Soirée mondaine

Bruce vérifia nerveusement les attaches retenant ses boutons de manchettes . Son costume bleu nuit lui collait à la peau . La chaise où il était assis ,lui paraissait aussi bizarrement inconfortable alors qu'elle était dans un cuir des plus chers et des plus moelleux. Il avait toujours du mal à réintégrer sa vie réelle . Sa vie fade et insipide , cette vie ou il incarnait un homme qu'il n'était pas , le milliardaire , grand donateur aux fondations les plus désœuvrés, collectionneur de voiture , et amateur de jolis minois .

Une couverture pour cacher l'orphelin au coeur sombre et à la solitude perpétuelle.

Il enleva sa veste , se sentant encore plus mal à l'aise dans ses habits guindés . Il reprit une gorgée amer de café et se replongea dans la lecture du contrat de la nouvelle filiale russe . Ce contrat allait lui permettre de financer en toute tranquilité et discrétion , ses prochaines escapades nocturnes tout en fructifiant son activité. Ses nouveaux partenaires l'observaient du coin de l'oeil , les mains tremblantes . Ignorants petits pions.

Ils n'attendaient qu'une chose l'aval du milliardaire de Gotham . D'un hochement de tête et d'une signature finement tracé , le contrat fut signé . Des soupirs soulagés se firent entendre , de grandes tapes sur l'épaule , des éclats de rire résonnèrent dans la grande pièce de réunion .

Monsieur Wayne lui resta impassible devant cette joie détonante , il prit sa veste la jeta sur son épaule et quitta la pièce .

Il descendit vers la sortie , relâchant enfin les muscles de son visage quand il fut isolé dans l'ascenseur .Les portes se se fermèrent . Un corps nu immaculé glissa dans sa retine , le dos cambré , la peau ruisselante , une bouche écarlate. Joker . Il lui tardait de le retrouver malgré tout . De l'étreindre , d'embrasser goulûment ses lèvres mutilés .

Une nuit à ses côtés, à goûter sa chair et il perdait complétement les pédales .

Bruce posa sa tête contre la cloison de l'ascenseur . Plus que quelques étages et il ferait face au journaliste , appareil photo en main prêt à immortaliser le visage ravi de Monsieur Wayne l'étoile pécuniaire de la ville .

Dépité à cette simple pensée , tout son enthousiasme de retrouver le clown retomba . Il avait encore tant de choses à faire aujourd'hui . L'ouverture du nouveau centre pour les sans domiciles fixes , le vernissage d'une gallerie d'art et pour finir coktail pour un dîner caritatif .
Il avait devoir rester des heures , parader devant une myriade de personnes intéressées , glisser quelques compliments aux demoiselles . Il se regarda dans le miroir de l'ascenseur. Le visage triste , le Joker avait raison .
Encore lui , un mince sourire étendit ses lèvres . Il le reverrait c'est certain .

La sonnerie de l'ascenseur l'avertit de sa prochaine arrivée . Il inspira trois fois pour se redonner une contenance et marchea droit vers la horde de journalistes guettant sa sortie . Un crépitement l'accueillit , sourire de façade plaqué sur le visage.
Quelques rues plus loin , un clown à l'humeur sinistre l'observait très mécontent .

Cinqs heures plus tard , Bruce exténué par ses faux semblants s'était assoupie dans sa limousine . Alfred au volant de l'imposante voiture couvait  de son œil protecteur son jeune maître .

-Monsieur Bruce ? Il faudrait vous changer . Nous arrivons dans peu de temps .

Ne dormant toujours que d'un oeil , Bruce sortit des limbes du sommeil .

-Oui merci Alfred je n'avais pas vu l'heure .

-Je vous ai pris les deux derniers costumes que nous avions achetés chez ...

Bruce venait d'enlever sa chemise grise , dévoilant un torse labouré de griffures et suçons .

-Je croyais que Mademoiselle Kayle et vous aviez pris vos distances récemment ? Lui lança d'un air soupçonneux le majordome piqué au vif .

Bruce sentit le rose lui monter au joue .

-Nous nous sommes recroisés cette nuit...

-Vos retrouvailles ont étés plus ou moins passionnés . Toutefois c'est drôle j'avais cru comprendre que Mademoiselle Kayle  était au Caire la nuit dernière , une statue siamoise orné de pierres précieuses a disparu hier soir .

Bruce honteux et affreusement vexé d'avoir oublié ce détail ne dit plus un mot et boutonna la chemise prune jusqu'au ras du cou .

Évidemment il n'avait pas regardé l'étendue des dégâts que lui avait infligé sa Némésis . Il pesta entre ses dents , quel clown sadique . Les dernières minutes du voyage furent intenables . Bruce voulait fuir la consternation palpable de son majordome .

Alfred ouvrit la portière de la limousine .

-Bonne soirée maître Bruce . 

-Merci Alfred ...

La torture commençait . Bienvenue dans l'enfer laqué d'or pensa le justicier .