1. I'm on top of the world

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On the Boulevard of Broken Dreams, 17h13

J'éteignis rageusement mon téléphone après avoir sélectionné le mode aléatoire de ma playlist.
Un accord de guitare puissamment lancé marquait le début de la chanson alors que Billie Joe tardait à commencer à chanter.
Greffé à la vitre de la voiture, mon regard ce perdais dans le paysage défilant.
Il faisait moche.
De grands nuages gris couvraient l'horizon et le soleil ne semblait pas décidé à les percer.
De petites gouttelettes d'eau dévalaient ma fenêtre contre laquelle ma tête avait fini par reposer mollement.
Ma mère me parlait aussi, je crois. Mais, je n'en avais que vaguement conscience.
La musique trop forte, autant en son qu'en puissance, m'empêchait -non m'offrait- l'occasion de ne pas l'écouter.
De toute façon, je savais parfaitement de quoi elle me parlait.
Depuis plus de deux mois, elle ne semblait penser qu'à ça. Les rares phrases qu'elle m'adressait étaient inévitablement à ce sujet : ce putain d'internat, dans lequel elle m'avait placé, sans mon accord.
Mes poings se resserraient brusquement tandis que j'essayais de penser à autre chose, totalement impuissant face à cette décision de ma mère concernant, ce qui devait être, les "plus belles années de mon existence".
Après tout ça ne devait pas être si terrible un internat... plein de gens y avaient survécu. Mais en ajoutant le fait qu'arriver en première impliquait que tous les groupes d'amis soient déjà formés, et que j'étais tout bonnement incapable de parler au gens de manière normale, tous les éléments étaient réunis pour que je passe une "bonne année de merde".

"Insociable"... On me l'avait assez dit...

Ma maison, ça avait toujours été "mon repère", ma cabane perdue dans la forêt, mon bunkeur de survie, ma seule et unique "safe place".
La quitter me faisait mal.
Sûrement plus que je ne voulais bien me l'admettre.

Le problème de l'internat dans lequel ma mère m'avait placé était -qu'en plus du principe, qui me semblait déjà détestable- les chambres étaient pour deux. Je me retrouvais donc avec l'impossibilité d'être seul. De construire mon mur. Ce qui, en tout bon gars, catégorisé "emo" qui aime la solitude, participait à former la boule qui me nouait l'estomac, depuis quelques mois.
Ma mère m'assurait qu'au contraire, j'aurais un ami avec moi, un contact en permanence.
Elle m'avait répété, mainte et mainte fois, que ce n'était pas de sa faute, que son travail l'obligeait à voyager, que laisser seul un garçon de 16 ans n'était pas digne d'une mère, que son devoir lui impliquait de me mettre ici.
Elle accompagnait souvent ses paroles de "en plus tu te feras enfin des amis" ou de "tu seras en contact en permanence, cela pourrait te socialiser". Enfin bon, elle avait toujours été super encourageante... comme si je ne souffrais déjà pas assez de mon manque de contact avec les autres et des mes difficultés à ne pas faire les fuir à la moindre conversation.

Elle m'aimait ma mère. Et je le savais. J'aurais simplement aimé qu'elle sache choisir ses mots. Qu'elle arrête de me blesser sans s'en rendre compte.

La longue route s'ouvrait devant moi. Les longs immeubles abîmés, les grands quartiers malfamés, laissaient doucement place aux champs carrés, aux grandes et jolies maisons, aux jardins bien taillés.

Personne sur la route.

Personne dans les voitures à l'arrêt.

Personne dans les villages.

Personne dans les maisons.

Personne aux alentours.

Personne.

- " C'est vraiment ça la campagne ? " ~ pensais-je, soudainement encore plus déprimé.

La longue route de bitume s'ouvrait toujours. Toujours plus longue.
Toujours plus grise.
Toujours plus pointillée.
Toujours plus abîmée.
Toujours plus vide.
Comme pour me narguer, comme pour m'enfoncer.

" I walk a lonely road "

Ah ça oui putain, elle était vide cette route.

" The only one that I have ever known "

Ah ça oui putain, je la connaissais bien cette route.

" Don't know where it goes "

Ah ça oui putain, je savais pas où elle allait cette route.
Elle allait vraiment quelque part ?

" But it's only me, and I walk alone "

Ah ça oui putain, je marchais seul.
J'avais déjà marché avec quelqu'un d'autre ?

Bon ! Ça suffit Green Day...!

En y réfléchissant, c'était bien la première fois que Green Day me déprimait.
D'habitude cela m'insufflait un semblant de courage, ça arrêtait de tourner trop vite là-haut, au moins pour trois minutes.

Je changeai brutalement de chanson.
Totalement au hasard.
Et parfois le hasard fait bien les choses.

" Now take it in but don't look down "

Ce n'était certainement pas le moment de me morfondre. Ma mère avait aussi raison, dans le fond.

" I've been waiting for smile "

Et c'était dommage. Pourquoi attendre.

" I'm on top of the world "

Peut-être pas. Mais j'étais bien quelque part. Et ça devra suffire pour l'instant.

La route se séparait en deux cette fois, me libérant de la torture de la longue ligne grise.

Ma mère tourna brusquement, d'un grand coup de volant à gauche et s'arrêta devant un grand portail blanc. Fin qui devait être blanc. Là, il était juste rouillé. Rouillé et écaillé. Trop beau...

Ma mère soupira tandis que je retirai mes écouteurs. Je savais ce qu'elle avait à me dire. Cela ne me plaisait pas.
Mais je devais quand même l'écouter n'est-ce pas ? Un parent ça se brise pas le jour d'un aurevoir, si ?

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#887 mots

Boulevard of Broken dreams ~ Green Day
On top of the world ~ Imagine Dragons

12/2019

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Nda (note de l'auteur) :

Salut !

Bienvenue sur mon Klance. Je tiens à prévenir qu'il sera plutôt lent au début, mais tous les chapitres sont déjà écrits. Je les posterai donc deux fois par semaine à partir d'aujourd'hui. Je l'ai écrit sur une treees longue période, donc la qualité des chapitres va en s'améliorant (enfin j'espère).

Comme vous avez déjà pu le constater, je fais pas mal de références et elles seront toutes marquées en italique.
En gros, dès qu'un élément est en italique, c'est qu'il n'est pas de moi.
Vous pouvez même mettre un commentaire si vous avez l'origine/la référence, ça me ferait super plaisir !?

Certains dialogues de l'histoire seront repris mots pour mots du dessin animé donc ils seront en anglais ( pour ceux qui ne parle pas anglais, pas d'inquiétude, ils ne sont que rarement présents et très simples à comprendre).

Les chansons auxquelles je fais référence seront toujours marquées à la fin du chapitre.
Ce sont toutes des chansons qui me tiennent particulièrement à coeur ( c'est sûrement pour cela que les artistes ne sont pas super diversifiés ).
Évidemment, j'ai suivi ma logique avec l'italique, et comme il fallait une démarcation plus importante, elles seront aussi entre guillemets.

La page de couverture est de " tnkisu " et vous pourrez la trouver sur Instagram. L'original est dans le média, au début du chapitre. J'ai, bien évidemment, demandé l'autorisation à l'artiste pour la réutiliser et j'ai obtenu son approbation.

Merci et en espérant que mon histoire vous plaise !

These days [ Klance ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant