9. Boys don't cry

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Il avait pris ma main, mais l'avait lâché rapidement après, cachant sûrement qu'il était gêné. Je n'avais pas osé la serré dans la mienne, tant qu'il en était encore temps. Je n'avais pas osé lui montrer que je voulais la garder. Je n'avais pas osé lui montrer qu'en si peu de temps, je m'étais déjà autant attaché à lui, qu'en si peu de temps, je savais déjà m'avouer que je voulais le garder à mes côtés.

J'avais peur aussi.

Peur, parce que les gens ça s'abandonnent facilement.
Peur, parce que j'en avais marre d'être abandonné si facilement.

19h

On était de retour.
Sous le soleil orangé, au dessus des champs dorés.
Le métal froid et rouillé de la barrière du skate parc dans le dos, les pieds dans le vides, orientés vers la pente taguée.
Le pire, c'est qu'aucun des deux n'étaient jamais monté sur un skateboard.
Mais l'endroit était juste calme. Tranquille.
Tout ce que je n'étais pas, au fond de moi.

Et cela devait être de même pour lui...?

Mon regard se perdit encore une fois autour de moi. J'avais déjà tant décrit ce paysage, alors pourquoi semblait-il encore si différent ?
Le soleil déclinait derrière les nuages, cette fois, et le doré se ternit doucement.
La lumière se rétractait, diminuait. Les yeux de Lance arrêtaient de briller.

Le ciel grisait partiellement maintenant, mais toujours le soleil faisait percer quelques rayons mouvant sur le sol.
Mon ami semblait bien triste, aujourd'hui. Ses yeux bleus fixaient vaguement un point au sol. Ce point devait lui sembler magnifique pour qu'il s'y concentre à ce point. Je savais, je connaissais, cette facilité à se concentrer sur le vide, pour tenter de fermer la vanne de pensées jaillissantes.
Je mourrais d'envie de lui demander : "pourquoi es-tu si troublé", mais qui a déjà osé briser un silence lourdement installé ?

Mon ami me semblait bien différent aujourd'hui. Ses épaules étaient affaissées, son dos bossé, comme écrasé par un poids bien trop lourd. Je connaissais aussi, ce poids.
Il était disposé un peu partout sur moi. Il me broyait les côtes quand trop de personnes m'entouraient; il se déposait sur ma poitrine, la nuit, désordonnant ma respiration. Il me suivait, me poursuivait.
Je mourrais d'envie de lui proposer : "tu sais, on peut partager ?", mais qui a déjà accepter l'aide d'un blessé ?

- " Et dire qu'un jour j'ai souhaité venir ici... " ~ murmura t-il.
Sa voix brisée dénonçait son mal-être du jour -ou qu'en sais-je, qui durait depuis bien plus longtemps.
Après tout, je ne devais pas être le seul à pouvoir avoir des idées noires.

Je me rembrunis, honteux de moi même.

Bien sûr que je n'étais pas le seul.
Et j'attendais là, patiemment, que Lance m'offre son aide. Mais ai-je une fois imaginé qu'il souhaitait peut-être la mienne, en retour ?

D'un geste de tête, je l'invitai à continuer.
Je n'avais jamais été doué pour parler ou pour aider les autres. Mais écouter, avait toujours été à ma portée.

- " Tu sais, j'habitais dans une cité... un petit appart... avec toute ma famille. On était à l'étroit, très à l'étroit enfaite, mais c'était... souvent... joyeux ? Ici, c'est... relativement vide... ? "

Égoïstement, je perçus seulement le fait qu'il n'était pas heureux d'être ici. Pas heureux d'être avec moi.
Finalement je ne savais peut-être pas écouter non plus.

- " J'habitai aussi dans une cité avec ma mère, jusqu'à il y a une semaine. Jusqu'à ce qu'elle me mette ici par facilité. " ~ dis-je, du ton hargneux qui accompagnait maintenant tout ce qui avait attrait à la femme qui m'avait abandonné. Car je considérais cela comme un abandon.

These days [ Klance ]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant