These days [ Klance ]

3. There's smoke in the sky again

Les portes de l'enfer franchies, 17h37

J'étais seul.

Le vent se soulevait doucement finalement.

La vie ne ressemblait pas vraiment aux films, ni de mon enfance, ni de maintenant.

Je tournais sur moi même, un instant. Le grand manoir qui se dressait devant moi ne ressemblait pas à un décor de film d'horreur, mais il était en accord avec la comédie dramatique, à laquelle je comparais ma vie.

Je soufflai un instant, resserrant encore ma poigne, autour de la bandoulière de mon vieux sac, jusqu'à en avoir mal aux doigts.

Je m'assurai que ma guitare était bien en place dans mon dos et commençai à m'avancer, vers l'imposant bâtiment - j'imaginai bien que c'est là que je devais aller - mais c'était sans compter sur l'intervention du vent qui entraînait mes mèches déjà folle devant mon visage, m'empêchant toute progression dans n'importe quelle direction.

Même marcher je ne pouvais pas y arriver normalement...

J'écartai mes mèches folles et rebelles de mon visage d'une main, me griffant à moitié le visage avec mes gants de cuir. Au moins, leur présence était rassurante.
À contre coeur, je m'avançai sur le parking de bitume.

Contournant finalement la grande maison grise, j'attendis un moment, du haut d'une petite colline sur laquelle je me plantai pour observer les environs.

" There's smoke in the sky again "

Le ciel gris n'était pas menaçant, il était juste pesant et semblait si proche du toit de la bâtisse. Je respirai un grand coup pour tenter de faire disparaître la boule de stress qui me tenaillait depuis mon arrivée : à peine entré dans la propriété, elle m'étouffait déjà.

" Life is a bitch, she don't fight fair "

Je me forçai à penser à autre chose et étudiait le grand terrain qui courait d'un bout à l'autre de ma vision. Tout autour de moi, s'étendait une grande plaine d'herbe bien verte, délimitée par une grande grille noire entourant la propriété. Les pics du grillage qui pointaient vers le ciel, semblaient vouloir le menacer, tout en achevant de m'enfermer encore plus... Un long frisson de dégoût me parcouru. J'avais beau savoir que je n'avais jamais été réellement libre, le fait de voir les limites de ma prison me survoltais.

" Run away from the pain, I don't care "

Pour éviter de continuer à m'énerver je laissais glisser mon regard sur le fond de la propriété. Une grande forêt se dressais, impétueuse, défiant cet internat noir au grillage tout aussi malsain. Elle semblait, à elle seule, vouloir empêcher toute personne d'entrer. Le directeur de l'internat avait donc dû choisir de ne mettre aucun grillage, car du haut de mon petit perchoir, je ne le distinguais pas.

" Burn it down "

Sur le seuil du perron de l'internat - qui ressemblait de l'extérieur à une grande maison de briques foncées - une jeune femme, à l'allure étonnamment détendue, semblait m'attendre, patiemment.
Décidant que la faire attendre plus longtemps serait sûrement mal vu -ce que je tenais absolument à éviter pour un premier jour- je m'avançai vers elle, un peu gêné.
En me rapprochant je distinguais nettement qu'elle me souriait, de manière apaisante. Cela m'arracha un sourire ironique, qu'elle sembla interpréter comme un effort de ma part.

- " Bonjour, je suis Romelle, l'adjointe au directeur de l'établissement. " ~ me dit - elle d'une voix avenante, où pointait une légère once de timidité, quand j'arrivai à sa hauteur.

Rapidement, je fus frappé par l'impression d'innocence qui se dégageait d'elle. Elle avait de long cheveux blonds lâchés dans son dos et ramenés vers l'arrière dans une couronne de cheveux stricte. Ses yeux violets semblaient vouloir me mettre en confiance et un demi sourire s'étirait sur ses lèvres fines.
Elle devait être à peine plus vieille que moi.