Chapitre 8

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Onze jours, déjà, que Steve et Natasha étaient au Japon.  Aucune trace de Clint, de Hawkeye, ou même de celui qu'ils appelaient Ronin.  Steve, éternel optimiste, ne cessait de répéter qu'ils le trouveraient.  Natasha, elle, commençait à perdre tout espoir.  La fenêtre que Rhodey avait ouverte se refermait un peu plus chaque jour et elle redoutait devoir retourner en Amérique sans avoir eu l'occasion de le voir.  Ou de lui parler.  Elle avait laissé des traces sur tous les canaux que Clint et elle avaient autrefois l'habitude d'utiliser pour communiquer.  Avait tenté, par tous les moyens, de lui faire savoir qu'elle était tout près.  C'était le silence radio.  Elle se demandait même si Rhodes ne s'était pas trompé.  Si Minh Da Xiao n'avait pas été assassiné par un autre.  Simple hasard.  Coup du sort.   

Steve, en tout Parfait qu'il était, avait tenté de lui remonter le moral.  Il avait un don pour la rassurer et lui faire croire que tout irait bien.  Cette fois-ci, cependant, il n'arrivait à rien.  Jamais elle ne s'était sentie aussi démolie et sans espoir.  Conséquemment, elle le savait, elle était encore une fois d'une humeur exécrable et d'un caractère insupportable.  Comment pouvait-il seulement la supporter ?  Elle n'y comprenait strictement rien.  N'importe quel autre aurait pris la porte depuis longtemps, déjà.  Alors comment se faisait-il qu'il était encore là, après toutes ces années ?  Natasha préférait éviter de se poser cette question. 

Ils avaient mangé au restaurant de leur hôtel, dans cette espèce face-à-face silencieux qu'était devenue maintenant la majorité de leurs repas.

- Pourquoi tu ne me suggères pas de rentrer ? lui avait-elle demandé à la toute fin du dîner. 

Il avait haussé les épaules. 

- Ce n'est pas à moi de prendre cette décision.

Elle avait été fâchée par sa réponse.  Elle aurait voulu que ça vienne de lui.  Qu'il mette fin à toute cette mascarade.  Car elle savait pertinemment qu'elle en était incapable. 

- On va se perdre ici combien de temps ? avait-elle insisté.

- Le temps qu'il faudra, Nat. 

Sa Perfection l'aurait rendue dingue.  Elle avait abandonné le sujet.  Maintenant, allongée dans la noirceur de leur chambre, elle cherchait une raison pour tout abandonner, et rentrer au Complexe Avengers.  Voilà des heures qu'elle restait immobile, à fixer le plafond de la chambre et à écouter la respiration régulière de Steve qui dormait à ses côtés.  Elle devait y voir plus clair.  Partir, ou rester ?  Et pour combien de temps encore ?  Jusqu'où son entêtement à retrouver Clint qui, visiblement, préférait demeurer invisible, allait-il la pousser ? Elle devait avancer.  Passer à autre chose.  Il y avait tant à faire; le monde avait besoin d'elle.  Tout ce temps perdu à courir derrière celui qui, toujours, avait sur elle une longueur d'avance...  Oui, elle pourrait très bien rentrer, et passer à autre chose.  Poursuivre sa vie.  Mais chaque fois qu'elle prenait cette décision, chaque nuit, alors qu'elle choisissait enfin de retourner en Amérique, un souvenir douloureux venait la hanter.  Celui d'un jeune agent pointant une flèche sur une espionne russe à peine sortie de l'enfance.  Cette flèche qu'il avait, sciemment, omis de décrocher.  Elle lui devait tout.  Il était celui qui avait signifié le début de sa vie.  Elle avait envers Clint Barton une dette que tous les sacrifices du monde ne pourraient jamais effacer.  Alors, que pouvaient bien représenter quelques jours de plus au Japon ? 

Elle sentit que Steve se retournait, sans toutefois se réveiller.  Ses réflexions silencieuses venaient visiblement troubler son sommeil.  Elle choisit de mettre les pieds à terre et de quitter le lit, préférant aller poursuivre son insomnie à l'extérieur et ainsi laisser la quiétude de la chambre à celui qui pourrait réellement en profiter.  Elle agrippa le premier vêtement qu'elle trouva : le chandail que Steve avait porté toute la journée, visiblement beaucoup trop grand pour elle, qu'elle enfila par-dessus sa petite camisole et ses sous-vêtements.  Il lui couvrait à peine la moitié supérieure des cuisses et elle regretta un peu son choix lorsqu'elle s'aventura sur le balcon de sa chambre du neuvième étage et dut faire face à l'air frais de la nuit.  On ne pouvait voir les étoiles.  La ville était cent fois trop lumineuse pour qu'elle puisse seulement songer à en apercevoir une seule.  C'était une nuit sans lune mais, pour Hiroshima, c'était un détail depuis longtemps oublié.  Les lumières de la ville avaient depuis longtemps remplacé celles de la nuit.  Assise sur la froideur du béton, adossée contre la porte-fenêtre qu'elle venait de refermer, Natasha ferma les yeux dans l'espoir que la réponse à ses questions vienne d'elle-même. 

L'Après guerre [COMPLET !]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant