L'Après guerre [COMPLET !]

Chapitre 11

Steve avait sa chambre en horreur. Elle était partout. Sa chaleur n'avait pas encore quitté les draps. La salle de bain transpirait l'odeur de son savon à la cerise. Ses vêtements, entremêlés avec les siens dans les tiroirs, lui rappelaient sans cesse son absence. Son ordinateur était toujours posé sur le lit, où elle avait l'habitude de travailler jusqu'à tard dans la nuit alors qu'il dormait à côté d'elle, un bras nonchalamment posé sur ses cuisses. Lui qui avait toujours rigolé de trouver de longs cheveux roux traîner un peu partout les détestait maintenant plus que tout. Ils étaient là pour lui rappeler qu'elle ne l'était plus. Il avait envie de tout détruire, d'y mettre le feu et ne jamais y revenir. Il comprenait Clint. Ce qui l'avait poussé à saccager sa propre maison après le snap, puis à disparaître. C'étaient exactement les sentiments qui l'habitaient aujourd'hui. Tout était encore là, mais il avait l'impression d'avoir tout perdu.

« Est-ce qu'on sait si elle avait de la famille ? »

La question de Tony lui résonnait encore au fond du crâne. Mais à quoi pensait-il ? « Oui ! Oui, elle avait de la famille ! Elle avait Charlotte, Sarah, et tous les enfants de l'orphelinat dont elle a tant pris soin et pour lesquels elle n'avait pas dormi depuis cinq ans. Elle t'avait, Tony ! Toi, qui ne daignais même pas prendre de ses nouvelles quand elle passait te voir. Elle avait Thor, qui avait, lui, choisi de partir et tout oublier de ce qu'elle faisait. Elle avait Bruce, qui avait préféré devenir quelqu'un d'autre plutôt que de l'aider à maintenir le monde en un seul morceau. Elle avait Clint, qui avait préféré disparaître plutôt que de la supporter ces cinq dernières années, et qui l'a laissée crevée au fond d'un ravin sur une planète à l'autre bout de la galaxie. Elle m'avait, moi, bon sang ! Moi, qui l'ai aimée comme un dingue et qui n'ai pas su la protéger comme j'aurais dû le faire ! ». Voilà ce qu'il avait rêvé de lui dire. Voilà les mots qui étaient restés coincés tout au fond de sa gorge.

« Ouais. Nous. »

Telle était la réponse qu'il avait trouvé le courage de donner à Tony. De retour dans sa chambre, qui serait la leur pour l'éternité, Steve avait l'impression d'être étourdi. Tony et Bruce travaillaient à la conception d'un nouveau gant où ils pourraient mettre les pierres. Lui, avait mal au cœur en permanence. Il ne comprenait pas comment il pourrait seulement songer à faire quoi que ce soit. Comment le monde pourrait-il recommencer à tourner si elle n'était plus là ?

« Avant, je n'avais rien. Et puis j'ai eu tout ceci. Ce job... cette famille. Et je suis... je suis devenue meilleure, à cause de ça. Et même si... ils ne sont plus là... j'essaie encore de devenir meilleure. »

« Je crois qu'il est temps de se créer une vie. »

« Toi d'abord. »

Il entendait encore sa voix et chaque fois qu'il y songeait, une douleur lancinante lui striait le bas ventre. Il ne survivrait pas à ça.

- Steve ? Ils sont prêts.

La voix l'avait fait sursauter. Clint se tenait là, appuyé contre le cadre de la porte. Steve eut un haut le cœur et ne répondit pas, se contentant de lui faire un léger signe de la tête. Contrairement à ce qu'il aurait cru, Clint ne partit pas. Il entra plutôt dans la chambre, regardant tout autour. Elle était partout. Clint le voyait bien. Steve s'attendait à ce qu'il dise quelque chose. L'archer demeura silencieux. Il demeura là, observant, tentant de la reconnaître dans tous ces objets du quotidien. Ses chaussons de ballet, qu'elle passait son temps à laisser traîner partout, gisaient sur le sol tout près des vêtements qu'elle avait retirés pour enfiler son uniforme. Les derniers vêtements qu'elle n'ait jamais portés. Puis, il le remarqua : le cadre. Celui que Natasha gardait sur sa table de chevet. À l'intérieur : cinq visages souriants semblant venir d'une autre époque. La photo qu'elle avait récupérée des décombres de sa maison de ferme. L'anniversaire de Nate. Laura, Lila et Cooper. Sa famille. Clint les revoyait pour la première fois depuis cinq ans. Elle, les avait fixés tous les jours depuis le snap. Ils étaient là, et ne l'avaient jamais quittée. Steve retint son souffle et Clint éclata en sanglots.

- Je suis désolé, Steve. Si tu savais à quel point je suis désolé ! C'était à moi de mourir. C'est moi qui aurait dû se retrouver au bas de cette falaise !

Pour la première fois, Steve sentit son cœur craquer. Elle n'aurait pas voulu qu'il en soit ainsi. N'aurait pas souhaité que les deux hommes qu'elle chérissait dans ce monde se mènent une guerre sans merci. Steve sentit les larmes qui lui montaient aux yeux alors qu'il s'approcha de l'archer et le prit violemment contre lui.

- Pardonne-moi, Steve ! l'entendit-il murmurer. Pardonne-moi de n'avoir pu la sauver !

Les deux hommes pleurèrent un long moment, seuls dans la chambre et entourés de l'âme de cette femme qu'ils avaient tant aimée. Il fallut un long moment pour que Clint reprenne un semblant d'esprit.

- Ils sont prêts, annonça-t-il à Steve. Ils vont tenter de ramener tout le monde.

* * * * *

« Assez... C'est... stop ! Laissez-moi... Laissez-moi le faire ! Laissez-moi le faire. Faire enfin quelque chose de bien. »

« Les éclairs ne t'aideront pas ! Ce doit être moi ! Tu as vu ce que ces pierres ont fait à Thanos. Elles les presque tué. Aucun d'entre vous ne pourrait survivre à ça ! »

« Et comment sait-on que toi, tu survivras ? »

« On ne le sait pas. Mais les radiations.. c'est comme... si j'avais été créé pour ça........... Tout le monde revient à la maison. »

Bruce avait crié. Steve eut l'impression qu'il ne passerait pas au travers. Il voyait toute l'énergie qui s'échappait du gant et qui grimpait le long du bras de Bruce. Personne ne pouvait survivre à ça. Et pourtant...

Bruce par terre, tout le complexe sembla soudainement silencieux. Puis, des oiseaux. Un piaillement qu'il avait l'impression de ne pas avoir entendu depuis des siècles. Et le bruit d'un téléphone. Clint qui s'éloigne en direction de la vibration de l'appareil. Qui répond. Puis, le miracle.

« Laura ? Chérie ? »

« Les gars, je crois que ça a fonctionné ! »

Ils avaient réussi. Ils avaient gagné. Les disparus étaient de retour. L'univers était sauvé.

Puis vint le Bang.

* * * * *

et......... c'est pas encore fini !