Après les cours, c'était comme d'habitude. Tout le monde rentrait chez soi. La semaine d'après c'était la semaine des examens de fin d'année. C'était ma dernière semaine en 7ème année. Pendant cette semaine, tout le monde se mettait au travail. Personne n'avait de temps pour jouer même ceux qui savaient pertinemment qu'ils allaient redoubler à cause de leurs négligences tout au long de l'année. J'étais déjà admise en classe supérieure comme toujours. Le dernier examen ne me stressait pas. Je me préparais mais je n'avais aucune pression sur moi. Le premier jour de l'examen, j'ai souhaité un bon succès à mes amis, Ehaël y compris. Parce que je savais que je n'allais pas pouvoir le faire plus tard. Pendant la semaine des examens, on venait à l'école, on subissait les tests et on rentrait chez soi pour préparer les examens de demain. Le dernier jour, les élèves de ma classe et moi étions restés pour jouer au football, sauter à la corde, jouer à cache cache, jouer au volley-ball car nous allions passer deux mois sans se voir. Pendant que je sautais à la corde, Ehaël s'est approché de moi pour me proposer de jouer aux football avec les autres gars de la salle. J'ai accepté, d'ailleurs à l'époque c'était mon jeu préféré.
-Tu veux jouer dans mon équipe?
-Bien sûr ! Pourquoi je jouerais contre toi?
-Je ne sais pas. Tu ne m'aimes pas.
-Je ne t'aime pas! J'aime jouer avec les gens que je déteste.
-OK! Tu joues comme attaquant. Nous devons gagner.
-Compte sur moi! Y a pas deux Zidane en Haïti. Seulement moi.
Nous avons passé un peu de temps à jouer ensemble. Je dribblais le ballon, je le faisais passer sans problème. Je n'avais pas peur des gars. Au contraire, j'avais un grand avantage sur eux. Ils voulaient tous me protéger. Et c'est là qu'ils ont eu tord. Parce que je profitais de leur protection pour marquer des buts et les humilier avec de beaux dribbles. Ils avaient peur de me frapper, de me tacler... Les garçons ! Ils se croient toujours des supers héros, ils veulent toujours protéger les filles! Notre équipe a gagné. Je n'avais pas une place fixe vraiment, je passais de poste en poste pour arriver au final au poste de gardien de but.
-Bravo toi! Tu as bien joué !
-Merci toi! T'as bien joué aussi!
-Je n'arrive toujours pas à croire que nous allons passer deux mois sans se voir.
-Qu'est-ce qui t'empêche de le croire?
-J'en sais rien. Tu comptes faire quoi pendant les vacances?
-Les mêmes choses! Dormir, lire, aller regarder des matchs et aider maman avec le commerce. Et toi?
-Presque les mêmes choses que toi. Je vais travailler avec mon père.
-Intéressant!
-Au revoir! N'oublie pas de prendre soin de toi pendant les vacances. Je souhaite te voir plus belle! Oh attends. Tiens mon numéro, n'oublie pas de m'écrire.
Il s'est approché près de moi, m'a pris par les épaules et a laissé deux gros bisous sur mes joues. Ensuite il m'a regardé droit dans les yeux. J'ai tout de suite baissé les miens. Je suis restée perplexe à le regarder partir. Je ne pouvais même pas lui dire au revoir. Je mâchais les mots. Aucun son ne se faisait entendre. J'ai l'impression que j'avais même perdu la voix. Je me suis sentie heureuse et chanceuse à la fois. Juste parce que mon monstre tranformé en ange m'a fait des bisous.
-On y va Landhy? Me lançait Naphtalie.
-Où, où ça ? Bégayais je.
-Chez nous. On a fini de jouer! Descends sur terre jeune fille. Dis moi, t'es amoureux de Ehaël?
-De qui tu dis?
-Ehaël. Le gars qui vient tout juste de te dire cet au revoir spécial. Au cas où tu l'aurais ignoré.
-Non! Qu'est-ce tu racontes? Amoureuse? Moi? Nan! Je ressens rien pour lui, je le hais au contraire.
-Ah quelle haine! C'est du jamais vu. Et vos conversations dans la salle? T'oublies peut être qu'il est assis au milieu de nous deux?
-On doit rentrer! Ton chauffeur t'attend. Au revoir chérie. On se voit en 8ème?
-Au revoir. Tu vas me manquer ma poule.
-Toi aussi! Sois gentille et prudente!
Il était trop tard pour rentrer en bus. Je devais attendre un taxi. C'était un peu difficile d'en trouver un près de mon école vu sa position géographique(nan bwa lamandou). Lamandou c'était la zone où se trouvait mon école. Elle est éloignée du centre ville. J'ai marché jusqu'à ce que j'ai fini par trouver un taxi. Et je suis rentrée chez moi! Le chauffeur me racontait sa vie. Il me parlait de sa femme, de ses enfants. De son boulot. Je faisais semblant de m'intéresser à ses histoires. Il commençait à m'énerver. Il me posait un tas de questions. J'ai fait comme si le vent m'empêchait d'entendre pour ne pa répondre. Je crois qu'il avait compris mais il voulait me provoquer. J'ai gardé mon calme pour ne pas dire que j'étais prétencieuse et que les élèves des soeurs se croient toujours supérieurs aux autres élèves. Les soeurs ne m'ont pas appris à me comporter de la sorte. Au contraire! Après 20 bonnes minutes, je suis arrivée chez moi. J'ai payé le chauffeur. J'avais l'intention de lui demander de me payer lui aussi, mais je devais être gentille. Je portais l'uniforme de l'école donc je devais projeter une bonne image. Arrivée dans ma chambre, je pensais à comment j'allais embellir mes vacances. Ehaël m'est apparu dans l'esprit. Je pensais et repensais à ses baisers. Ils étaient comme bénis parce qu'après j'ai senti que la mort ne me faisait plus peur. J'ai senti que j'étais au paradis. Seulement lui et moi. Et le reste du monde était en enfer. Les anges, Dieu et Jésus nous contemplaient. J'ai sorti la feuille dans laquelle Ehaël avait écrit son numéro. Je voulais l'appeler. Mais dommage ! ! J'ai mis la feuille dans mon carnet de secret et je suis sortie de ma chambre pour arrêter de rêver. Sinon j'allais avoir mal! J'hallucinais et ce n'était pas bon signe.
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Brisée
RomanceVous avez déjà aimé quelqu'un qui ne vous aime pas ? Genre vous considérez cette personne comme votre raison de vivre? Vous n'imaginez pas la vie sans elle? A ses côtés vous vous sentez au paradis comme on dit? Mais cette personne ne ressent pas la...