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A vrai dire, les sciences de l'éducation n'étaient pas ce que je voulais vraiment. Mais qui ne tente rien n'a rien dit on. Je ne voulais pas rentrer à la capitale donc je devais quand même étudier une science. De plus, en classe de philo, il y avait une des sœurs de l'école qui faisait un cours intitulé Formation pour nous. Elle était psychologue, elle nous a fait faire un test d'orientation professionnel pour pouvoir mieux nous guider dans nos projets d'étude. Dans ce test, j'ai pu constater que les sciences de l'éducation étaient inscrits. C'était l'une des raisons qui m'ont poussé à faire ce choix. En 2 ème année de la faculté, je commençais à aimer l'éducation. Pour moi, l'éducation c'est la base de tout. J'avais l'impression que mon destin était déjà tracé depuis des siècles, et que je devais tout simplement le laisser me guider. Peut être que ce que je croyais fait pour moi n'était pas vraiment fait pour moi et vice versa. J'ai passé 2 ans sans parler de relation amoureuse avec quelqu'un, voir entamer une. Les garçons m'énervaient presque chaque jour. Je ne pouvais pas croire en eux et à chaque fois qu'un gars me disait qu'il m'aimait, je me mettais à rire de toutes mes forces. Car tout ça était devenu une blague pour moi. Je ne croyais plus en ce sentiment. Je croyais de préférence au fait d'enrichir mes expériences. J'étais devenue une chercheuse qui ne voulait rien laisser passer, je voulais avoir une idée en tout pour ne pas me sentir déçue quand on me refuse de faire quelque chose pour moi. Une petite anecdote: mon club de volley ball, USJ (Union Sportive de Jacmel) comptait organiser une journée sportive. Il y avait une fille qui prenait en charge de gérer la publicité pour cette journée. Elle avait l'intention de faire une affiche pour publier sur les réseaux sociaux. Environ une semaine avant la journée, elle a quitté le club pour des raisons de mésentente entre elle et d'autres filles du club. Elle m'était un peu proche, donc elle m'avait donné le numéro du graphiste qu'elle allait contacter pour travailler sur l'affiche, sur le flyers dans le langage courant. C' était un ami à lui. Puisqu'elle a tout abandonné, j'ai donc pris la relève. J'ai contacté ce graphiste pour lui demander de faire l'affiche pour commencer avec la publicité. Je lui ai mis au courant de la personne qui m'avait donné son numéro. Juste parce que c'est moi qui l'avais contacté et aussi parce que la fille ne voulait plus faire partie du club, ce graphiste là a catégoriquement refusé ma demande. J'étais vexée. Ces raisons n'étaient pas valables pour m'humilier de la sorte. Il a rejeté ma demande donc il m'a rejeté. Et depuis, je me suis dit que je devais au moins savoir comment me débrouiller en infographie et ainsi je n'aurais jamais à demander à qui que ce soit ce service. Ce qui allait me rendre fière, c'était que j'ai vu une affiche pour un séminaire sur l'infographie. Je me suis inscrite et j'étais étonnée de voir le premier jour que c'était cet homme qui allait m'apprendre cet art. Je lui remerciais pour deux raisons, la première parce que c'était grâce à lui que j'ai eu l'idée de m'aventurer dans ce domaine et la seconde parce qu'il était l'intervenant qui m'a appris à manœuvrer certaines options là dessus. Je me disais toujours qu'à chaque fois que quelqu'un refuse de me rendre un service, il me fait du bien. Parce qu'il m'aide à compter sur moi même! Il m'aide à me miser sur personne. Il m'aide à faire beaucoup plus d'efforts. J'avais toujours peur de demander de l'aide. Je ne voulais pas déranger les gens avec mes occupations. De toute façon je voulais être une femme indépendante.  En janvier 2019 j'ai quitté le groupe CACH dans lequel je me donnais entièrement pour des raisons de discipline. Je leur disais toujours qu'il n'y a pas de relation humaine sans respect. Je m'orientais dans d'autres groupes intéressants. J'ai aussi quitté mon club de basket-ball, je jouais plus. Je ne voyais plus d'intérêts dans ce jeu, en plus ma mère ne voulait pas. Je n'avais pas de temps pour gérer et l'université et mes activités et le basket. Pour le volley, j'y allais parfois. En décembre 2019, une ancienne élève de chez les soeurs salésiennes de Jacmel m'a écrit pour m'inviter à venir l'aider pour une activité culturelle. Elle était le PDG d'une plateforme connue sur le nom de KreyòlLaBèl (KLB). Cette plateforme avait pour mission de faire de la promotion pour le créole haïtien. La plateforme allait fêter un an d'existence. Elle voulait des amis pour l'aider à planifier une petite célébration. Elle s'appelait Benjy. Elle m'avait invité à une réunion à laquelle j'ai eu la possibilité de rencontrer d'autres gens. Parmi eux, il y avait 3 qui étaient chez les soeurs. Il y avait aussi deux frères jumeaux. Je faisais connaissance avec eux et ensemble nous avons planifié la célébration. Nous avons réparti les tâches et chacun se mettait au travail. J'étais responsable de faire l'affiche et des livrets pour donner aux gens qui allaient venir prendre part à cette activité. Normalement, KLB avait l'habitude de publier des pensées en créole à chaque matinée. Une façon de motiver les gens, les haïtiens surtout à apprécier la vie tout en appréciant le créole. Publier ces pensées en Créole haïtien c'était une façon de montrer aux gens que ce n'est pas la langue dans laquelle on s'exprime qui va influencer nos croyances ou notre vie mais c'est de préférence le message qui y est ancré. Il suffit de se faire comprendre.  Les jumeaux étaient amusants tellement ils se ressemblaient. Je commençais à les côtoyer. Ils étaient taquinants et drôles. Je me sentais plus à l'aise avec l'un d'entre eux. Il me faisait rire et il était plus cool. Son frère avait un sale caractère, j'avais peur de l'approcher. Ils étaient différents au niveau de comportement et de moralité. Je n'abordais pas vraiment les autres membres du groupe vu mon côté solitaire. Je n'aimais pas trop la foule. Je me mettais toujours à côté. La raison pour laquelle j'étais plus proche de l'un des jumeaux était parce que celui là m'empêchait de rester seule dans mon coin. Il me disait que j'étais une fille prétentieuse et timide. Que j'étais trop du genre Zuzu. Je le trouvais mignon. Mais rien de spécial. Tout était prêt pour l'activité. Nous avons décoré la salle et tout arrangé. Au menu il y avait une causerie avec un écrivain de la ville de Jacmel, Maurice Cadet. Ensuite, des danses, des chants, des slams etc... Après cette activité, nous avons profité pour aller déguster quelques boissons dans un bar juste pour élargir les liens. Et ce soir, un truc bizarre allait m'arriver.

BriséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant