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Après 2 mois après ce séjour à Pétion Ville, il n'avait plus de temps pour moi. Je l'appelais mais sans réponses. Je l'écrivais, sans réponses. Je ne le voyais plus, il ne venait plus chez moi. Je ne connaissais pas sa nouvelle maison car il ne m'y avait jamais invité. Il était peut être débordé à cause de toutes ses obligations et qu'il n'avait pas le choix. Je devais le comprendre. Il était venu à l'école un vendredi pour recueillir quelques documents à la direction. Il a profité pour me dire qu'il a perdu son téléphone, en fait on l'a volé dernièrement. Je lui ai dit que ce n'était pas grave. Du coup plus de communication. Cela me mettait mal à l'aise mais je ne réagissais pas vraiment. Le baccalauréat était ma priorité et il était de plus en plus proche. A force de me concentrer là dessus, je ne me sentais pas trop délaissée. Je ne devais pas me plaindre pour si peu. J'étais une femme forte après tout. Il n'avait pas de temps, donc je me faisais rare pour ne pas trop penser à son absence. J'étais de plus en plus active dans les activités salésiennes, je me donnais entièrement. Ma mère ne pouvait pas croire une telle chose. Elle savait que j'étais vague de nature et voilà que quelque chose allait éveiller mon sens de responsabilité. Travailler avec les soeurs. Je travaillais avec elles dans tous les domaines. Je me sentais toujours heureuse avec elles. Elles étaient persuadées que j'allais suivre leur chemin, que j'allais offrir ma vie entière à Dieu. Elles avaient même l'habitude de m'inviter à des journées vocationnelles pour pouvoir cerner ma vocation. Dans ma tête, la seule et unique vocation que j'avais c'était de fonder une famille soudée et exemplaire avec mon prince charmant qui n'était autre que Ehaël. Je ne leur ai jamais parlé de ma relation avec Ehaël. Je ne racontais pas ma vie amoureuse à beaucoup de gens. Ehaël commençait vraiment à me manquer. Dans 2 mois après l'avoir vu, j'ai subi les examens du baccalauréat. J'ai fait la moitié de ce que je pouvais faire. Je ne révisais pas trop les maths, ce qui n'était pas bénéfique pour moi. De toute façon, j'ai su que j'allais réussir. C'étaient les vacances d'été! Ehaël prenait du plaisir à m'appeler sur le portable de ses amis presque chaque semaine. Je n'aimais pas l'idée de partager mon numéro de la sorte mais j'étais contente de pouvoir lui parler. Le mois suivant, il ne m'appelait plus chaque semaine mais de préférence chaque mois. Il était en vacance pourtant. En plus il pouvait acheter un portable mais il ne voulait pas. Ou du moins, il en avait un mais il me faisait croire que c'était pour ses amis. Quelques mois plus tard, il m'appelait à chaque trimestre pour ensuite ne plus m'appeler. Il disparaissait et revenait de temps en temps. Notre relation n'était plus stable. Elle était devenue pathétique. Je commençais à en avoir marre. Je voulais tout arrêter mais tout au fond de moi résonnait cette pensée: Si tu veux quelque chose, bats toi pour l'avoir. Je ne voulais pas prendre la fuite cette fois, je voulais me battre pour lui parce que je le voulais. C'était la chose que je voulais le plus au monde. Donc, je m'accrochais malgré moi, à cet amour sans lendemain. Cependant, je devais prendre une pause et cesser de penser à comment je vais continuer à résister à tout ça pour préparer mes études universitaires. Je n'étais pas trop tendue car un oncle m'avait promis de me donner une bourse d'études pour les USA. Je savais que ma bourse m'attendait donc je restais à jouer jusqu'à ce qu' il m'a écrit pour me dire qu'il était désolé. Il ne trouvait pas de bourses pour cette année et qu'il accomplirait sa promesse l'année prochaine. J'étais déçue mais j'étais naïve de croire que c'étaient aux gens de préparer mon avenir. Je continuais à lui croire et à faire tout ce qu'il me demandait malgré tout. J'ai dû rentré à port au prince pour me faire inscrire à l'Université d'État d'Haïti (UEH) en médecine. C'était ce que je voulais devenir, un médecin. J'étais restée chez une tante et son mari, ces deux là étaient dans le domaine médical. Ma tante, infirmière et son mari, médecin. Ils m'ont donné 5 livres très volumineux pour mémoriser en une semaine. J'avais le vertige même en regardant ces livres. Je ne savais pas quel saint appeler. J'étais dans la merde. Puisque la physiologie était ma préférée à l'école classique, j'ai donc commencé avec elle. Ces notions étaient quasiment différentes, je ne comprenais rien. Je ne pouvais pas mémoriser une chose que je comprenais pas. Donc j'ai passé une semaine à faire semblant d'étudier. Je restais à jouer au basket et au football avec mon cousin préféré Kiki. Je savais que je n'allais pas réussir le concours d'admission. Au concours, j'ai fait ce que je pouvais. Et de retour, j'ai dit à tout le monde que je n'allais pas réussir et que c'était quoi l'étape suivante. Mon sacré oncle m'a demandé d'attendre les résultats et après il me dirait quoi faire. Je suis donc retournée à jacmel. Après un mois, j'ai officiellement appris que j'ai échoué. Je n'étais ni triste ni déçue. Je continuais tout simplement à suivre les ordres de mon adorable tonton en qui ma mère avait une confiance aveugle. Il m'a demandé de m'inscrire dans un centre professionnel et d'opter pour une étude d'un an. Puisque Schamma s'est inscrite dans un centre professionnel j'ai donc suivi ses pas. Après tout, elle allait me motiver parce que je ne me retrouvais pas vraiment dans ce domaine. Après tout, c'était pour un an. Je n'allais pas mourir. Je me suis inscrite au CFTPND (Centre de Formation Technique et Professionnelle Notre Dame)  à l'UDERS de Jacmel. J'ai opté pour l'Assistance Administrative. Au début je me sentais mal, même les professeurs pouvaient le remarquer. Pendant la première semaine des cours, ils nous ont demandé pourquoi nous avons opté pour cette option. J'ai répondu que c'était parce que je ne voulais pas rester à la maison et faire des trucs de ménages. Après l'examen d'intra de la première session, je commençais à m'adapter. Pendant que tout cela se passait dans ma vie, Ehaël était toujours ancrée en moi. Il faisait partie de ma vie. Je l'entendais plus mais rien n'a changé. Mes sentiments étaient restés intacts. Tout ça parce que je mettais toujours en tête que Ehaël m'aimait. J'en étais même persuadée. Je lui faisais confiance. C'était absurde mais un mystère a toujours été un mystère. Qu'est ce que je pouvais faire? Il était en philo, c'était à son tour de préparer le bacc. J'étais plus libre. J'ai laissé les soeurs. Elles étaient déçues parce que je n'avais pas choisi de suivre leur courant. Je leur avais demandé du temps.

BriséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant