Scorpius est mort dans la nuit du 31 décembre au 1er janvier.
Peu après que nous soyons rentrés au manoir, il m'a tenue la main dans sa chambre, les yeux mi-clos et le souffle court. Son teint était pale, ses lèvres presque bleues et jamais je n'oublierais le mouvement de sa cage thoracique peiner à se soulever au rythme de sa respiration. Il venait de terminer une crise, son visage enfoui dans mon cou jusqu'à ce qu'il prenne la parole.
-C'est fini papa, c'est fini.
J'ai cru qu'il parlait de sa douleur, mais avec du recul je crois que c'était de la mienne. Du haut de ses cinq ans c'était si innocent de penser que c'était lui qui me faisait mal alors que pendant tout ce temps, c'était son absence ou du moins le fait qu'il ne puisse jamais faire tout ce qu'il souhaitait, à cause de ça, ses crises omniprésentes.
Sur le moment je n'ai donc pas réagi à sa phrase, me contenant de sourire idiotement car je pensais qu'il allait mieux, en caressant ses cheveux blonds qui sentaient toujours aussi divinement bons. Son visage enfantin s'est tourné vers la fenêtre, où dehors éclataient différents feux d'artifices dans les villages voisins, assez loin. Avec émerveillement il s'est installé sur mes jambes pour les regarder, blottit dans mes bras comme si j'étais l'endroit le plus confortable au monde.
-Maman aimait beaucoup en faire des étincelles comme ça... Il prononce faiblement de sa voix cassée.
Je me suis arrêté de caresser ses cheveux le temps d'un instant pour tendre le bras et prendre ma baguette. D'un geste adroit je l'ai agité, provoquant grâce à un sort informulé une ribambelle de petites étincelles colorées dans sa chambre qui se sont mis à courir partout et exploser. On a ri ensemble, doucement, comme si faire trop de bruit allait le casser et je me suis arrêté lorsque je l'ai senti se fatiguer de s'être redresser pour admirer le spectacle. Il est retombé dans mes bras, gardant ce fameux sourire aux lèvres et toussant, encore.
- Ça faisait longtemps qu'on n'en avait pas fait. Je commente en reprenant mes gestes tendres, mes caresses, le visage tourné vers lui.
- Mais tu te rends compte papa comme c'est beau la vie? Toutes ces couleurs, tous ces trucs marrants et les câlins, tout l'amour qu'on reçoit et qu'on donne... Moi j'adore beaucoup!
Le rictus que j'avais aux lèvres s'est évanouie au fur et à mesure de ses paroles et de sa voix qui déclinait malgré son enthousiasme indéniable. Personne ne fêtait le nouvel an au manoir, personne ne criait de joie de changer d'année, de s'embrasser et de festoyer entre amis, d'être heureux de ce qu'on a et des gens qui nous entourent. Tout était silencieux à moins que ce ne soit moi qui n'entendait plus que Scorpius et sa sagesse digne des plus grands. Combien de leçon de moral m'a-t-il fait ces dernières années, sur l'amour, mes relations notamment... Je le revois me demander comment était mon premier amour ou bien mieux ce que c'est d'être amoureux, qu'il fallait pardonner, s'il pouvait jouer avec les enfants même s'ils sont différents de lui, s'il avait le droit de proposer ses gâteaux à Sainte Mangouste aux guérisseurs qui avaient l'air fatigués. Il s'amusait d'un rien, allant du tour de magie aux dinosaures en plastiques ou aux jeux de super-héros...
Il ne méritait pas ça, il ne méritait pas d'aimer autant la vie pour la quitter si tôt. Il rendait celles de son entourage plus belles, plus douces et joyeuses. Jamais il ne se plaignait, les choses semblait si simples, si honnêtes, si pures.
- C'est toi qui rends la vie si merveilleuse Scorpius.
Son regard brillait, rivé vers moi comme si plus rien d'autre n'existait. Il a pris ma main et la posé contre son cœur qui battait si lentement, essayant de garder le sourire jusqu'au bout.
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Illusion - Authentique T2 (Dramione)
FanfictionPlongez dans l'univers de Drago Malefoy, cinq ans après la fin de Poudlard et sa relation avec Hermione Granger. Il lui avait dit qu'il aimerait que leurs chemins se croisent à nouveau, et si les circonstances leur laissaient une nouvelle chance de...