Chapitre 3

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Le lendemain, Stiles se réveilla en sursaut. Dehors, la lumière était pâle, signe qu'il était encore tôt, et un froid glacial lui avait endolori le nez et les pieds. Le feu s'était éteint dans la nuit. Encore.

Grommelant, agacé, il remonta ses jambes contre son torse puis engouffra sa tête sous les couvertures. Immédiatement, la chaleur de son corps lui fit du bien.

Des coups répétés à la porte le firent sursauter encore une fois. Oui, c'était ça qui l'avait réveillé, il s'en rappelait maintenant. Il sortit la tête des couvertures, complètement ébouriffé puis resta à l'écoute, sans bouger. Il sentait son cœur cogner fort contre sa poitrine, sans trop en connaître la raison.

Puis il entendit des pas lourds et se redressa totalement. Malgré l'épais pyjama qu'il portait le froid l'agressa dès que les couvertures glissèrent sur son torse. Il serra les dents en sifflant puis dressa l'oreille. Les pas s'éloignaient, passaient derrière la maison. Silence. Les sourcils froncés, Stiles s'enveloppa de la pelisse et sortit du lit en claquant des dents. C'est alors que les coups, forts, commencèrent. Il se figea et écouta encore avant d'entendre le bruit caractéristique du métal fendant le bois, puis soupira. Il avait pourtant bien dit à Laura qu'il n'était pas nécessaire de déranger son frère !

Les paupières encore lourdes de sommeil il se gratta la tête en bâillant. Il allait avoir besoin de se laver les cheveux. Il soupira encore. Les coups de hache continuaient. Et s'il proposait du café à son visiteur ? Ce serait sans doute la moindre des choses. Allumer la gazinière et faire chauffer de l'eau lui prit en tout une bonne dizaine de minutes, temps qu'il utilisa pour s'habiller et se débarbouiller le visage avant de préparer le breuvage.

Dehors, un vent cinglant le frappa violemment, mettant le bordel à ses cheveux et il retint son souffle, en équilibre dans la boue avec une tasse dans chaque main.

— Merde ! lança-t-il entre deux claquements de dents. La température a baissé de vingt degrés ou quoi ?

Il contourna la cabane en prenant bien soin de ne pas se ramasser lamentablement dans la boue, puis s'arrêta, la bouche entrouverte de surprise. Un homme en tee-shirt – en tee-shirt par ce froid, bordel ! – lui tournait le dos, la hache à la main. Pour le moment, tout ce que Stiles voyait de lui, c'était les muscles de son dos qui roulaient sous le vêtement et la masse ondulée de ses cheveux noirs, et pourtant le désir pulsa immédiatement dans son ventre. Comprenez-le, il était un jeune bisexuel de vingt-deux ans qui n'avait plus rien fait avec personne, hormis sa main droite – si tant est qu'une main puisse être qualifiée de « personne » - depuis qu'il avait quitté New York pour retourner à Beacon Hills. En gros, il était en manque quoi.

L'homme se retourna et darda sur lui d'incroyables yeux gris qui firent bondir le cœur de Stiles. Une barbe noire et drue lui mangeait la moitié du visage, pas rasée depuis des semaines semble-t-il, pourtant il devina dessous des traits durs et carrés. Ils se regardèrent ainsi un petit moment, jusqu'à ce que Stiles tente maladroitement un :

— Euh...

D'un brusque mouvement d'épaule, l'homme releva la hache pour la pointer sur lui et Stiles fit, malgré lui, un pas en arrière, surpris.

— Faut pas la laisser dehors, grogna son visiteur. Sinon le métal peut rouiller, faut la rentrer.

Stiles cligna des yeux tout en regardant la hache avec l'impression d'être un parfait idiot. Effectivement, à bien y repenser, il avait trouvé l'outil dans la remise le premier jour mais ne l'y avait pas remise après sa première tentative contre des buches.

— Ah oui ! déclara-t-il d'un air contrit. Oui, d'accord. Euh... je vous ai fait du café.

L'homme fronça les sourcils et abaissa la hache en le fixant intensément, comme s'il s'attendait à le voir lui balancer la tasse en plein visage.

AlaskaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant