Chapitre 4

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Plusieurs jours s'écoulèrent avant que Stiles ait de nouveau de la visite. Encore une fois, ce fut Laura.

— Toi, ça fait un moment que t'es pas sorti, je me trompe ? lui demanda la jeune femme.

— En même temps c'est un peu pour ça que je suis venu jusqu'ici, répondit Stiles avec un sourire. M'isoler.

— T'isoler ? Quelle drôle d'idée. Allez viens, je t'emmène faire un tour chez moi.

— Je ne voudrais pas déranger...

— Puisque je t'invite. Ça te dit de m'aider à graisser les pattes de mes chiens ?

— Euh...

Et ils se mirent en route. Il leur fallut tout de même un quart d'heure avant d'atteindre leur destination, malgré que les deux maisons soient très proches. Une fois sur place, Stiles descendit de voiture et ouvrit grand les yeux lorsqu'il réalisa à quel point il s'était isolé dans un endroit peu confortable.

La maison de Laura était identifiable à un petit chalet fait d'un bois brut et poncé dans lequel s'encastraient parfaitement trois fenêtres et une porte solide – à n'en pas douter aucun courant d'air ne passait par là, comparé à chez lui. La toiture semblait neuve, comme les trois marches devant l'entrée, et une antenne satellite pointait fièrement vers le ciel.

Tout en refermant les pans de son épais blouson autour de lui, Stiles sourit, trouvant pour le moins étrange la présence de ce chalet qui semblait chaleureux au milieu de ce paysage qui paraissait si hostile. Car, si sa propre cabane se trouvait en lisière de la forêt, avec quelques arbres à seulement une vingtaine de mètres, la maison de Laura semblait avoir été déposée là par un géant facétieux, au milieu de la plaine, exposée au vent, entourée de filets de rivière qui gonflaient durant le dégel.

— T'inquiète pas, ils mordent pas ! s'amusa Laura, taquine. Ils seront surpris de voir une nouvelle tête, mais tu deviendras vite leur grand pote !

Un instant, Stiles ne comprit pas ce dont lui parlait la jeune femme, puis il entendit les aboiements furieux qui résonnaient, pourtant très audibles.

— Ils ont l'air bien excité, déclara-t-il.

— Ils deviennent hystériques dès qu'un oiseau pète, grogna Laura avant de lui demander énergiquement : t'as pas peur des chiens ou moins ?

— Normalement non.

Il suivit la jeune femme et ils passèrent derrière la maison. Là, il fut de nouveau stupéfait de découvrir une véritable installation faite de clôtures hautes et de niches par dizaine avec, à l'intérieur, tout autant de chien aussi volumineux et hirsute que des oursons. Ils étaient pour la plupart noir et blanc mais certains arboraient un magnifique pelage roux tandis qu'un autre était entièrement blanc. Ils aboyaient tous en cœur en remuant fébrilement leur queue en panache qui formait une boucle parfaite et venait toucher leur échine ; certains sautillaient, d'autres bondissaient comme des kangourous, apparemment ravis du retour de leur maîtresse. À quelques mètres de ses enclos se dressaient une sorte de grange pas très haute mais toute en longueur faite du même bois que la maison.

— Tu en as beaucoup ! lança Stiles, étonné et ravi.

— J'ai de quoi faire deux grands attelages, sans compter ceux qui sont à la retraite et les plus jeunes. Et j'attends une portée de chiot d'ici trois semaines.

Stiles sourit et, incapable de s'en empêcher, dit :

— On dirait pas, t'es mince comme tout.

Laura éclata de rire et ses chiens devinrent plus fous encore. L'un d'eux se mit à tourner sur lui-même à une vitesse étonnante en un cercle parfait.

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