Chapitre 9

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Tout de même, il devait bien reconnaitre que ce steak d'élan était succulent, il n'avait d'ailleurs pas manqué de le faire remarquer à Derek. Le compliment n'avait pas semblé lui faire grand-chose sur le moment mais l'après-midi passant il s'était adouci et avait fait preuve de plus de gentillesse. Après ce copieux repas comportant, en plus de la viande, une salade de chèvre chaud et des spaghettis que ses invités avaient préparé avec de la ratatouille en conserve, Stiles avait l'impression de peser trois tonnes, ce qui lui fit prendre conscience que Derek n'avait pas tout à fait tort : il ne se nourrissait pas convenablement. En fait, il n'avait rien changé à son alimentation, il mangeait comme il l'avait toujours fait jusqu'ici, raisonnablement mais suffisamment. L'ennui c'est que cela ne suffisait apparemment pas pour cette région et il maigrissait plus qu'il ne l'aurait cru. Il allait avoir besoin de bien plus de denrées s'il ne voulait pas dépérir durant l'hiver.

L'ennui c'est qu'à présent il y avait Amarok, se rendre en ville s'avérait donc plus délicat que prévu. Grâce à ce que lui avaient rapporté Laura et Derek de leur chasse il allait pouvoir se sustenter convenablement durant quelques jours, mais il lui faudrait tout de même retourner à Noatak faire des achats supplémentaires avant que les routes ne soient totalement bloquées à cause de la neige.

Après que ses invités furent partis à la nuit tombée, Stiles se consacra au chiot à qui il fit boire un biberon entier de lait avant de le câliner un moment en souriant. Il lui avait paru évident que la petite créature se portait bien, mais que Laura le confirme l'avait rassuré.

Une fois l'animal endormi, il prit soin de l'emmitoufler convenablement avant de le déposer au creux de son nid de fourrure afin d'être sûr qu'il ne bouge pas trop, puis s'habilla chaudement à son tour et sortit, son seau en main. Il dut lutter contre la porte un moment avant de parvenir à l'ouvrir tant le bois était gonflé d'humidité, et préféra alors ne pas la fermer complètement de peur d'avoir trop de mal à la rouvrir en revenant. De toute façon il ne partait que le temps de quelques minutes.

L'ennui avec la glace, c'est qu'elle était volumineuse. Il pouvait remplir son seau à ras-bord de morceaux entiers, à la fin il se retrouvait toujours avec beaucoup moins d'eau que prévu et il ne voulait pas déjà entamer ses bouteilles alors qu'il avait toujours accès à la rivière en contrebas, bien que cette dernière soit entièrement gelée. La cuisine, puis la vaisselle et enfin le café pour trois personnes avaient totalement vidé les réserves qu'il avait faites le matin-même bien que Laura lui en ait rapporté par la suite. Il se rendit donc près de la rivière à la nuit tombante, armé de son seau et d'un petit marteau pour pouvoir facilement briser la glace.

Il avait déjà constaté que, lorsque le soleil se couchait, tout changeait. Le silence invoqué par la neige qui assourdissait absolument tout devenait plus profond encore. Toutefois, ce qui le surprenait le plus, c'était l'odeur dans l'air. En pleine journée, les arbres non loin de sa cabane diffusait une intense fragrance de sève et de bois grâce aux rayons du soleil qui les réchauffait, mais la nuit il n'y avait plus que celle, assez terrifiante, du froid tenace.

Frissonnant, Stiles rentra la tête dans les épaules et avança. Il était frigorifié alors qu'il n'y avait même pas de vent. Il se dépêcha de remplir son seau avant de faire demi-tour. En chemin, il prit tout de même le temps de lever un peu les yeux. Le ciel, déjà très sombre à l'est, rougeoyait encore à l'ouest, nimbant la neige de rouge et d'orange. Stiles prit une grande inspiration et c'est là, au milieu du paysage, qu'il se souvint du baiser que lui avait donné Derek. Enfin, si tant est qu'il puisse appeler ça un baiser.

Laura ayant toujours été présente avec eux il n'y avait plus eu aucun rapprochement. Stiles en était arrivé à se demander si ce qu'il s'était passé n'avait pas plutôt été un accident. Tout de même, il avait reculé et Derek était revenu vers lui pour l'embrasser non ?

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