Deux jours plus tard, un matin très tôt, Derek, Stiles et Jolan étaient à nouveau réunis. Cette fois, ils se trouvaient non pas dans le salon de la cabane mais juste à l'entrée de la forêt, là où les arbres devenaient suffisamment nombreux pour qu'ils puissent se cacher.
— Et si jamais tu te perds, tu klaxonnes trois fois, déclara rudement Derek.
— Ça va, je ne suis pas totalement débile non plus, il suffit de suivre la route.
Un grognement suivit sa remarque.
— Si je ne t'ai pas rejoint à la voiture deux heures après ton arrivée, tu rebrousses chemin.
Stiles enroula la carte sur laquelle son itinéraire était tout tracé, une moue agacée plaquée sur son visage parcouru de grains de beauté, acquiesçant en silence.
Le plan était simple : il allait longer les bois par la route jusqu'au point de rendez-vous qu'ils s'étaient fixés cinquante kilomètres plus haut puis attendre. Derek, pour sa part, devrait parcourir cette distance sous sa forme de loup tout en faisant en sorte que Nushka le suive. Pour s'en assurer, Jolan avait habilement rebouché, quelques heures plus tôt, le terrier qu'elle s'était creusé.
— Tu sais, je peux tout aussi bien essayer de te retrouver, tenta tout de même Stiles, si c'est sur une ligne de trappe je devrais pouvoir y arriver.
— Non, répondit catégoriquement Derek en enfilant son manteau de fourrure. Tu restes sur place et tu !
Il fut incapable de terminer sa phrase. Son corps se raidit avec un craquement terrible et les poils du vêtement doublèrent instantanément de volume avant de s'étendre, d'abord sur son visage, puis sur son torse, avant de le recouvrir totalement. Il tomba au sol avec un grognement qui n'avait déjà plus grand-chose d'humain.
Stiles, qui n'avait jamais vraiment supporté de voir ça, ferma instinctivement les yeux. Quand les gémissements et les grondements cessèrent, il les rouvrit. Un énorme loup noir se tenait à la place de Derek, haletant, les pattes tremblantes. Une poigne sur son bras le fit sursauter et il se retourna.
— Recule doucement, lui conseilla Jolan dans un murmure. La transformation a été très brutale, le loup peut être désorienté.
L'animal tenta de se lever mais il s'écroula aussitôt avec un couinement douloureux. Il respirait très vite et incroyablement fort, la langue pendante, comme s'il cherchait son air. Stiles fit un pas en avant.
Le vieil homme tenta bien de l'en empêcher mais l'autre se déroba et il n'insista pas, de peur de faire trop de bruit.
Stiles avait déjà assisté à ce genre de scène et jamais il n'en avait vu qui soit aussi violente. Comme si le loup avait hâte de pouvoir enfin s'exprimer après l'échec précédent, lorsque la volonté humaine de Derek l'avait empêché d'apparaître.
Il s'accroupit lentement, serrant contre lui les vêtements de son compagnon, et tendit une main qui ne tremblait pas. Ses doigts plongèrent dans les poils épais. Ils étaient chauds et rêches.
Immédiatement, le loup tourna la tête. Ses mâchoires claquèrent à quelques centimètres seulement de son bras mais il ne bougea pas malgré sa surprise. Leurs yeux se croisèrent. Ceux de la bête étaient d'un bleu irréel et intense, ce qui le ramena des années en arrière, la première fois qu'il avait croisé ce regard. Cette nuit-là, Derek lui avait sauvé la vie.
Un frisson le parcourut. L'animal émit tout à coup un petit gémissement plaintif et approcha son long museau fin pour renifler son bras, là où il avait failli le mordre. Est-ce qu'il s'assurait ainsi qu'il ne l'avait pas blessé ?
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Alaska
ParanormalQui n'a jamais rêvé de tout plaquer et de partir loin, ailleurs, seul ? Par exemple, enfermé dans une cabane au milieu de nulle part, pourquoi pas ? Stiles l'a fait ! Malgré des études dans lesquelles il excellait et une nouvelle vie à New York, un...