Chapitre 11

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Stiles n'avait pas le souvenir d'avoir eu autant chaud dans ce lit depuis qu'il était ici. La température sous les couvertures était tellement confortable qu'il refusa de bouger les pieds de peur que le reste soit glacé. Les yeux toujours clos, le nez sous les fourrures, il poussa un petit soupir de bienêtre. Des mois qu'il se réveillait dans le froid car il n'arrivait toujours pas à prendre l'habitude de se lever dans la nuit pour nourrir le feu, or là il avait chaud, il était bien, reposé et détendu.

Lorsqu'il fut assez réveillé pour sentir la présence dans son dos, il se souvint que Derek avait passé la nuit avec lui et ouvrit instantanément les yeux. La pâle lumière orangée de l'aube lui fit plisser les paupières et son cœur s'emballa un instant. Épuisés l'un comme l'autre, ils s'étaient couchés et presque instantanément endormi après avoir dévoré les steaks d'élan qui avaient eu le temps de décongeler pendant qu'ils faisaient l'amour pour la troisième fois de la journée. À voir l'éclat du jour qui lui parvenait depuis la fenêtre, il avait dormi une bonne dizaine d'heures et n'avait pas souvenir de s'être réveillé une seule fois. C'était Derek qui avait très certainement veillé à ce que le feu de la cheminée ne s'éteigne pas.

Lentement, Stiles se retourna. Son compagnon dormait à poings fermés, détendu. En fait, c'était la première fois qu'il voyait son visage ainsi, sans que les sourcils ne soient froncés. Il sourit, attendri, avant de s'envoyer une claque mentale. Et puis quoi encore ? Un bisou sur le nez ?

Il s'extirpa du lit aussi lentement et silencieusement que possible puis quitta la chambre rapidement après avoir enfilé des vêtements chauds. Dans l'autre pièce, il mit une petite bûche dans la cheminée et se prépara un café en prenant garde à ne pas faire trop de bruits. Non seulement il comprenait que Derek ait besoin de sommeil après avoir crapahuté des heures hier soir dans la neige, mais en plus il ne tenait pas forcément à ce qu'ils partagent ensemble le petit déjeuner. Trop gênant.

Après avoir bu son café – dans lequel il ne versa pas une seule goutte d'alcool – et mangé un peu de céréales dont il laissait le paquet au-dessus de la cuisinière, il s'habilla chaudement, sans oublier, cette fois, les gants et le bonnet, puis ouvrit la porte. Il cligna des paupières, stupéfait. Un bon mètre de neige dure se dressait devant lui, poussé contre l'entrée par le vent qu'il avait entendu souffler avant de s'endormir. Déterminé, il s'arma de courage, prit la petite pelle dont il se servait pour récolter les cendres de la cheminée et entreprit de déblayer tout ça en faisant attention à en pousser un maximum vers l'extérieur. Quelques gros morceaux de poudreuse tombèrent sur son plancher mais, dans l'ensemble, il se débrouilla assez bien.

Satisfait, il prit les deux seaux qu'il gardait toujours près de la porte, sortit, les reposa, ferma convenablement derrière lui, et se mit en route.

Dès que ses pieds commencèrent à crisser sur cette nouvelle couche de neige, il sourit. Il adorait ce bruit. Il bougea la tête afin de sortir son nez de l'écharpe et prit une grande inspiration qui lui glaça les poumons. Ça sentait le frais et la sève des arbres ; pas d'odeurs de pollution ni de poubelle ou de fast-food. Juste celle de l'air, de la forêt et de l'hiver. Il ne sut qu'il était parvenu au mince filet de rivière que lorsqu'il glissa sur la glace recouverte d'une petite couche de neige. Tout était tellement lisse et uniformément blanc autour de lui qu'il ne l'avait pas vu. Ne tenant debout que par miracle, il se stabilisa en poussant un soupir de soulagement. Avec le temps, il avait appris à éviter les chutes.

Remontant son écharpe, il s'accroupit, sortit son petit marteau de l'un des seaux et entreprit de casser quelques morceaux de glace. Les bruits qui en résultèrent lui parurent étonnamment forts à ses oreilles au milieu de ce silence hivernal. Récolter suffisamment d'eau gelée pour ses deux seaux lui prit plusieurs minutes, il termina cette entreprise en sueur sous ses vêtements et essoufflé par l'effort tant c'était solide.

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