Chapitre 5

147 14 4
                                    

Eresrian se mit à trembler en les voyant partir. Il avait peur de rester seul avec elle. Peur de la blesser. Peur que cette folie le reprenne. Elle fit un pas vers lui et il recula autant. Il n'osait pas la regarder. Il avait honte. Il entendit sa lame retourner dans son fourreau avant que sa voix ne résonne avec gentillesse.

Luinil : « Eresrian... »

Eresrian : « Je suis dangereux. Ne vous approchez pas. »

Il abaissa le visage et continua de reculer à mesure qu'elle approchait. Son dos effleura le mur et il sursauta, se sentant comme prit au piège. Elle se stoppa et il baissa davantage le visage.

Luinil : « Regardes moi. »

Il mima un non de sa tête, gardant le visage rivé vers le sol. Elle s'approcha un peu plus et tendit le bras. Il ferma les yeux, croyant se prendre une raclé, qu'il aurait mérité, seulement, c'est une caresse, douce, qui lui effleura la joue et qui lui arracha un nouveau tremblement. Il la fixa avec stupeur alors qu'elle retira lentement sa main de sa joue.

Ses jambes flanchèrent et ses genoux heurtèrent le sol. Des larmes noyèrent ses yeux et longèrent ses joues tandis qu'il fixait de nouveau ce sol contre lequel se crispa ses doigts.

Eresrian : « Je suis dangereux... Je les ai abandonnés... Ils m'ont crié de partir. De partir sans eux. J'ai honte. J'aurais dû rester. J'aurais dû mourir avec eux. »

Sa voix se nouait de la peine qu'il évacuait enfin. Luinil l'observa continuer à déverser ses remords, conter ses souvenirs douloureux en désordre de longues minutes. Elle reconstituait le puzzle de son histoire. En le sentant se calmer légèrement, elle finit par s'agenouiller devant lui. Il tressaillit de nouveau en sentant sa main sur sa joue. Il n'était pas habitué à tant de douceur. Il se refusa à relever le visage, il dû toutefois s'y résoudre lorsqu'elle l'y contraint en glissant ses doigts sous son menton et tirant doucement.

Luinil : « Ils ont agis pour te protéger. Ils savaient que c'était la seule solution, ils étaient déjà condamnés. Pas toi. Tu avais encore une chance de t'en sortir. Ils ont fait ce que des personnes sensées demanderaient à quelqu'un à qui ils tiennent. Et tu as agi comme il fallait. Si tu étais mort là-bas, tu ne serais pas aujourd'hui, ici, avec nous. Et tu n'aurais pas une chance de te mettre aux services de tes convictions. »

Elle posa ses deux mains sur ses joues et passa ses pouces pour essuyer les traces que les dernières larmes avaient laissées.

Luinil : « Tu dois maintenant te relever et avancer. Ils t'ont demandé de continuer. Fais-le. Pour eux, d'abord, si cela t'aide. Puis pour toi. »

Alors qu'il rabaissa le visage, elle s'approcha un peu plus, passant ses bras autour de lui. Un frisson le longea mais ce fut comme si un poids sur son cœur venait de s'ôter. Timidement, il passa ses mains tremblantes autour d'elle et la serra contre lui. L'elfine resserra son étreinte, le laissant se cacher dans son cou. Il resserra son emprise, serrant cette chaleur qui lui apportait tant de réconfort un peu plus fort, peut-être trop fort, seulement il avait besoin de la sentir contre lui. Il ne sut combien de temps ils restèrent ainsi, cela lui parut long et en même temps pas assez.

Luinil : « Eresrian... »

L'entendre chuchoter son nom le ramena à lui et il la lâcha, mal à l'aise de ce geste, tandis qu'elle se leva.

Luinil : « Relèves-toi. Ohtar et Olorin doivent être inquiet, va les voir. »

Eresrian : « Comment pourrais-je ? »

Luinil : « Ils savent que ce n'était pas toi. »

L'elfe se releva et la suivit, restant caché derrière elle, ils les retrouvèrent un peu plus loin. Eresrian se sentit d'autant plus coupable lorsqu'il vit les plaies qu'il avait causées à son ami. Olorin s'approcha le premier alors que l'elfine se mit sur le côté. Eresrian se raidit mais pour la première fois, cette claque derrière la tête lui parut bien amicale. Il fixa le capitaine puis Ohtar.

LuinilOù les histoires vivent. Découvrez maintenant