Malu - IV

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Après le massacre que j'avais commis, je fuis le palais. Il faisait nuit et malgré la lumière de la pleine lune, j'arrivais à ne pas me faire remarquer. On écoutait les gens s'amusant lors des Saturnales. Ces fêtes se déroulent une semaine avant le solstice d'hiver. On célèbre le dieu Saturne alias Cronos chez les Grecs. Je ne devais surtout pas me faire voir. On apprécierai sûrement pas qu'une femme remplie de sang et disposant de la marque des Garanties, gâche la fête. Seules les Garanties disposaient de cette marque, c'était un tatouage. Un chiffre, le XCIX pour moi. C'était fait pour bien montrer que nous ne serons jamais au même niveau que les Prodiges. Je ne savais pas où aller, je ne pouvais pas retourner chez moi, dans ma chambre du dortoir de l'Ordre. J'étais couverte de sang, trempée jusqu'aux os par la pluie battante. Il me restait qu'un seul endroit. C'était interdit d'y aller en dehors des cérémonies officielles. Notre bosquet sacré. Lieu où fut un temps Athéna en personne venait parler à ses fidèles.

Près de 826 ans que plus personne ne pouvait se vanter de l'avoir vue. D'après la légende, elle aurait été tué par un Archange du nom d'Ouriel. Personnellement, je ne croyais pas en ce nouveau culte et son dieu unique. Je n'étais même pas sûr de croire réellement aux dieux. Même Athéna. Les monstres, oui mais les dieux, cela me semblait improbable. Je finis par arriver à l'entrée du bosquet. L'Olivier se tenant fièrement au centre. Les feuilles de l'arbre virevoltant, dans un fabuleux ballet de couleurs automnales, autour d'une chouette blanche posée avec fierté sur une de ses branches. Elle me fixait du regard. La vision était féerique.

J'allai au pied de l'Olivier, la chouette me suivant de ses yeux perçants tout au long de ma marche. À bout de force, je m'effondra en larmes. Pourquoi ? Pourquoi moi ? J'avais massacré une vingtaine de personnes. Les enfants, je revoyais leurs visages après ma reprise de conscience. Cette image sera gravée à jamais dans ma mémoire. Mon âme sera entachée pour l'éternité. Le loup ricana. Cela semblait l'amuser. Des enfants, innocents, pas en âge pour faire un quelconque mal encore.

D'un coup, après le hululement de la chouette, je sentis une main sur mon épaule. Je sursauta et tourna ma tête vers sa propriétaire. Elle, car c'était bien une femme derrière moi. Une femme magnifiquement belle, la peau de sa main douce et laiteuse comme le reste de son corps. Sa robe blanche ornée d'un corset de maille, laissait entrevoir ses formes. Ses cheveux châtains coulaient comme des vagues jusqu'aux creux de ses reins. Et ses yeux d'un gris glacial, intimidants me fixaient, me rappelant vaguement la chouette sur l'Olivier. Qui n'était plus sur la branche, la chouette s'était envolée.

- Sèche tes larmes, Kaelia.

- Mais ... Comment connaissez-vous mon nom ?

Cette femme, de part son visage impassible, m'intimidait. J'avais la sensation, étrange, qu'elle n'était pas n'importe qui. Cette femme était importante.

- Je sais beaucoup de choses sur toi, Kaelia. Mais toi, sais-tu pourquoi tu es ici ?

- Je voulais me réfugier, me protéger.

- Non, tu es ici car tu as une quête à accomplir pour l'Ordre du Clair-Obscur. Tu es ici car c'est ta destinée.

Quelle destinée ? Ça n'existe pas ce genre d'histoire.

- Connais-tu l'histoire de l'ordre ? La véritable histoire ?

- Oui, l'Ordre est un groupe de sorciers intervenant auprès de la royauté et prônant la justice à Rome. Mais qui êtes-vous ? Faites-vous partie de l'Ordre ?

- On peut dire que oui, j'en fait partie. Mais avant de te dire qui je suis, je vais te raconter la vraie histoire de l'Ordre, celle que le commandant actuel s'amuse à cacher aux yeux de ses fidèles.

La voie du Clair-ObscurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant