La voie du Clair-Obscur

Amitiel - VII

L'Angleterre, pays riche en terre et en or, l'endroit rêvé pour un pillage. Les vikings rêvaient de cette terre promise depuis des années. On y était avec Olaf pour répondre à l'émissaire du Roi Aethelred « le malavisé ». Ce pays était exactement comme on me l'avait tant de fois décrit ! Olaf rêvait de s'y installer ou du moins posséder une terre ici. Il s 'était reconnu par ailleurs dans cette religion, le christianisme. Moi, non. Surtout depuis le massacre à Folgefonna, je ne croyais encore moins aux dieux, unique ou pas. Malgré tout ces efforts, je refusais de me convertir. Je resterai « impur » jusqu'à la fin mais au moins fidèle à moi-même.

Le roi Aethelred avait appris a bien aimer Olaf, malgré les raids vikings qui s'étaient intensifiés sous son règne. Quand il écouta parler d'Olaf, il voulut le rencontrer car celui-ci avait mené un raid conséquent et la victoire était sienne à plusieurs reprises. Malgré son jeune âge, le roi comprit qu'il devait s'allier à Olaf pour espérer la paix entre leurs deux mondes. Olaf, lui, menait ses raids uniquement dans le but d'arrêter la domination danoise en Norvège. Le roi versa un lourd tribu pour prouver sa volonté de paix à Olaf. Il promit des terres, au nord de l'Angleterre, aux vikings aussi. Notre Jarl accepta, il se fit baptiser et devint un véritable petit Anglais. Reniant tout de « nos » dieux païens, de notre héritage d'Arvid. Olaf épousa l'une d'entre eux et acquit un manoir avec domestiques. Je n'étais pas en accord avec ce qu'il était devenu. Quelque chose en lui commençait à me déranger. Il déshonorait Arvid selon moi.

Certes je n'étais vraiment pas croyant mais comme Arvid le disait, croyant ou pas, on se doit d'accepter et de respecter les croyances, les cultures de chacun car c'est ainsi que par nos différences qu'on acquière une plus grand force dans l'union. Comme le jour et la nuit, nos vies ne sont pas faites pour être semblables. Hors les chrétiens de cette époque voulaient que tous croient en leur dieu unique et Olaf le voulait aussi. On s'éloignait lentement mais sûrement, lui et moi. Je refusais les tenues qu'il me proposait, les femmes qu'il me présentait et tout l'or qu'il me donnait. Je ne renierai pas mon passé et mes opinions. Je me refusais cependant à le quitter, il restait mon Jarl et quoi qu'il arrive, je lui devais obéissance.

Un tremblement de terre me réveilla dans la grotte, Ariel à mes côtés. Je commençais à comprendre pourquoi on m'avait choisi. Simplement car j 'étais un serviteur dévoué corps et âme à un seul maître. J'étais esclave de ma loyauté à l'époque d'Olaf et on me demandait d'être esclave de nouveau mais d'un nouveau maître. Ariel me regarda avec compassion, pourquoi ? Elle était des leurs après tout. Elle me tendit une concoction qu'elle venait de faire infuser.

- Tu dois reprendre ton chemin dans ta quête de l'éveil. Rendors-toi.

Au point où j'en étais, je compris que je n'avais plus le choix. Je repartis abattu dans mon dernier souvenir. Celui juste avant ma mort, avant la dernière bataille de ma vie d'humain.

On était en Norvège, dans les Orcades. Olaf venait de fonder sa capitale, Nidaros à l'embouchure de la rivière Nid qui serpente avant de se jeter dans le fjord créant ainsi une péninsule facile à défendre. Cela avait été un bon choix d'Olaf. Mais son ambition, beaucoup moins. Il voulait gouverner l'ensemble de la Scandinavie et unir le peuple sous la même religion, le christianisme. Cela me déplaisait énormément. Tout ce qu'avait fait Olaf était contraire aux volontés de feu son oncle, Arvid. Du jarl le plus sage ayant existé. N'en pouvant plus, j'avais fini par parler à Olaf. Essayé de le raisonner, une dernière fois.

- Je ne peux plus te suivre. Lui disais-je.

- Pourquoi ? On va avoir un peuple unit comme Arvid et toi le désirait.

- Non, je t'avais prévenu... Tu ne respectes pas les volontés de paix et d'harmonie d'Arvid, tu apportes la guerre à ton pays.

- Il désirait le peuple unit, cela sera chose faite ! Il n'y a que la guerre pour unir un peuple ! Pour abattre toutes différences ! Sa voix se faisait irritée au fur et à mesure de ses paroles.