Amitiel - V

11 2 0
                                    

Trois jours que mon entraînement avait commencé, trois que l'entité me mettait à terre. Trois jours où je ne cessai de me relever de plus en plus épuisé.

L'entité m'avait révélé son nom, Ariel. Cela ne m'avançait guère mais cela me donnait l'illusion de m'être rapproché un peu d'elle. On combattait avec une épée; des fois je pouvais manier de nouveau la hache et le bouclier. Tout ceci avait pour but de me permettre d'accéder à mon éveil, de me permettre de contrôler mon essence, de profiter du pouvoir qu'ils m'avaient donné. La lumière des étoiles. Cela me semblait incongru mais je n'osais contrarier Ariel. Elle ou il était un peu soupe au lait. Trois jours sans quasiment parler. Trois jours sans pouvoir poser une seule question. Trois jours à juste s'exercer encore et encore, sans souffler. Le soir du troisième jour, Ariel me permit de me reposer. Considérant que j'avais suffisamment travailler. Je m'affala sur mon lit de fortune, ferma les yeux. Je m'imaginai sur une montagne, une montagne que j'avais énormément côtoyé étant petit, Trolltunga. Le lac, Ringedalsvatnet, en contrebas. Son eau, d'un bleu profond, m'apaisait. Je pouvais presque sentir le vent sur mon visage, la brise de l'eau. Une voix se fit entendre, Olaf ?

J'ouvris les yeux et me retrouva de nouveau dans la grotte. Ariel, devant le feu, regardait le ciel d'un air nostalgique que je ne lui connaissais pas. Je voulu lui demander mais je ne voulu la déranger dans ses pensées, peut importe quel genre c'était. Je referma les yeux, essayant de me rendormir. Car chose étrange, j'avais sommeil.

Mon esprit se mit de nouveau à vagabonder dans mes terres de Norvège. Olaf, mon ancien chef, était là. Se tenant fièrement debout, sur la langue du Troll, Trolltunga. La montagne que j'avais revu un peu plus tôt. D'ailleurs petite anecdote, on l'appelle comme ça, de part sa proéminence ressemblant à une langue. C'était Arvid qui me l'avait raconté. Olaf se tenait devant moi, le lac en contrebas. L'endroit était d'un calme serein. Je me rapprocha de lui mais l'image s'éloigna. La brume autour de moi s'épaississait au fur et à mesure que je me rapprochai. Quand d'un coup, je décida d'arrêter, la brume se dissipa. Je compris que je devais rester à regarder sagement. L'image devint plus net, stable. Olaf se retourna et je vis mon double, de 16ans, s'approcher de lui. Je me tenais droit et fier, comme me l'avait appris mon père. Ne jamais se laisser impressionner, comme me l'avait appris ma mère. Et toujours écouter sagement l'autre, comme me l'avait appris Arvid. Je rencontrais Olaf, le neveu d'Arvid, pour la seconde fois. Il n'était pas souvent là car celui-ci parcourait la Norvège pour son oncle. Il établissait des contacts avec les autres clans pour le commerce. Il apprenait au passage les uses et coutumes des autres et revenait à chaque fois plus instruit et plus adulte. Je le rencontrais car il voulait que je le rejoigne. Pourquoi pensai-je à ça ? Pourquoi mes souvenirs de ce moment revenaient? Le fil de ma vie avait l'air de vouloir s'écouler, défiler devant mes yeux. Et je ne pouvais qu'observer.

Je repensai à Ariel, à ce qu'elle m'avait dit plus tôt. L'éveil consistait à revoir tous les évènements marquants de notre vie, toute chose qui justifiait que Métatron, l'Archange, nous choisisse. Je m'éveillais, au bout de trois jours d'entraînement. Et cela nous permet de faire le deuil de notre vie d'avant, de débloquer nos vrais pouvoirs. L'image prenait place dans mon esprit aussi net que si j'étais présent.

Olaf se tenait, fier, devant moi. Sa hache gravée dans la main gauche. Mon Jarl Arvid, m'ayant adopté, était mort récemment. D'un maladie foudroyante. Sa mort m'avait profondément affecté. Il m'avait appris beaucoup, le respect de la vie, le travail de la terre, manger ce que l'on faisait pousser, le combat et la pêche. Il avait eu le rôle de père après la disparation du mien et il remplissait son rôle à la perfection. Il aimait m'emmener au lac Ringedalsvanet pour pêcher. Il me racontait l'histoire des dieux, son histoire favorite était celle du serpent-monde, Jörmungandr. Ce n'était pour moi que des histoires pour les enfants, des contes. Mais quand je l'écoutais, le monde s'arrêtait de tourner et mon esprit s'imaginait ses récits. Le serpent-monde, descendant du dieu fourbe, Loki, et d'une géante, Angrboda. Frère de Fenrir. Il entoure la terre, Midgard en se mordant la queue. Odin l'aurait jeter dans la mer encerclant Midgard peu après sa naissance, craignant pour la sécurité des dieux. Ceci fait, Jörmungandr grandit et finir par entourer la terre.

La voie du Clair-ObscurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant