Chapitre 29

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Je ressens une douleur à la tempe, un masque sur mon visage m'aide à respirer. Plusieurs machines bourdonnent à ma droite, tandis qu'à ma gauche, une poche de perfusion porte mon nom : *Olivio Ordóñez*.

Quelqu'un frappe à la porte.

Médecin :  Bonjour, Olivio. Vous vous sentez mieux ? 

Oli : Bonjour... Oui, mais qu'est-ce que je fais ici ? 

Médecin :Vous avez failli mourir en fumant du cannabis. 

Je ris nerveusement.

Oli : Vous plaisantez, j'espère. Je n'ai jamais touché à une cigarette de ma vie. 

Médecin : C'est ce que vous dites, jeune homme. Je reviens dans quelques minutes, une personne vous apportera votre repas. 

À peine le médecin avait-il quitté la pièce que la porte s'ouvrit de nouveau. Un garçon portant une casquette et des vêtements de la marque Visionnaire entra, avec un sourire soulagé. Il s'approcha de moi.

?:  Yo frérot, ça va mieux ? Tu nous as fait une de ces peurs... 

Oli  Frérot ? 

?: Bah ouais, tu veux que je t'appelle comment ? Ma poule ? 

Oli :  T'es qui ? 

Il me regarde, choqué.

?: Euh... Je suis Florian Ordóñez, mais tu peux m'appeler Flo'. Je suis ton frère. On fait du rap ensemble. 

Oli : Sérieux ? Quel genre de musique ? 

Florian : Du rap, enfin, du hip-hop. 

Oli : Ah, ok ! On est connus ? 

Florian :Hyper connus, mec ! Il y a au moins une centaine de comptes fans de nous sur Instagram ! 

Oli : Wow, j'espère que le public aime notre rap...

Florian sort son téléphone et met une chanson : *Bienvenue chez moi*. Plus les images défilent et plus le son emplit mes oreilles, plus je souris.

Oli : C'est vrai que c'est du bon rap ! 

Florian :Je peux te poser une question, Oli ? 

Oli : Vas-y ! 

Florian :Pourquoi t'as fait ça ? Pourquoi t'as fumé cette merde ?! 

Oli :Mais j'ai pas fumé !!! 

Florian :Si, tu l'as fait ! T'as demandé à un groupe de te filer un joint et après, t'es parti ! Arrête de mentir, Oli, putain ! 

Oli :Mais je me souviens de rien, putain !! 

Florian : Quoi ? 

Oli :J'ai perdu la mémoire ! 

Florian écarquille les yeux, choqué.

Florian : C'est pour ça que... tu ne te souvenais plus de mon prénom ? 

Oli : Ouais... 

Florian :Ça fait plus de trois semaines que t'es ici, Oli. Et notre mère a rechuté, elle a un autre cancer. 

Oli : Elle va bien ?! 

Florian : Oui, elle, au moins, elle n'a pas essayé de se suicider !! 

Oli : Ta gueule ! Tu sais même pas ce qui s'est passé !! 

Florian :T'en souviens-tu au moins ? 

Oli :Non, mais je savais ce que je voulais faire ce soir-là ! 

Florian :Alors, dis-moi, tu voulais faire quoi, hein ? Si tu t'étais vraiment suicidé, t'aurais aimé voir nos fans en pleurs ? Ceux pour qui tu es un rayon de soleil ? Moi, on dirait que je vais mourir de faim, mais toi, même avec ta calvitie naissante, tu leur donnes le sourire, Oli ! Réfléchis à tout ça avant de refaire une connerie ! 

Je le regarde, le cœur lourd.

Oli :Flo', j'ai voulu mettre un terme à ma vie parce que... j'aime Camille. Et Sofia m'a lâché parce qu'elle l'a remarqué. Alors, j'ai voulu en finir... 

Florian soupire et baisse la tête.

Florian :Moi aussi elle m'a quitté... parce que j'ai insulté sa sœur. 

Il y a un silence pesant dans la pièce.

Oli : Oublions-les... 

Florian :Ouais... 

Point de vue d'Oli

Florian s'en va, me promettant de revenir dans quelques minutes. Je ne sais pas où il va, mais je commence à détester être seul dans cette chambre blanche, entouré de machines qui surveillent mon cœur et cette perfusion qui pend à côté de moi.

Quelqu'un frappe à la porte avant d'entrer précipitamment pour m'apporter mon repas : du poisson avec du riz. Rien que l'odeur me retourne l'estomac. Je n'ai jamais vu un plat aussi dégoûtant de toute ma vie. Je lance un regard plein de mépris au médecin, qui me prévient que si je ne mange pas, je ne sortirai pas d'ici. À contrecœur, je prends ma fourchette, la plante dans le poisson – du saumon – et découpe un morceau. Juste au moment où je m'apprête à manger, on frappe à nouveau. Florian entre.

 Ça n'a pas l'air très appétissant...  me lance-t-il avant de m'informer qu'il sera de retour dans vingt minutes. Puis, il disparaît à nouveau sans que je sache où il va.

Je joue un peu avec le riz, à peine cuit. L'attente me paraît interminable. Je décide d'allumer la télévision et tombe sur la finale du Top 14 sur France 3. Je me plonge dans le match, étonné par l'intensité du jeu, jusqu'à ce que Florian revienne enfin, un sac McDonald's à la main. Il me le tend en souriant.

Florian :  Tiens, je pense que ça te plaira plus que leur poisson. 

Je le regarde, surpris.  Tu n'étais pas obligé... 

Florian : T'es mon frère, je suis responsable de toi ! répond-il avec détermination.

Oli :  Merci... je te revaudrai ça. 

Sortie de l'hôpital

Florian conduit sa voiture rouge en serrant le volant, la musique d'IAM en fond sonore. Ce sont des morceaux que j'aime bien aussi. En passant près de la Garonne, des souvenirs refont surface. C'est ici que tout a commencé. Plus nous avançons, plus les flashbacks deviennent clairs dans mon esprit. En silence, je regarde l'eau, une larme glissant sur ma joue sans que je m'en rende compte. Florian, jetant un coup d'œil à mon visage, accélère légèrement pour rentrer plus vite à la maison.

Arrivée chez les Ordonez

Florian ouvre la porte et je le suis dans la maison. La salle à manger donne toujours sur le salon, où je me laisse tomber sur le canapé. Je lui demande à quoi il veut jouer, et sans surprise, il choisit FIFA, comme d'habitude. Je remarque que j'ai plus de mal à jouer qu'avant, mes réflexes sont lents.

Après la partie, je me dirige vers la cuisine, ouvre le frigo et attrape deux canettes de Red Bull. J'en tends une à Florian, qui la descend en quelques gorgées. Je bois la moitié de la mienne avant de monter dans ma chambre pour me changer. L'odeur du cannabis qui imprègne la maison me dérange.

Je mets un t-shirt noir avec « Visionnaire » écrit en grandes lettres et un pull avec « Rêve » dessus, un jean et mes baskets. En revenant au salon, je trouve Florian en pleine discussion avec une jeune femme. Elle est brune, au teint pâle, avec des cernes profondes autour des yeux. Elle semble terrifiée pour un proche. Son corps frêle tremble légèrement, comme si elle avait du mal à tenir debout.

Je ne croyais plus en l'amour...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant