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   Le silence revient. Chargé. Lourd. Un silence à se crever les tympans à force d'écouter.

   J'ai cessé de crier après une ou deux minutes. Ça ne sert à rien. J'épuise le peu de souffle qu'il me reste. La ventilation de la pièce ne reposant que sur une petite fente, l'oxygène manque.

   Une boule se forme dans ma gorge. Plié en deux, les bras serrés contre mon ventre, je tente de réprimer les spasmes qui me secouent. Je reste ainsi, de nouveau adossé à la porte. Pendant près d'une demi-heure.

   Je ne pleure plus à présent. Les sillons séchés laissés par les larmes sur mes joues en sont la preuve.

   Je tremble. Mais ce n'est plus de peur. J'ai froid. La température ambiante est toujours aussi glaciale. La sueur trempant mon corps s'est transformée en un bain gelé. Grelottant, je vois mon haleine se transformer en une fumée blanche. Elle s'envole sous mes yeux formant de petits fantômes pâles et évanescents.

   Perdu. Je suis perdu. Je ne sais plus trop quoi penser. Je suis fatigué, épuisé.

« C'est sûrement à cause du froid. »

   Je voudrais bouger, changer de position. Mais je n'y arrive pas. Les membres de mon corps ne répondent plus. J'ai les jambes raides et les bras ballants. Mon esprit est brumeux. Mes paupières... lourdes...

   Je m'éveille en sursaut. Pourtant, seuls l'obscurité et le silence demeurent. Toujours.

   « J'ai dormi ? Combien de temps ? »

   Je lève mes yeux bouffis vers la minuscule fenêtre. Les rayons filtrés par l'interstice ont viré au rose orangé. La nuit ne tardera pas à tomber. À cette pensée, mon corps frissonne. Je serai alors dans le noir le plus complet.

   Dépourvu, je lance ma tête en arrière. Elle se heurte violemment à la porte juste derrière moi. Une douleur lancinante résonne dans mon crâne. Je l'enlace de mes bras, les yeux humides. Les dents grinçantes. Recroquevillé et gémissant comme un animal blessé.

   — Merde ! Quel con ! À quoi tu t'attendais, sérieux ?

   Mes doigts massent la surface endolorie avec des mouvements circulaires.

   — Ça fait mal !

   Soudain, je remarque quelque chose. Quelque chose, d'anormal. En parcourant l'arrière de ma tête, je rencontre une sorte de grosseur.

   « Une bosse ? D'où vient-elle ? »

   Je réfléchis. C'est alors que la mémoire me revient en partie. Je me souviens. Petit à petit. Morceau après morceau. Les pièces du puzzle s'assemblent, s'emboîtent entre elles. Reconstituant mes souvenirs.

   « Mikaïl... Je m'appelle Mikaïl. »

   Comment cela ne m'est pas venu à l'esprit plus tôt. Je suis dans cet endroit depuis plusieurs heures déjà, et jamais la question de mon identité ne m'a frappé avant. Je ferme les yeux. Me concentre sur ma mémoire fraîchement revenue. Mes souvenirs sont encore flous. Ils me reviennent éparpillés, comme des flash-back.

   « Mon nom de famille est Davy. Mon âge ? J'ai dix-sept ans. Non, dix-huit. Mon anniversaire date d'il y a trois jours. Le quatre septembre. Donc, aujourd'hui on est... le sept ? »

𝐋𝐀 𝐂𝐀𝐕𝐄「 ᵗʰʳᶦˡˡᵉʳ 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant