17.

233 51 67
                                    

   C'est bien elle. Elle semble dormir, ses beaux cheveux bruns répandus en halo autour de son visage, ses yeux clos, sa bouche légèrement ouverte.

   — Rachel... Rachel... Réveille-toi..., je murmure.

   Ses paupières demeurent obstinément closes.

   — Réveille-toi, je t'en supplie...

   Ma voix n'est plus qu'un souffle, profond et pâle.

   Non. Rachel ne dort pas. Sa poitrine qui devrait se soulever au rythme de sa respiration reste inerte. Son visage enfantin est d'une pâleur cireuse, cadavérique.

   Rachel est morte.

   Morte.

   « Non... »

   Mon menton se met à trembler. Ma gorge se serre. Je n'y tiens plus. Je hurle à m'en déchirer les cordes vocales. J'expulse jusqu'au dernier milligramme d'air de mes poumons pour former ce simple mot :

   — NOOON !

   Mes joues semblent prêtes à fondre sous la chaleur de mes larmes. Le monde tourne autour de moi et je n'ai rien à quoi me raccrocher pour retrouver mon équilibre. Je m'effondre, genoux au sol, les mains agrippées sur le rebord de la table. Je le serre si fort que mes doigts en blanchissent. Tout mon corps tremble. Je continue de hurler jusqu'à ce que je ne puisse plus respirer. Trempé de larmes et de sueur, je tente de me redresser à l'aide de mes coudes. J'étouffe.

   Je frappe de mes poings sur mes genoux.

   Tremblant, je passe délicatement une main dans ses cheveux pour lisser vers l'arrière ceux qui lui tombent sur le front. Je ne peux pas m'arrêter, je continue jusqu'à être secoué de sanglots.

   Je décide de la sortir de ce sac, je ne peux pas supporter de la voir là-dedans. Son petit corps est encore mouillé. Je la soulève délicatement, lui maintenant la tête d'une main et la tire vers moi. Elle est froide, gelée. Comme les dalles de la cave.

   Je m'assois à même le sol, la tenant contre moi, sa tête sur ma poitrine, ma main dans ses cheveux. Je psalmodie, les doigts enfouis dans sa chevelure, le visage ruisselant de larmes :

   — Tu n'as plus rien à craindre... Tu n'as plus rien à craindre... Je suis là... Je suis... là... Je suis désolé... tellement désolé...

   Ma vue est floue. Je ne distingue plus rien si ce n'est à travers un nuage de larmes.

   Je ne sais pas combien de temps je reste ainsi. Ça aurait pu être une heure comme une minute. Le temps ne semble plus s'écouler de la même façon à présent...

   Paw...

   Je décolle douloureusement mes paupières. Le maigre éclairage de la pièce me fait mal aux yeux. J'ai dû avoir un moment d'absence. J'ai du mal à tout prendre en compte. Je baisse la tête et mon regard se porte sur la petite créature gelée blottie contre moi. Alors, les événements précédents me reviennent en mémoire. La tristesse que je ressens fait peu à peu place à un nouveau sentiment : de la colère. Je laisse monter en moi toute la rage, l'amertume et la frustration que j'ai engrangées ces derniers jours.

   — ENFOIRÉS ! Vous allez le payer ! Je te vengerai, Rachel !

   Je fais alors rapidement le constat de ce que je dois faire. Trouver une porte de sortie et m'enfuir avec Ray comme je le lui avais dit. L'adrénaline et la rage me donne la force de me relever.

   Je dépose avec soin le petit corps sur la table, pose une main sur son front gelé.

   — On va y arriver, Rachel...

   Je me précipite dans la salle où l'ordinateur se trouve toujours en veille. Je cherche dans la semi-obscurité des choses qui pourraient faciliter ma fuite, quand je tombe sur une clé USB posée sur une étagère. Aussitôt, une idée me frappe. Je la branche en vitesse à l'ordinateur. M'essuyant le nez d'un revers de main, je commence à télécharger tous les dossiers qui se trouvent sur le bureau.

   Pendant ce temps, je continue ma fouille et parviens à trouver une veste chaude. Même si mon corps s'est habitué à la basse température de la cave, je ne suis pas sûr de pouvoir survivre face au froid hivernal du dehors. Il n'y a pas grand-chose ici, l'étage m'aurait offert bien plus de provisions. Mais je ne peux pas me risquer à m'éterniser plus longtemps dans ce lieu.

   Quand je pense avoir fait le tour, je décide de revenir vers Rachel. Je n'ai pas marché cinq mètres que j'entends des pas précipités dans le couloir, et avant que je n'ai pu faire quoi que ce soit, la porte s'ouvre à la volée.

   — Tu vas y passer ce coup-ci ! J'vais te crever !

   Mon souffle s'est arrêté.

Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou mettre en ligne une autre image.
𝐋𝐀 𝐂𝐀𝐕𝐄「 ᵗʰʳᶦˡˡᵉʳ 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant