18.

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   L'homme masqué est juste en face de moi.

   Je n'arrive plus à bouger, je suis pétrifié. Tous les événements semblent se dérouler si rapidement. Je n'ai pas le temps de me poser plus de questions que déjà il s'avance vers moi. Je tente de m'enfuir, mais il parvient à m'attraper par le col du manteau et me tire violemment en arrière. J'entends un bruit de déchirure, trébuche et m'écroule par terre.

   L'arrière de ma tête tape sur le sol et une vive douleur résonne dans mon épaule gauche. À moitié assommé, je n'ai pas le temps de me relever que déjà l'homme masqué me saute dessus. Il m'envoie un coup de poing en plein dans le nez et ma tête, sous le choc, est de nouveau projetée au sol. Du sang coule jusque dans ma bouche. Je sens alors ses doigts serrés autour de ma gorge. La bouche grande ouverte, j'essaie de crier, mais il me rend incapable d'émettre le moindre son. Je me débats, tente d'écarter ses mains. Son étreinte est bien trop solide. Je ne peux déjà presque plus respirer. De violents soubresauts soulèvent ma poitrine. J'étouffe. Je tâtonne de la main, espérant trouver un objet qui me permettrait de faire lâcher mon agresseur. Mes doigts se referment sur un fil électrique. Je vois des points blancs danser devant mes yeux et sens un filet de bave couler vers mon menton. Dans un geste de désespoir, je tire dessus de toutes mes forces. Alors, un ordinateur qui se trouvait sur une étagère au-dessus de nous tombe et vient lourdement s'écraser sur le crâne de l'homme au masque. Il a à peine le temps de pousser un cri qu'il tombe sur le côté, assommé. La machine est désormais en plusieurs morceaux.

   Je roule mollement sur le côté. Mon souffle vient par à-coups étouffés et des larmes me brûlent les yeux. Péniblement, je me redresse, tremblant des pieds à la tête à cause de la terreur que je viens d'éprouver. D'un revers de la main, j'essuie le sang qui continue de s'écouler de mon nez. Je prends au passage le revolver de l'homme assommé et pars en titubant, les mains sur la peau meurtrie de mon cou.

   J'enlève le manteau et l'examine. Les coutures au niveau du col ont lâché mais il reste encore utilisable. Je le pose sur la table et soulève le petit corps froid de Ray.

   « Il est hors de question que je l'abandonne ici ! »

   Je me retourne et parviens à la charger sur mon dos. Je fais passer ses bras par-dessus mes épaules et maintiens ses jambes autour de ma taille à l'aide de mes bras. Ses petits pieds nus et froids pendent mollement au niveau de mon bassin. Je réussis alors à mettre le manteau par-dessus le petit corps. Je prends le revolver dans ma main droite et sors de la salle pour de nouveau arriver dans le bureau. Je me dirige vers l'ordinateur portable pour saisir la clé USB quand je me rends compte que le corps de l'homme masqué n'est plus à côté de l'ordinateur brisé. Je me retourne et je le vois devant moi. Du sang dégouline de son front jusqu'à ses yeux, injectés de sang.

   — J'vais te saigner !

   Je n'ai pas le temps de faire quoi que ce soit, qu'il me saisit par les cheveux, penche brutalement ma tête sur le côté et tire un couteau de sa poche avec son autre main.

   Je ne veux pas lâcher Ray.

   — Tu vois ça ? J'vais te l'enfoncer jusqu'au fond de ton putain de crâne !

   Alors, ma main droite se lève et par réflexe j'appuie sur la gachette.

   Paw.

   Une détonation puissante résonne dans le bureau, me vrillant les tympans. Le corps de l'homme s'effondre dans un bruit sourd. Je tremble de partout. Je sens le corps de Rachel partir d'un côté, alors je lâche l'arme qui tombe au sol à son tour. Baissant les yeux, je vois l'homme gésir dans une mare de sang. La balle a traversé son thorax de part en part. L'homme respire toujours. J'entends un sifflement, et je vois sa poitrine bouger. Il inspire encore et... arrête.

   « Je viens de tuer un homme... »

   Une nausée me soulève l'estomac. Je me contiens à grand-peine.

   « Je n'ai fait que me défendre... Et puis... cet homme n'était qu'une ordure ! Il méritait de crever ! »

   Je reste encore quelques secondes, choqué et proche de vomir puis, sentant le poids pesant du corps de Rachel, je fonce récupérer la clé USB. Par chance elle a fini le téléchargement des dossiers. Je cours aussi vite que je le peux. Le temps est compté avant qu'on ne vienne voir ce qu'il se passe. La trappe doit certainement être ouverte puisque l'homme masqué a dû descendre dans l'affolement. J'espère qu'il n'y aura personne bloquant la porte vitrée. Si elle est fermée, ce n'est pas un souci, n'importe quel objet jeté dessus la brisera. J'arrive devant nos caves dans lesquelles on a passé tant de temps. Jetant un coup d'œil à l'intérieur de celle de Ray qui est ouverte, je découvre le corps mort de l'homme à l'ordinateur. Je pense que c'est celui masqué qui l'a tué, après tout il ne devait certainement pas ouvrir ma cave.

   Je monte les escaliers et comme je m'en doutais la trappe est grande ouverte. Je me dirige droit vers la porte vitrée et lui donne un coup de pied. Elle est ouverte. Je passe enfin le pas de cette porte. Je crois sentir le doux goût de la liberté. Je tourne vers la gauche et me retrouve nez à nez avec un homme.

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𝐋𝐀 𝐂𝐀𝐕𝐄「 ᵗʰʳᶦˡˡᵉʳ 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant