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   Je me rapproche prudemment. Je tente de contrôler les tressautements de mon corps à chaque battement de mon cœur. Une petite chaise fait face au bureau. Je m'y installe et d'un doigt tremblant, touche le clavier.

   L'écran s'allume et par chance, je n'ai pas à entrer un mot de passe pour accéder aux fichiers. Je découvre alors une fenêtre de texte ouverte. Le message semble codé car je n'arrive à déchiffrer aucun des mots qui y est écrit. J'ai beau descendre plus bas dans la page, je ne comprends aucun des caractères tapés. Je décide de fermer la fenêtre et j'atterris directement sur le bureau. Un certain nombre de dossiers aux noms incompréhensibles se dressent en ligne. L'un d'eux attire mon attention : Fiches.

   Je me souviens de la conversation entre les deux hommes. L'un d'eux parlaient justement de fiches. Je double-clique dessus. Une fenêtre s'ouvre alors, elle comporte plusieurs documents textes tous intitulés fiche et accompagnés d'un numéro. Ils sont tous rangés dans l'ordre croissant.

   Je clique au hasard sur un numéro. Le N°6. Je vois alors une fiche agencée de trois lignes. Au fur et à mesure que je lis les informations, un sentiment d'angoisse monte en moi. Je fronce les sourcils à la dernière ligne, lorsque je lis : MORT PAR Asphyxie. Mon cœur bondit dans ma poitrine. Je suis pris de vertige. Je remonte au début de la fiche pour découvrir la photo de la personne dont il est question. Un jeune garçon, d'une dizaine d'années, les cheveux roux avec des bouclettes et le nez parsemé de taches de rousseur. Je referme la fenêtre pour cliquer de nouveau au hasard sur un autre document. Je tombe sur le N°11. Je découvre alors le visage d'un homme, la peau mate, les cheveux coupés courts. Comme lors de la première fiche, je descends le curseur vers le bas de la fiche pour y lire : MORT PAR Brûlure. Je sors de nouveau pour double-cliquer sur une troisième fiche aléatoire et me trouve cette fois face à une jeune femme, typée asiatique, les yeux bridés, les cheveux coupés en carré. À nouveau. je lis l'inscription tout en-dessous : MORT PAR Pendaison.

   Un bruit me fait sursauter. Je suis à moitié levé de la chaise. Par réflexe j'éteins la fenêtre. Je m'apprête à éteindre tout le reste lorsque je lis la dernière date de modification. Il s'agit de la fiche N°18. Je clique dessus. Je vois le nom de Rachel. Je suffoque presque. Je remonte la fiche et je vois le visage d'une petite fille. Elle a de longs cheveux bouclés qui tombent sur ses petites épaules, de grands yeux marron et un visage d'enfant. Je regarde les yeux sombres et innocents de la fillette. Je l'imaginais exactement comme ça. Je tremble lorsque je décide de baisser le curseur vers le bas de la fiche. Ma main dérape sur le clavier et je ne sais quelle touche j'ai appuyé mais une autre fenêtre plus petite s'ouvre en haut à droite de l'écran. C'est une vidéo. Je ne respire plus lorsque je vois qu'elle se met en marche seule. Je suis comme hypnotisé par les images. J'ai l'impression qu'elles ne sont pas réelles mais surnaturelles. Je ne peux croire ce que je vois...

   Une petite fille se trouve debout sur une estrade, devant une espèce d'énorme bassine avec un immense couvercle. Elle a ses poignets et ses chevilles ligotés par une corde. Elle porte une longue robe blanche, sale et déchirée vers le bas. Je ne parviens pas à détacher mon regard de la scène qui se déroule devant moi.

   Une main passe devant l'objectif comme pour le régler et vérifier son bon fonctionnement. Il s'agit de l'homme masqué. Il s'en va pour se planter à côté de l'enfant qui ne bronche pas. La tête basse, elle semble regarder ses pieds. Alors, un autre entre dans la salle, suivi d'une fumée grisâtre. Aucun doute, je reconnais bien l'homme à la cigarette. Il tire une bouffée et semble parler à son acolyte. Je ne comprends pas ce qu'il se passe. L'homme tire encore deux bouffées puis se rapproche de la petite fille. Il est juste derrière elle. Elle redresse lentement sa petite tête pour fixer l'énorme bassine devant elle. Soudain, l'homme à la cigarette lui donne un puissant coup de pied placé en plein milieu de son dos. Le choc est si violent que l'enfant est propulsée en avant. Elle tombe, soulevant d'énormes gerbes d'eau, et coule jusqu'au fond. La scène s'est déroulée si vite que je n'ai pas le temps de réagir. Le deuxième avec le masque s'empresse dès lors de refermer la bassine, emprisonnant la fillette qui tente de remonter pour respirer. Une terreur s'empare de moi quand je réalise : elle va se noyer. L'homme à la cigarette descend de l'estrade. Il s'accroupit près du bac, sa cigarette aux lèvres, et toque à la vitre. Comme si de voir la petite fille se débattre pour apporter désespérément l'air à ses poumons, était un joyeux divertissement. Puis, il se tourne vers la caméra.

   La fillette se débat, s'enfonce au fond du bassin puis remonte successivement. Le petit corps bouge encore pendant près de cinq minutes, puis petit à petit, elle réagit de moins en moins. Bientôt, son corps ne bouge plus.

   Elle est morte.

   La vidéo s'éteint.

   Je tremble de tout mon corps. Je crois que je ne réalise pas vraiment ce que je viens de voir. Mes jambes semblent fonctionner toutes seules. Je me recule au fur et à mesure de l'écran comme si je voulais échapper à ces terribles images.

   Soudain, je heurte un mur. Des néons s'allument alors. Il y a une salle longue faites en verre accolée au bureau. Je m'y avance petit à petit, reconnaissant celle dans la vidéo. Là, sur une table, se trouve un sac en plastique noir. Une fermeture éclair le parcourt dans toute sa longueur. Je ne sais pas pourquoi mais, je sens qu'il faut que je l'ouvre, que je sache. Mes mains tremblent lorsque je sens la fermeture entre mes doigts. Je la descends, lentement... Très lentement...

   Des larmes d'horreur coulent sur mes joues.

   Des larmes d'horreur coulent sur mes joues

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𝐋𝐀 𝐂𝐀𝐕𝐄「 ᵗʰʳᶦˡˡᵉʳ 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant