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   On m'apporte à manger à la même heure que la dernière fois. Ce n'est pas l'homme qui boîte mais celui qui m'a emmené à l'étage quelques heures plus tôt. Il dépose un bol et quelque chose qui ressemble à un morceau de pain. Il récupère l'autre récipient vide. Il se relève et s'apprête à refermer la porte quand il se ravise et se tourne vers moi.

   — Si tu dois aller aux chiottes, c'est maintenant ou vers midi, c'est clair ?

   Je lève la tête vers lui.

   — Histoire que t'ailles pas faire contre les murs parce que c'est pour moi la corvée de nettoyage.

   Et sans attendre ma réponse, il claque la porte derrière lui. Par chance, je n'avais aucune envie pressante. Néanmoins, je venais de recueillir une information de plus et pas des moindres. Bien que mes blessures n'aient pas encore guéri, je ne perds pas mon objectif de vue.

   « Je vais sortir d'ici ! »

   Le numéro que ces hommes m'ont joué un peu plus tôt était censé me dissuader de tenter quoi que ce soit. Certes, j'ai cru que j'allais mourir, mais ce n'est pas le cas. Je n'ai pas peur de me battre. Je dois sortir à tout prix de cet endroit. Grâce à l'information que je viens de récolter, cela me laisse encore plus de choix. Je comptais tenter quelque chose le prochain soir où l'on m'ouvrirait mais, à présent, je sais que je peux aussi sortir dans la journée. Je cogite pour savoir quelle est la meilleure option.

   Je vois le jour se lever au fur et à mesure. La fraîcheur de la pièce ne m'inquiète plus. Mon corps semble s'y être plus ou moins habitué. Ce qui me préoccupe le plus à présent c'est la nourriture. J'ai dévoré le dîner qu'on m'a apporté depuis un moment déjà et j'ai toujours de terribles crampes d'estomac. Je sais que je n'aurai pas plus d'un repas dans la journée. C'est certainement pour m'affaiblir un maximum et c'est pour ça qu'il faut que je parte le plus vite possible, avant d'être trop faible pour pouvoir tenter quoi que ce soit. Je laisse passer la matinée. Je tente de ne pas prêter attention aux gargouillis de mon ventre.

   J'entends alors des bruits de pas et bientôt la porte s'ouvre. Il doit être midi comme l'homme me l'avait dit. Je peux voir vaguement son visage et constate qu'il me regarde. Je ne bouge pas et baisse simplement la tête.

   « Non, ça sera pour ce soir. »

   Il récupère le bol et repart après un dernier coup d'œil vers moi.

   Peu de temps après, j'entends un nouveau bruit. Ça ressemble à un moteur. Une voiture ? Le son me provient de l'ouverture. Je m'en approche tout en sachant que je ne pourrai rien voir.

   « Oui ! C'est bien le bruit d'une voiture. »

   Elle démarre et j'entends le bruit du moteur s'éloigner petit à petit avant de disparaître complètement. Le calme revient. Je me rassois de nouveau contre le mur faisant face à la porte.

   « Cette fois c'est décidé. Ce soir, je me tire d'ici ! »

   Je m'allonge sur le flanc droit et fixe la porte. Je refoule les questionnements et les doutes quant au plan que j'ai élaboré tout au long de la matinée.

   « Je vais sortir d'ici ! »

   Peu à peu, mes yeux se couvrent d'un voile et bientôt, je m'endors.

𝐋𝐀 𝐂𝐀𝐕𝐄「 ᵗʰʳᶦˡˡᵉʳ 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant