6.

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   Les heures défilent, inlassablement. Je ne les compte plus. Le jour est levé depuis bien longtemps déjà mais n'apporte avec lui ni lumière, ni chaleur. Il pleut. Le ciel est gris, l'air moite.

   J'ai toujours aimé les temps pluvieux. L'odeur caractéristique de l'herbe mouillée, le doux son de la pluie qui tombe, l'atmosphère rassurante et les sentiments de calme et de sérénité qui s'en dégagent. Je savourerais pleinement cet instant, si je n'étais pas enfermé dans cette cave.

   « Qu'est-ce que je peux faire ? »

   La pluie s'intensifie. Un vent violent se met à souffler. Il entraîne de grosses gouttes à l'intérieur de la pièce, en dépit de la minuscule brèche. Bientôt, je les sens qui perlent sur mon front. Je m'assieds sur le sol et éponge mon visage trempé avec ma main.

   « Que dois-je faire ? »

   La réponse paraît pourtant évidente :

   — Je dois sortir d'ici.

   Je réfléchis. Les mains fermement posées sur ma tête, je tente d'organiser mes pensées.

   Une lumière aveuglante suivie d'un puissant grondement viennent déchirer le ciel. Surpris, je tourne la tête vers la fenêtre. La fenêtre... ?

   « Non, impossible de m'échapper par là. C'est trop petit. »

   Mon regard se pose alors sur la porte.

   « Pas le choix. Le seul moyen de sortir de cet endroit, c'est par cette porte. »

   Il reste tout de même un détail à régler. La porte ne semble s'ouvrir que de l'extérieur. Je me souviens n'avoir trouvé ni poignée, ni trou de serrure. Et, lorsque l'homme qui boîte l'a ouverte, je n'ai pas entendu de cliquetis qui aurait pu signifier qu'elle était fermée à clé. Il doit donc forcément y avoir une clenche de l'autre côté. En somme, si je veux sortir d'ici, je vais devoir attendre qu'on m'ouvre...

   Gratt.

   Gratt.

   Un bruit nouveau me fait dresser l'oreille. Je crois d'abord entendre la pluie cognant contre le mur, mais en étant bien attentif, je me rends compte que ce n'est pas ça. Le bruit reprend.

   Gratt.

   Gratt.

   On dirait des grattements. Mon cœur se met à battre à grands coups désordonnés. Je repense à l'étrange bruit que j'ai entendu un peu plus tôt. Celui où j'avais l'impression qu'on traînait quelque chose. Mais je n'entends pas de voix ni de respiration. De plus, les bruits ne semblent pas venir de derrière la porte. Ils viennent du mur. Qu'est-ce que ça signifie ?

   « C'est peut-être un animal ? Un rongeur ? »

   Quoique ça puisse être, il ne semble pas faiblir.

   De nouvelles gouttes de pluie s'infiltrent dans la cave et un vent glacial me mord la nuque. Je frissonne. Tout le dos de mon t-shirt est mouillé. Claquant des dents, je décide de m'installer dans le coin le plus éloigné de l'ouverture.

   « Je tuerai pour une couverture bien chaude ! »

   Malgré le froid, je m'assoupis rapidement.

   Quand j'ouvre les yeux la pluie semble s'être arrêtée, et le crépuscule décline. J'ai dormi plus longtemps que je ne l'aurais cru. Pourtant, pour une raison qui ne m'est pas très apparente, je suis encore fatigué.

   Je m'étire légèrement, trouve une position plus confortable, me prépare à me rendormir quand, de nouveau j'entends ces grattements. Ils me paraissent bien plus forts que les premiers.

   Puis, un grincement familier retentit et la cave se remplit d'une intense lumière blanche.

   Aveuglé et encore abruti par le sommeil, je mets un certain temps à comprendre ce qu'il se passe. Ce n'est que lorsque je vois une ombre se dessiner devant moi, que je me lève dans un bond. Pendant quelques instants, j'attends. Figé sur place, tous mes sens aux aguets.

   — Viens.

   Je ne bouge pas.

   — T'es sourd ?

   — N... non.

   — Passe devant.

   Les jambes flageolantes, j'obéis.

   La porte débouche sur un long couloir large d'à peine deux mètres. À intervalles réguliers, se trouvent des portes de part et d'autre. Elles sont en bois. Des néons fixés en haut des murs assurent l'éclairage. Leur bourdonnement vient accompagner le bruit feutré de nos pas.

   L'homme marche juste derrière moi. Ce n'est pas le même que l'autre fois. Il ne boîte pas.

   J'avance, la tête baissée. Je n'ose pas me retourner. Mes semelles raclent contre le sol en terre battue. Mon cœur bat à tout rompre et je sens mon souffle qui s'accélère malgré moi.

   « Ça y est ? Est-ce que c'est la fin ? Je suis peut-être en train de faire mes derniers pas... »

   J'arrive devant un escalier. Je m'arrête.

   — Monte.

   J'hésite.

   — Qu'est-ce qu'il y a, là-haut ?

   — Tu verras bien.

   Lentement, j'entame ma montée.

   Lentement, j'entame ma montée

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𝐋𝐀 𝐂𝐀𝐕𝐄「 ᵗʰʳᶦˡˡᵉʳ 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant