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   Immobile, je vois la ligne de lumière s'estomper. Disparaître. La porte se ferme avec quelques grincements, puis le silence revient avec l'obscurité.

   Il fait noir. Terriblement noir. Je sens les mains invisibles de la peur me saisir la gorge. Elles resserrent progressivement leur étau. J'étouffe. Je ferme les yeux, m'efforçant de respirer profondément pour reprendre mon calme. Je découvre avec surprise que j'ai les joues inondées de larmes.

   Une fine odeur de pluie se fait sentir, et une douce lumière rosée pénètre par la petite ouverture. Le jour se lève.

   Je suis de nouveau allongé en chien de fusil. Mais je ne dors pas. Je n'arrive plus à dormir.

   La température ambiante est toujours aussi basse. Je suis gelé. Frigorifié. Cependant, il y a au moins un point qui s'est arrangé. J'ai toujours froid mais je n'ai plus faim. Le récipient déposé par l'homme, il y a maintenant deux heures, contenait une sorte de soupe. Elle n'était ni bonne, ni mauvaise. Je ne saurai pas dire à quoi elle était. Et, pour être franc, j'étais tellement affamé que je ne me suis pas posé plus de questions. Après une brève hésitation, je me suis jeté dessus bien plus rapidement que je ne l'aurais voulu.

   Je ne sais plus trop quoi penser. Au départ, j'ai cru que l'on m'avait enfermé ici dans le seul but de me voir mourir de faim ou de froid. À présent je sais que ce n'est pas ça. Si cet homme prend la peine de venir me nourrir, c'est parce qu'il a besoin de moi. Vivant. Du moins, c'est ce que j'espère... Les battements de mon cœur s'accélèrent.

   « Non, non ! Il a besoin que je reste en vie ! Mais oui, c'est forcément ça ! »

   Je secoue la tête frénétiquement. Au fond, je sais que j'essaie juste de me convaincre... Mais à supposer que ce soit bien cela. Que veut-il de moi ? De l'argent ? Je suis pourtant loin de rouler sur l'or. Des informations ? Sur quoi ? Je travaillais dans un petit magasin de restauration, loin de la grande entreprise aux immenses profits.

   Et puis, ce n'est pas tout. Je ne suis pas le seul à être enfermé ici. Dans ce cas, qu'attend-il de tous ces gens ? Avons-nous ne serait-ce qu'un point en commun ? Ou, comme je le crains, avons-nous fait quelque chose qui mériterait que l'on soit enfermé ? Je ne comprends pas. Qu'aurais-je pu faire de mal ? Tous ces questionnements m'insupportent du fait que je ne trouve pas de réponses concrètes.

   « AAARRGH ! »

   Ce cri... toujours ce cri. Il n'a pas quitté ma mémoire une seule seconde. Parfaitement intact, je l'entends encore résonner contre les parois de la cave. Cette personne qui l'a poussé – car maintenant j'en suis sûr, il était bien humain – qu'avait-elle fait ? Qui était-elle ? Mais surtout... que lui était-il arrivé ?

   Soudain, des bruits de pas me parviennent. Puis des voix. Elles résonnent curieusement et certains mots m'échappent.

   — ... le jeter à la flotte. Te fous pas de moi !

   Je rampe prudemment jusqu'à la porte.

   — Je te l'ai déjà dit, merde ! C'était pas le sien... l'interroger ?

   — ... les fiches... le patron décidera... Hein ?

   — ... encore une pauvre gamine. Franchement, ça me plaît de moins en moins...

   Les voix s'éloignent en même temps que les bruits de pas. Ce n'est plus qu'une sourde rumeur désormais.

   En dépit de ma concentration, je n'ai pu qu'entendre quelques bribes de leur conversation. Tout ceci me laisse perplexe. Dubitatif. Néanmoins, il y a bien une chose que j'ai comprise et j'en serre les dents rien qu'en y pensant.

   « Ils sont plusieurs. »

   Schhhhhh.

   Schhhhhh.

   Un bruit étrange attire de nouveau mon attention sur la porte. Mon sang se glace dans mes veines.

   Schhhhhh.

   Schhhhhh.

   Je colle une oreille contre le bois. J'écoute.

   Schhhhhh.

   Ça se rapproche...

   Schhhhhh.

   Progressivement...

   On dirait qu'on traîne quelque chose de lourd sur le sol. Je n'entends plus de voix. Seul un souffle. Régulier.

   Inspiration.

   Schhhhhh.

   Expiration.

   Cela dure encore quelques secondes, puis... plus rien. Un silence pesant, angoissant s'abat subitement sur la sombre pièce.

   Mon corps est parcouru d'un frisson. Qu'était-on en train de traîner ?

 Qu'était-on en train de traîner ?

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𝐋𝐀 𝐂𝐀𝐕𝐄「 ᵗʰʳᶦˡˡᵉʳ 」Où les histoires vivent. Découvrez maintenant