Tam pouvait bien dire qu'on n'avait pas besoin de mecs dans nos vies, je ne pouvais nier l'envie que j'avais que Liam fasse partie, réellement, de la mienne autrement qu'en temps qu'ami. Depuis l'épisode de la coupure, les choses allaient mieux. Surtout parce que nous avions décidé de nous mettre à fond dans le plan romance dans les Alpes. Lorsqu'on n'était pas ensemble, chacun tenait l'autre au courant de l'avancer des relations de nos amis.
Pourtant, même s'il était possible de dire que tout était redevenu comme avant, je continuais de sentir une sorte de distance. Mais je ne voulais ni le brusquer ni forcer les choses. Le souvenir de sa réaction l'autre jour était encore brûlant, même si désormais je savais pourquoi. Et je la comprenais. Je n'avais jamais souffert de ne pas me sentir dans un corps qui correspondait à ce que j'étais, je n'avais jamais non plus dû comprendre quel était ce mal-être en moi. C'était un luxe qu'il n'avait pas eu. Alors je ne pouvais que chercher à le comprendre.
Pour autant, mon ami et la proximité qu'on avait toujours eus avant que moi-même je mette une certaine distance en comprenant ce que je ressentais pour lui me manquait. Je craignais de le perdre si je lui avouais mes sentiments. Mais aussi de le perdre si je ne faisais rien...
Puisque nous étions samedi, aujourd'hui, tout comme demain, nous n'étions en week-end. Deux jours loin du bruit et des enfants. Enfin trois si on comptait hier. Mais deux jours réellement de pause, le bonheur ! J'adorais ce projet, mais côtoyer des enfants aussi longtemps et aussi régulièrement n'était pas dans mes habitudes et je me sentais épuisée. J'allais être bonne pour féliciter ma mère de la patience qu'elle a eue avec moi durant des années.
Avec Tam, Alex et Liam, on avait décidé d'occuper notre matinée à skier, enfin tomber dans la neige pour moi, et aller voir le deuxième volet de La Reine des Neiges. Après qu'Alex et Liam en aient parlé hier, on s'était décidé à aller voir s'il y avait un cinéma à Albinance. Et nous avions découvert que c'était le cas et que le film y était diffusé. En VF, au grand damn d'Alex qui ne jurait que par la VO, mais pour Elsa, iel était prêt à faire ce sacrifice.
Dans la chambre, nous nous préparions pour partir voir le film. Ou plutôt, Tam avait entrepris de me faire un ravalement de façade, d'après elle, j'en avais un peu besoin.
_ Tu sais que ce n'est pas vraiment nécessaire Tam ? On sera dans le noir et ce rouge à lèvre sera parti d'ici la fin du film avec tout le pop corn qu'on va engloutir.
_ Je ne fais qu'effacer des traces de fatigues et de tes chutes de ski.
_ Et si je n'en ai pas envie ?
_ Arrête, je te connais, tu aimes bien être maquillée, que je te le fasse et en plus là c'est l'occasion de montrer à Liam que tu peux être autre chose que la bonne copine.
_ Ce n'est pas toi qui disais hier qu'on n'avait pas besoin des mecs ?
_ Oui. Mais je ne peux pas lutter contre ton hétérosexualité et ton petit coeur qui cri Liam à chaque seconde.
Je pouffais. C'était si ridiculement dit que je ne pouvais faire autrement. Pour contre balancer cette petite session de mise en beauté, Tam récupéra son téléphone et lança Who run the world de Beyoncé, l'un de ses morceaux favoris. Si ce n'est son préféré.
_ Tu vois meuf, on peut être maquillée, aimer les mecs et être féministe !
_ Comme si je ne l'étais pas. On était où samedi 23 ? Et il me semble que tu as toujours dit que le lesbianisme politique c'était stupide.
_ Deux - zéro. T'as gagné. Et je maintiens pour le lesbianisme politique. On ne choisit pas notre orientation sexuelle. Mais les meufs qui décident de le devenir parce que Men are trash alors qu'elles n'ont jamais été intéressées par les femmes, c'est n'imp.
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Another Christmas (Queer) Story
Romance1er décembre. Les élèves de terminale du lycée Simone Veil participant à un projet associatif prennent la route pour Albinance, une petite ville au coeur des Alpes. Leur mission ? Offrir aux enfants malades du service de pédiatrie le meilleur des N...