Hanahaki

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La maladie Hanahaki (maladie fictionnelle) touche les personnes qui éprouvent un amour à sens unique : des fleurs poussent à l'intérieur de lui et parfois à l'extérieur. Le plus souvent, l'issue est la mort. Mais il existe deux solutions pour s'en sortir : une opération chirurgicale pour retirer les fleurs et ainsi, effacer tous les sentiments, ou alors, découvrir que l'autre aime en retour. Cette idée n'est pas de moi.

- Fraterniser ? cracha Crowley avec un rictus. J'ai bien d'autres personnes avec qui fraterniser, mon ange.

Aziraphale ne se laissa pas démonter. Crowley continua :

- Je n'ai pas besoin de toi.

L'ange rétorqua en s'en allant que le sentiment était mutuel, et il jeta le papier dans l'eau, où il s'enflamma et brûla lentement. Aziraphale rentra au seul endroit où il se sentait chez lui, dans sa librairie. La requête de Crowley tournait en boucle dans son esprit.

De l'eau bénite... Aziraphale avait catégoriquement refusé de lui donner cette eau. Comme s'il allait permettre à Crowley de se suicider ! Quelle idée !

Mais il n'y avait pas que l'eau bénite qui occupait ses pensées. La phrase, blessante « Je n'ai pas besoin de toi ». Evidemment que non. Crowley était un démon, il n'avait besoin de personne, il était un solitaire qui était incapable d'amour. Et pourtant, Aziraphale avait cru que Crowley n'était pas comme les autres. Quand il l'avait sauvé de la Terreur, en France, une centaine d'années auparavant, ou quand il avait miraculé les pièces de Shakespeare...

Mais visiblement, Aziraphale s'était trompé. Crowley ne faisait tout cela que parce qu'il avait besoin d'Aziraphale pour l'Arrangement, c'était tout. Pourquoi d'autre aurait-il eu besoin d'un ange incompétent à son travail, d'un ange pas capable de faire autrement que de tomber amoureux du premier démon qui avait croisé sa route...

Etrangement, Aziraphale n'avait pas faim ce soir-là. Il passa la nuit à lire Hamlet, pris par les souvenirs de lui et Crowley, qui revenaient encore, et encore. L'ange finit par s'endormir sur son livre.

Il fut réveillé une heure plus tard par une quinte de toux. C'était étrange, il n'était jamais tombé malade auparavant : ce fléau n'était que pour les humains, pas pour les anges. Pas forcément inquiet, Aziraphale ignora cette sensation d'irritation au fond de sa gorge, et aussi au creux de ses poignets. Il n'avait pas de raison de se préoccuper, pas vrai ?

Crowley retourna dans son appartement au centre de Londres. Il avait eu tort de croire qu'Aziraphale était corrompu au point de lui donner de l'eau bénite. Pourtant, il avait eu l'espoir, infime, que l'ange ferait tout pour lui. Ce n'était pas le cas, apparemment.

Crowley avait su dès le début qu'il était amoureux d'Aziraphale. Au tout début du monde, quand ils s'étaient rencontrés au Jardin, et qu'Aziraphale avait fini par avouer qu'il avait donné son épée enflammée.

Cet amour s'était développé au long des années, encore et encore, jusqu'à ce que Crowley ne puisse plus l'ignorer. Par contre, il pouvait encore agir comme si de rien n'était, prétendre que l'ange ne lui importait que peu – ce qui était tout à fait faux.

C'était ce qu'il avait fait, et il regrettait, parce qu'à présent, il avait la confirmation claire et nette qu'Aziraphale ne l'aimait pas en retour. Il n'avait pas besoin de lui. Il était un ange, et quel ange aurait besoin d'un démon à ses côtés ?

Crowley alla se coucher en songeant qu'une sieste d'un an ou deux s'imposait – ou bien d'une décennie. Mais il fut réveillé quelques heures plus tard. Son oreiller était jonché de pétales de fleur. Ayant toujours eu une admiration sans bornes pour la flore terrestre, Crowley reconnut immédiatement les pétales de tulipe, jaunes. Il en connaissait la signification, également : un amour univoque.

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