Le vide - Slimane

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Je sors du lit, me rhabille et m'avance vers la porte. Un bourdonnement sourd et un grésillement suraigu s'amusent à me torturer.

«Tu pars déjà?

-Oui.

-Tu es sûr que ça va?

-Oui. Non. Je me sens vide.

Je sors de la pièce et, m'attendant à être secoué par la musique, je constate qu'il n'y a rien. Je descends dans le salon, pourtant les gens dansent encore. Mais, je n'entends aucune musique. Puis, un rire. Le même que tout à l'heure. Je deviens fou. Je veux le voir. Où est-il? Encore ce rire. Je veux l'entendre, encore et encore. À droite? Non, à gauche! Non plus. Il est nul part et partout à la fois. James. J'aimerais crier. Crier son prénom et ce jusqu'à ce qu'il m'entende et qu'il revienne. J'me sens si vide sans lui.

-Mi... ! ...Lo ! Milo !

-Elisha... T'aurais pas vu Josh ? Et James ?

-Non, il est parti avec James, il y a une dizaine de minutes. Pourquoi ? Depuis quand tu t'intéresses à lui ?

-Pour rien. En tout cas rien qui ne te regarde. Bonne soirée.

-À toi aussi.»

Il faut que je sorte d'ici, j'étouffe. L'air me semble irrespirable. Que faire ? Est-ce que je vais chez lui ? Non. Il faut que je rentre chez moi. Sinon mon père va s'inquiéter. Sur cette décision, je prends le chemin de l'appart. Je ferme les yeux et nous imagine, là, tous les deux, mains entrelacées, le cœur au bord des lèvres. Tu es juste en face de moi. Tu me souris. Tu me murmures ces mots fleur-bleus qui paraissent magiques aussitôt que tu les prononces. Tu me rends fou. J'aimerais tant que tu sois vraiment là. Mais ce n'est pas le cas. Et je ne peux m'en prendre qu'à moi-même. Quel idiot je fais. Je ne réalise que maintenant combien tu m'es indispensable.

*Sonnerie de téléphone*

« Allô Milo ?

-Oui Papa.

-T'es où là ?

-En chemin, je suis là dans cinq minutes.

-J'espère bien, magne-toi. »

Je soupire et accélère le pas. Ton rire résonne encore dans ma tête. Dès que je te vois sémillant. Mon dieu ce que tu es beau, et putain ce que je suis niais. Il fait frais ce soir. Si t'étais là, tu t'en plaindrais sûrement. Je t'aurais filé ma veste et tu m'aurais souri bêtement avant de m'embrasser. Je te jure que si je pouvais remonter le temps, je changerais toutes mes conneries. La première, et très clairement, la plus grosse étant de t'avoir traité comme n'importe quel plan cul alors qu'à mes yeux tu vaux bien plus que ça. Et puis merde. Désolé Papa mais tu vas devoir attendre, j'ai une priorité. Ma priorité. C'est lui depuis le début. Je change de direction et me mets à courir pour te rejoindre.

J'arrive.

ApaixonarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant