Prologue

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Les doutes, la peur ne l'ont pas quitté de la soirée. Elle avait pourtant tout préparé pour passer une bonne soirée et lui dire enfin les mots qu'il voulait tant entendre. Les mots qu'elle pensait, ressentait, vivait. Ces mots qui faisaient battre son cœur malgré la difficulté qu'elle avait à les prononcer.

Elle avait préparé un succulent repas, avec tout l'amour qu'elle lui portait.

Pour une fois, elle avait décidé de surmonter sa pudeur et de faire face à sa féminité. Elle avait passé un joli ensemble de lingerie en dentelles, accompagné de portes jarretelles et de bas, le tout dissimulé sous une jolie petite robe noire.

Elle s'était regardé dans le miroir, avait soufflé à plusieurs reprises, prise d'une hésitation en se regardant dans celui-ci.

Allez ! Tu peux le faire. Pour une fois dans ta vie, fais-le. Dis-le.

Elle était ensuite allée s'installer sur le canapé en l'attendant. Les secondes sont devenues des minutes, et les minutes se sont transformées en heures. Résignée, elle est allée s'allonger dans son lit et la détermination qui l'avait envahi en fin de journée s'était transformée en peine.

Elle était prête. Enfin prête à lui faire part de ses sentiments et lui n'était pas rentré. Certes, elle avait merdé aujourd'hui mais pas au point de la planter chez lui, pendant des heures, sans donner de nouvelles. Elle ne put retenir un sanglot. Une petite mais pourtant dévastatrice perle d'eau salée a dévalé sa peau douce, le long de sa joue. Elle ignorait même pourquoi elle était encore là , à l'attendre chez lui. Elle ferait mieux de rentrer chez elle.

Alors que cette pensée s'insinuait dans son esprit, prête à se relever et quitter son appartement, elle entendit la porte d'entrée s'ouvrir. Ses clefs jetées sur le plan de travail de la cuisine, un pas hésitant, un soupir puis la porte de la chambre s'ouvrir à son tour, laissant entrer un mince filet de lumière.

Elle ne prit même pas la peine de se retourner pour le regarder. Son regard demeurait fixé sur les rayons de la lune filtrant à travers la fenêtre, dont elle n'avait pas pris le temps de fermer les rideaux.

Il reste figé là, un instant, devant le corps de la femme qui hante son esprit depuis maintenant plusieurs semaines, plusieurs mois. Les faibles rayons de lune caresse son corps avec délicatesse, mettant en valeur ses jambes blanches, son petit fessier bombé, ses petites poignées d'amour qu'il aime temps pincer avec délicatesse. Son petit ventre arrondi dont elle a honte mais que lui adore cajoler, embrasser. Il continue de la dévorer du regard remontant son regard au niveau de ses seins, enveloppés dans ce magnifique tissu en dentelle. Et enfin, il réagit.

Jamais.

Jamais il ne l'avait vu porter une tenue si magnifique et affriolante. Les doutes étaient devenus si présent qu'elle n'avait pas pris le temps de retirer ce magnifique ensemble, juste celui d'enlever sa petite robe noire.

Une bouffée de chaleur envahit son corps. Il prit une profonde inspiration et seulement à ce moment-là, il sentit les effluves du repas qu'il avait manqué. Une bonne odeur s'insinuait dans ses narines, lui faisant comprendre que lui aussi a merdé. Fuir au lieu de surmonter, de faire face. C'est ce qu'il avait fait ce soir. La colère l'avait emportée sur la raison et il était parti.

Doucement, il se glisse à ses côtés et timidement, il vient passer un bras autour de la taille de sa compagne. Elle ne bouge pas, ne se retourne pas, ne montre aucune réaction. N'essuyant aucun refus, il resserre son étreinte et vient coller sa douce contre son torse. Son corps est parcouru de chair de poule et un soupir de bien être lui échappe lorsqu'il enfoui sa tête dans ses doux cheveux et viens respirer son odeur.

De nouvelles larmes viennent perler sur ses joues et malgré toute sa bonne volonté, elle est incapable de les retenir et de les empêcher de dévaler ses joues.

Chut... Ne pleure pas ma belle, je suis désolé.

J'ai la trouille, souffle-t-elle après quelques minutes de silence. Je me suis toujours cantonnée au rôle de la bonne copine, pour éviter d'être blessée comme j'ai pu l'être. La bonne copine, celle à qui tout le monde vient parler, lui demander des informations sur ses amies pour pouvoir les emballer. Je me suis forgée une carapace pour éviter toutes nouvelles désillusions et tu l'as brisée. T'es entré dans ma vie, dans mon espace intime et tu as fait tomber cette carapace à une telle vitesse que j'ai la trouille. La trouille que tu te réveilles un matin en te demandant ce que tu fais avec une fille banale et ronde comme moi alors que tu pourrais avoir n'importe quelle bombe à tes côtés en un claquement de doigts !

Il aimerait lui dire tant de choses, la rassurer, lui dire à quel point il l'aime mais elle est tellement renfermée sur elle-même, à ne jamais dire ses sentiments qu'il n'ose pas l'interrompre. Alors il fait la seule chose qu'il peut faire pour la rassurer à ce moment-là et il resserre son étreinte tout en déposant un baiser dans son cou, pendant que ses jambes viennent s'emmêler aux siennes.

La trouille que tu me quittes et que je sois brisée comme je ne l'ai jamais été. C'est facile de parler avec lui parce que ce n'est qu'un ami. Juste un ami. Et s'il part, ce nest pas grave, ce n'est qu'un ami. Toi... Toi, tu es celui qui s'est insinué dans ma tête, au plus profond de moi et que j'ai toujours peur de perdre. Et je ne sais pas si je le supporterai. Je... Je...

Trois petits mots. Trois putains de petits mots. Ils sont simples, clairs et concis. Et pourtant, ils n'ont jamais franchis ses lèvres. Ni pour ses parents, ni pour ses amis, pour personne. Oh ils savent tous qu'elle les pense, mais c'est dans sa nature. Elle est comme ça. Une handicapée des sentiments et des contacts tactiles.

Je t'aime, finit-elle par souffler.

Ces trois putains de petits mots sont enfin sortis. Ils ont franchi cet obstacle que représente ses lèvres et contre toute attente, elle se sent plus légère.

Je t'aime à un point que je n'aurai jamais pensé envisageable.

Une dernière larme roule le long de sa joue. C'est la première fois. La première fois qu'elle s'ouvre autant en parlant à quelqu'un et elle réalise alors qu'elle l'aime encore un peu plus pour ça.

Doucement, la seconde main de son compagnon se glisse sous son flanc et il la fait basculer dans un geste empli de douceur pour qu'elle lui fasse face. Elle baisse les yeux, essayant de détourner son regard mais il l'en empêche et plonge son regard noisette dans les beaux yeux verts de sa compagne, encore un peu larmoyant.

Je t'aime aussi princesse. Je te l'ai dit il y a un mois, je te l'ai dit il y a dix jours, je te le dis encore, je t'aime princesse. Dit-il avant de déposer un léger baiser sur ses lèvres roses. Et je te le dirai encore demain et tous les autres jours à venir. Tu ne me perdras pas.

Les doutes qui s'étaient insinués en elle toute la soirée, se sont envolés par ses simples mots et un sentiment de bien-être s'est emparé d'elle. A ce moment précis, elle en était certaine. C'était lui et pas un autre.

Je suis là avec toi, et je compte bien le rester, termine-t-il.

~ 12 janvier 2020

Reviens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant