Chapitre XXVI

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Les larmes au bord des yeux, elle s'empare de l'échographie que Matt tient entre ses doigts depuis le début de ses confessions.

Connor... Connor, c'est le prénom de l'enfant que j'aurais dû avoir. Qu'on aurait dû avoir, dit-elle alors que les larmes coulent le long de ses joues.

Ses yeux se posent sur le tatoutage de son poignet, cachant les cicatrices avant d'aller jouer avec celui derrière son oreille droite.

Celui-ci, c'est la clé qu'Ethan a dessiné après m'avoir tout raconté. Je l'ai faite tatouer quelques jours avant sa mort.

L'échographie toujours en main, elle quitte le confort du canapé et l'étreinte de Matt, alors que les doigts de sa main libre viennent se poser sur le bas de son tee-shirt qu'elle relève jusqu'à son soutien-gorge, révélant une série de chiffres romains sur ses côtes du côté gauche, du côté du coeur, à la lisière de la baleine de son sous-vêtements.

Celui-là, c'est la date de naissance de Connor et aussi celle de sa mort, dit-elle dans un sanglot.

Ses confessions terminées, elle fait quelques pas dans son salon pour aller se poster devant la baie vitrée, dos à ses amis, son regard se perdant sur la ville de New York.

Elle n'a pas envie d'affronter leurs regards accusateurs.

Elle savait, en revenant dans la grosse pomme, qu'un jour ou l'autre, elle devrait leur raconter ce passé douloureux, mais elle avait retardé l'échéance au maximum jusqu'à ce que Chris tombe sur ce fameux message. Elle avait dû parler et, même si elle se sentait plus légère après l'avoir fait, vidée d'un poids, elle n'en était pas pour autant prête à se confronter à leurs reproches.

Chris ne tarda pas à venir coller son torse au dos de la jeune femme, passant ses bras autour de sa taille.

Désormais, il connaissait toute l'histoire et il était bien placé pour savoir à quel point la perte d'un être aimé pouvait être destructrice. Il ne prononça pas un mot, déposa simplement ses lèvres dans un baiser doux sur sa tempe, avant de regarder, comme elle, les rues de la ville de New York.

Daryl était ébranlé. Il en avait vu des choses dans sa vie. Il avait perdu ses parents alors qu'il était encore un gamin, il fréquentait le monde de la rue depuis des années, le faisant frôler la mort jour après jour, courses après courses. Il se pensait blinder devant les épreuves de la vie et pourtant l'histoire de Cléa venait de faire trembler ses barrières et de le toucher.

Lisa avait elle aussi les larmes aux yeux. Elle était de ces filles rêvant au prince charmant, à une famille heureuse, aux fins « Ils vécurent heureux et eurent beaucoup d'enfants...». Cléa et Matt avaient longtemps été sa référence en matière de couple uni et amoureux, jusqu'à leur séparation. Elle pensait retrouver leur couple dont elle était tant fan - pire qu'une groupie des Nightmareden - et devant leur complicité renaissante, elle n'avait pas une seule seconde envisagée que Cléa avait pu passer par une épreuve si difficile.

Rêvant elle-même de fonder une famille, et n'ayant jamais traversé cette épreuve, elle ne pouvait qu'imaginer la douleur que Cléa avait ressenti, alors qu'elle était seule dans une ville inconnue. Sans perdre une seconde de plus, et malgré les bras protecteur de Chris, elle alla serrer Cléa dans ses bras.

Merci de nous l'avoir ramené, dit-elle en plantant son regard dans celui de Chris.

Il lui répondit par un petit sourire, sans relâcher son étreinte sur Cléa.

Depuis que son regard avait croisé ses prunelles vertes vides de toutes émotions, lui rappelant celui de sa sœur alors qu'il avait du reconnaître son corps à la morgue, un instinct protecteur s'était emparé de lui ; sentiment qui venait à l'instant de se renforcer.

Reviens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant