Chapitre XI

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Il tournait comme un lion en cage.

L'air chaud de la nuit ne l'aidait pas à calmer ses esprits. Il l'avait entraîné dehors, sur la terrasse, pour avoir plus d'intimité. La confrontation qu'il évitait depuis des semaines ne pouvait plus attendre.

Face à lui, elle regardait le sol. Il lui donnait le tournis à force de faire les cent pas et son état de fatigue ne l'aidait pas à faire face à la migraine qui menaçait d'éclater.

Il stoppa ses mouvements pour porter son regard sur elle, dont le sien était toujours rivé au sol. Malgré les cernes sous ses yeux, les cheveux en bataille suite au combat mené, ses habits déchirés, sa lèvre fendue, elle dégageait toujours ce charme qui l'avait fait craquer des années plus tôt.

Pour la seconde fois depuis qu'elle était rentrée, ils se retrouvaient seuls tous les deux et la première fois n'avait pas été une réussite. Les émotions l'avaient envahies. Tellement qu'il avait laissé éclater le début d'une dispute, interrompue par Cassidy. Pour la première fois de sa vie, il avait été heureux que Miss Sparke s'incruste dans sa conversation. Puis il avait repris son habitude. L'éviter. L'ignorer.

Mais comment pouvait-il continuer ainsi ?

Comment pouvait-il continuer à l'ignorer alors qu'elle avait été son amie.

Sa confidente.

Sa complice.

Son amour.

Et puis, après ce qu'elle avait fait pour lui ce soir, il ne s'en sentait plus capable. Il n'en avait plus envie. Il était temps pour lui de faire face. De l'affronter. Pendant un instant, il eu la sensation d'être un condamné sur l'échafaud.

Malgré la chaleur de la nuit, un frisson parcourt son corps. L'adrénaline l'a complètement désertée. Ses muscles sont tendus par la douleur. La fatigue s'abat sur elle. Elle n'a qu'une envie, aller prendre une bonne douche chaude pour se détendre mais Matt ne semble pas décidé à la laisser partir.

Les poings serrés dans ses poches, prenant une grande inspiration, il finit par se lancer.

Je peux savoir ce qu'il t'as pris ?

Des semaines qu'il l'évite, ne lui adresse pas la parole, à peine un regard et c'est ce soir que Monsieur décide de discuter. Ce soir où elle ne rêve que de se prélasser et d'aller dormir. Ce soir où elle aurait voulu qu'il s'évertue à faire ce qu'il fait depuis son retour. L'éviter.

Rien.

Rien ?

Un sourcil levé, il croise les bras sur sa poitrine, fixant ses prunelles noisettes dans celles de Cléa. Ces prunelles vertes, complètement éteintes, se détournent. L'éclat scintillant reflétant sa joie de vivre qui habitait ses prunelles a disparu et pour la première fois, il le remarque.

Depuis son retour, il a remarqué son changement physique. Comme l'a souligné son frère, ses rondeurs ont disparus. Au revoir le petit ventre qui la complexait temps. Adieu poignée d'amour. Ses joues rondes et son petit double menton ont disparus. Elle a changé.

Mais pas que physiquement.

L'éclat vert de ses prunelles qui a disparu lui confirme. Cléa est revenue, mais pas totalement. Elle ne montre rien. Et une partie d'elle-même est restée à Savannah.

Je me suis battue et c'est tout.

C'est tout ? Tu te moques de moi, Cléa ?

Non.

Clair. Concis. Rapide.

Mais pas suffisant pour qu'il lui fiche la paix.

C'est tout ?

Reviens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant