Chapitre V

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Encore une fois, le groupe de Colin avait mis le feu sur scène et le concert avait été époustouflant. Sa voix l'avait transportée, et pendant toute la durée du concert, elle en avait oublié l'ambiance pesante qui s'installait dans les coulisses suite à ces retrouvailles avec Matt.

Elle fut réveillée par les rayons du soleil qui pénétraient dans la chambre, laissant une douce chaleur sur sa joue qu'ils effleuraient. Après un rapide coup d'œil dans cette pièce qu'elle ne reconnaissait pas, elle se souvint avoir dormit chez Daryl, comme tous les autres.

A la fin du concert, Monsieur Daryl Ortega avait décrété que tout le monde irait dormir chez lui, afin de rattraper le temps passé. Ils avaient passé l'after au bar, où ils avaient discuté un long moment, tout du moins Lisa, Daryl et Adam, Matt s'étant muré dans le silence comme Colin - rien d'inhabituel pour ce dernier - et Cléa se contentant de répondre par l'affirmative ou la négative aux questions posées. Elle ne tenait pas à entrer dans les détails de sa vie, et encore moins dans un lieu public. Puis ils avaient tous pris la direction de la villa pour se laisser emporter par les bras de Morphée.

Elle avait fini dans l'une des nombreuses chambres de la villa, et en l'observant bien, elle constata avec plaisir qu'une partie de ses affaires traînaient dans celle-ci.

D'un pas léger, après une courte nuit, ponctuée comme d'habitude par ses cauchemars, mais non moins réparatrice, elle prit la direction de la cuisine, avec la ferme intention de préparer un bon petit déjeuner pour son hôte et ses invités.

Après une bonne demi-heure, elle fut vite rejointe par Daryl qui, une nouvelle fois, vint lui plaquer un baiser baveux et bruyant sur la joue.

_ Daryl, tu m'énerves !

_ Je constate qu'en trois ans, tu es toujours aussi encline aux contacts physiques.

Cléa lui adresse une petite moue en guise de réponse. Elle n'a jamais été férue de compliments, de câlins, des contacts physiques en générale.

_ Je t'ai serré dans mes bras hier.

_ Ouais, après t'être contractée, avoir hésité et mit un vent à Adam ! Ne crois pas que je n'ai pas remarqué ton hésitation avant de mettre tes bras autour de ma taille.

_ Tu pourrais au moins être content que j'ai fait un effort pour une fois.

_ Je n'en attendais pas moins de ta part après trois ans d'absence.

_ Je ne connaissais pas le grand Daryl Ortega, si sentimal, dit-elle pour le charier.

Après quelques minutes de silence, Cléa, concentrée sur la cuisson de ses crêpes, comme s'il s'agissait de la huitième merveille du monde, reprend :

_ Je suis désolée.

Daryl la fixe, impassible.

_ Je suis désolée d'avoir été égoïste et d'être partie pendant trois ans. Je... Je m'attendais à tout un tas de réaction. Que vous m'ignoriez, que vous me criez dessus, plein de réactions différentes mais pas à celle-ci. Sous le regard interrogateur de Daryl, elle continue sur sa lancée. Pas à ce que tu m'accueilles comme si rien ne s'était passé, pas à ce que tu nous invites tous à passer la soirée chez toi. Surtout Colin. On ne peut pas dire que vous étiez amis avant. Vous... Vous ne m'en voulez pas ?

_ Je peux pas parler pour les autres. Pour moi, je t'en ai voulu. J'en ai voulu à Matt. Je m'en suis voulu de pas avoir été assez là pour toi, pour pas que tu t'en ailles. Oui je t'en veux Cléa d'être partie pendant presque trois ans, alors que ça ne devait durer que quelques semaines. Je t'en ai voulu de ne pas donner de nouvelles. De nous laisser tomber, tous. Mais je comprends aussi que la situation n'ait pas été simple pour toi et je suis bien trop content de te revoir pour gâcher ces quelques jours à venir en ta présence par ma rancœur. Quand à Colin, disons que certaines choses changent.

Reviens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant