Chapitre IV

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La semaine s'est écoulée sans qu'elle ne la voie passer. Elle a enchainé les visites, sans pour autant trouver son bonheur. Soit l'appartement est trop loin de la Carter Corp, soit le loyer est trop élevé, soit son dossier est rejeté parce qu'officiellement elle n'est pas encore certaine de conserver son emploi. Période d'essai, oblige !

Fichu recherche, fichu ville !

Ses craintes concernant sa relation avec Lisa se sont avérées infondées. Ces quelques jours passés à ses côtés se sont écoulés comme si elles ne s'étaient jamais séparées - mis à part de gros détails de la vie de Cléa, qu'elle ne lui a pas révélés - malgré quelques problèmes d'organisation dans la colocation imposée.

Cléa avait l'habitude de vivre en colocation. C'est ainsi qu'elle avait vécu pendant ces deux dernières années. Mais dans un appartement plus grand. Avec des chambres individuelles. Et aussi avec des colocataires qui ne passaient pas une heure dans la salle de bains.

Le problème ne s'était pas posé cette semaine puisque Cléa ne travaillait pas et avait tout son temps. Mais elle commençait à craindre d'arriver en retard au boulot à cause d'une mauvaise gestion de temps entre Lisa et elle.

De retour, d'une énième visite, elle pénètre dans l'appartement, se précipite dans la petite salle d'eau, se change et ressort aussi vite.

Une fois dehors, elle part dans une petite foulée, direction Central Park. Ses jambes la font souffrir. Elle n'a pas couru depuis un petit moment maintenant, depuis qu'il est parti en réalité, mais elle s'en moque. Elle a passé ces derniers mois à pleurer, à enchainer les insomnies, sans prendre le temps d'évacuer, de souffler. Et après quelques jours passés auprès de Lisa, pleine de bonne humeur, qui respire la joie de vivre, elle ressent le besoin de faire face, de se défouler. Elle a besoin de sentir ses muscles se contracter par l'effort. Elle a besoin de ressentir une douleur physique, de reprendre la course, avant de retourner s'entrainer à la salle. Elle a besoin de se vider l'esprit, d'évacuer ses pensées et ça, il n'y a que quand elle court qu'elle y parvient.

La proposition de Lisa l'avait prise au dépourvu. Elle savait que ce moment allait arriver, mais elles ne l'avaient pas évoqué depuis le début de la semaine, et elle pensait repousser l'échéance au maximum, jusqu'à leur conversation d'hier soir.

* * *

- Et toi, tu viens ?

Le regard fixé sur son café, Lisa n'a pas écouté le quart de la conversation de ses amis. Ils reviennent de leur pause déjeunée et elle aurait bien besoin d'une sieste. Chose qu'elle n'avait jamais faite de sa vie, mais ces trois derniers jours ont été plus épuisants qu'elle ne l'aurait pensé.

- Hein ?

- Au concert, demain soir, lui répond son ami, un sourire aux lèvres.

- Oh, oui, oui.

- Je ne sais pas qui sait, mais en tout cas il te donne le sourire et occupe toutes tes pensées.

Lisa avale sa gorgée de café de travers mais n'a pas le temps de répondre, Matt et Colin quittant déjà la pièce, non sans une dernière ânerie de Matt dont il est fier.

- Et il doit aussi bien s'occuper de toi la nuit, vu tes cernes et ton état de fatigue ! J'espère que tu viens accompagner de ton étalon demain soir, qu'on puisse le valider !

Lisa ne le voit plus, il a disparu au bout du couloir avant qu'elle ne puisse rétorquer quoi que ce soit, mais elle devine sans mal son sourire hilare. S'il savait.

Elle n'est pas perdue dans ses pensées à cause d'un bel étalon. Elle n'est pas fatiguée à cause de ses nuits remplies de sexe qui l'amène directement au septième ciel. Non, elle est fatiguée parce qu'elle est réveillée toutes les nuits par Cléa et ses cauchemars. Cléa ne lui en a pas parlé, mais elle n'est pas dupe. Elle fait des cauchemars qui l'empêchent de passer de vraies nuits de sommeil.

Reviens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant