Chapitre XV

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Je suis désolé.

Trois petits mots prononcés avec toute la compassion dont il pouvait faire preuve.

Trois petits mots qui vinrent anéantir, en une fraction de seconde, ce qu'ils avaient construit ces derniers mois.

Trois petits mots qu'elle avait l'impression d'avoir entendu beaucoup trop souvent dans son existence.

Nous avons fait tout ce qu'on a pu, mais il était trop tard.

Elle en avait conscience. Elle savait que ce moment arriverait depuis le jour où il lui avait raconté ce qu'il avait tenu secret pendant ces mois passés ensemble. Depuis le jour où il lui avait confié en détail ce qui l'avait mené aux évènements précédant leur rencontre.

Il l'avait préparé, mais malgré tout, elle n'était pas prête à lui dire au revoir. Elle n'était pas prête à le quitter, à ne plus lui parler, à ne plus se confier, à ne plus le voir tout simplement. Elle avait beau s'être préparée - du moins, le pensait elle - l'annonce était brusque.

Rude.

Déchirante.

Comme le trou qui venait de se former dans sa poitrine. Une fois encore son cœur était meurtri, brisé, cassé en mille morceaux.

Elle se laissa tomber sur la chaise, sur laquelle elle venait de passer les deux précédentes heures à attendre, accablée par le chagrin. Ses yeux commencèrent à picoter, mais aucune larme ne s'écoula, malgré la tristesse qui l'envahissait.

Elle resta ainsi plusieurs heures, sans que personne ne prête attention à elle. Des annonces comme celle qui lui avait été faite, ils en faisaient tous les jours. Une formalité pour eux désormais.

Mademoiselle, vous voulez quelque chose ?

Ses yeux hagards et toujours secs, elle planta son regard vide dans celui de l'infirmière qui venait de la sortir de sa torpeur.

Non, merci.

Sans plus un mot, elle se leva et quitta cette chaise qui avait accueilli sa présence pendant plusieurs heures.

L'air froid n'eut aucun effet sur elle. Dans la précipitation, elle n'avait pas pris le temps d'enfiler un pull et ses épaules étaient nues, son buste uniquement couvert par le simple débardeur qu'elle avait enfilé ce matin, en même temps que son jean et ses converses, pensant passer une journée tranquille à flâner, avant que tout ne dérape.

Et malgré l'absence de tissu pour la couvrir, elle ne ressentait pas le léger vent qui s'était levé, faisant virevolter ses cheveux décoiffés, ni la fraîcheur de la nuit en train de tomber, ni le froid de l'hiver en ce mois de février. Elle était prise de frissons, mais il n'était pas dû à la météo, mais uniquement au vide qui s'insinuait en elle.

Complètement déconnectée, elle ignorait comment elle était rentrée, mais elle se retrouva dans sa chambre, encore emplie de son odeur, de sa présence. Elle se laissa tomber sur le lit et lorsque sa tête s'enfoui dans l'oreiller, ses narines s'imprégnant de son odeur, son parfum, les larmes perlèrent à ses yeux et se mirent à couler. Les vannes étaient ouvertes, déversant un flot continu d'eau salée, dévalant la pente de ses joues.

Telles les cascades montagnardes à la fonte des neiges.

Tel un barrage déversant l'eau contenue après une rupture.

* * *

Sa nuit parsemée d'insomnies, de somnolence et de pleurs se termine lorsque la sonnerie de son portable lui vrille les tympans, la faisant sortir de son état de transe.

Reviens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant