Chapitre XXIX

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L'odeur aseptisée ne lui avait pas manqué. Ni les couloirs blancs qui lui rappelaient de tristes souvenirs, encore bien trop douloureux.

Ses yeux fixaient le plafond, alors qu'elle était avachie sur un fauteuil, la tête penchée vers l'arrière, appuyée contre le mur.

Les événements de la journée se recoupaient dans sa tête et elle ne pouvait pas s'empêcher de culpabiliser d'avoir répondu à la demande de son supérieur et quitté les locaux de la Carter Corp sans être accompagnée. Sans son insouciance, ils ne seraient pas là, à attendre.

Attendre des nouvelles sur l'état de santé d'un membre de sa fratrie. Elle était peut-être sans famille proche, sans famille de sang, mais elle avait une famille de cœur. Même si, durant trois ans, elle s'était éloignée, ses amis étaient désormais sa seule famille et elle ne supportait pas l'attente de savoir si l'un d'eux allait vivre ou mourir.

Ses ongles étaient rongés jusqu'au sang, signe de l'anxiété qui habitait son corps.

Les cheveux en bataille, la mine crispée, les poings serrés, il n'était pas dans un meilleur état qu'elle et ne tenait pas en place, ne cessant de tourner en rond comme un lion en cage.

A chaque fois que les portes battantes se faisaient entendre, tous deux se tournaient vers celle-ci dans l'espoir de recevoir des nouvelles, mais ce n'était, jusqu'à présent, pas pour eux.

Le contre coup de la journée se faisait sentir et ses paupières devenaient de plus en plus lourdes. Elle avait été examinée par les médecins et, en dehors de magnifiques hématomes aux différentes nuances de couleur, elle n'avait aucunes séquelles physiques.

Après un soupir alors qu'une infirmière passait devant eux sans s'arrêter, elle se leva d'un pas lourd pour aller se faire couler un café.

Il n'était pas aussi bon que celui de la Carter Corp, mais ce précieux nectar la revigora, lui donnant un coup de fouet. Réel ou simple effet psychologique, peu lui importait tant qu'elle réussissait à garder les yeux ouverts.

Elle fit également couler un café à son comparse, qu'elle lui donna - même s'il n'avait pas besoin de caféine au vu de son énervement - avant de reprendre place sur la chaise qu'elle occupait depuis des heures maintenant.

Le temps lui semblait à la fois long et court.

Tout s'était enchaîné si vite. L'enlèvement, les heures passées dans cet entrepôt désaffecté, à se demander ce qu'elle avait bien pu faire pour que Chris la trahisse ainsi, que Lana lui voue une telle haine, lui faisant subir le courroux de sa folie. La peur distillant son parfum dans ses veines avant qu'elle ne soit remplacée par un sentiment de sécurité lorsqu'il avait pénétré dans l'entrepôt.

L'espoir avait remplacé l'angoisse, éloignant les ténèbres et cette lumière noire pour laisser place à une lueur bien plus blanche, bien plus lumineuse et joyeuse.

Et de nouveau, tout avait basculé. Une simple phrase prononcée « N'oublie pas que son frère a tué ta sœur » et le coup avait résonné. Elle avait eu la sensation que ses tympans avaient explosé, avant de retrouver tout ses moyens et de crier à s'en déchirer la mâchoire devant le sang coulant de la plaie alors que son corps allait percuter le sol.

La détonation avait été suivie par d'autres, plus lointaines, et alors que Lana riait à gorge déployée telle la folle qu'elle était, les portes de l'entrepôt avaient claqué laissant entrer Enzo, l'un des plus proches membres du gang de Daryl, suivi par d'autres. Lana avait alors tenté de prendre la fuite et elle avait réussi.

Son corps menu lui avait permis de passer dans des interstices dans lesquels les corps massifs des mecs de Daryl ne pouvaient pas se glisser mais Cléa n'avait aucun doute sur l'issue de cette évasion.

Reviens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant