Chapitre XIX

538 52 164
                                    

Elle ne tarda pas à le repérer dans la salle dont l'ambiance était différente de celle du midi. Beaucoup plus calme, plus intimiste, bien que Felipe l'accueillit avec la même bienveillance et le même sourire aux lèvres que lorsqu'ils venaient se restaurer lors de leurs pauses déjeuner.

Un sourire timide aux lèvres, elle s'approcha de la table tandis que lui se levait de son siège.

Malgré la semaine qu'ils venaient de passer dans une bonne entente, instaurant même une petite routine de café entre eux, ils se fixèrent ne sachant comment se saluer, alors qu'ils s'étaient quittés à peine quelques heures plus tôt, en compagnie de Lisa et Colin. C'est finalement Matt qui avança d'un pas pour poser ses lèvres sur sa joue, tout en lui glissant quelques mots à l'oreille pour lui dire à quel point elle était ravissante.

Il avait reconnu la robe qu'elle portait. Celle qu'elle avait porté lors de leur premier rendez-vous amoureux en tête. Il pouvait sembler niais à ce souvenir d'un tel détail, ressembler à un amoureux transi, à une salade sans sel et sans saveur, mais il s'en moquait parce que c'était elle. Et uniquement elle. Et pour elle, il pouvait se faire qualifier de tous les noms, il s'en moquait. C'était son côté romantique. L'exact opposé de son frère, Daryl. Ils étaient peut-être jumeau, mais malgré leur ressemblance physique, ils s'avéraient tout aussi semblables que différents mentalement.

L'un pourrait presque passer pour un homme d'affaire avec ses costumes taillés sur mesure, mettant sa silhouette en valeur. Tandis que l'autre ressemblait à un badboy avec ses jeans, parfois troués, son indispensable veste en cuir et son bonnet sur la tête.

Et pourtant, celui qui ressemblait à un homme d'affaire était en réalité le badboy par excellence, chef d'un des gang les plus craints de la grosse pomme. Arrogant. Sur de lui. Dangereux. Coureur de jupons. Et celui qui ressemblait au badboy était en réalité un très bon graphiste. Gentil. Posé. Romantique. Différents et pourtant semblables parce que tous deux étaient prêts à tout l'un pour l'autre ainsi que pour ceux qu'ils aimaient.

Ses cheveux lâchés ondulaient sur ses épaules, ses yeux verts pétillaient tout en reflétant une pointe de crainte, et ses lèvres sans artifice lui donnait envie de s'en emparer sur le champ. Le raclement de gorge du serveur le ramena à la réalité et il réalisait enfin qu'il était planté là, à la fixer sans un mot, après l'avoir salué.

Après avoir passé commande, le silence s'installa. Ce diner était de son initiative mais il ignorait comment lancer la conversation. Il avait la sensation d'être un adolescent à son premier rencard.

Je crois que tu voulais qu'on parle, je suis là. Alors de quoi veux-tu discuter ?

Elle savait très bien qu'il pensait que leur conversation de vendredi n'était pas terminée, il le lui avait dit pour justifier cette invitation, mais pour elle, tout avait été dit. Alors ce n'était certainement pas elle qui allait entamer la conversation, mais elle ne tenait pas pour autant à demeurer dans le silence qui s'était installé à la table depuis qu'elle était arrivée.

Ecoute... Commence Matt.

Je suis toute ouïe, l'interrompt Cléa.

Si tu commences à m'interrompre, on va pas avancer.

Le silence s'installa de nouveau tandis qu'ils ne se quittaient pas des yeux.

Après plusieurs dizaines de secondes, elle finit par baisser le regard pour s'emparer de son verre avant d'en boire une gorgée, pour finalement lui adresser un léger signe de tête pour qu'il reprenne.

Je voulais qu'on parle, tous les deux, sans s'engueuler. Pas comme jusqu'à maintenant.

La faute à qui ?

Reviens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant