Chapitre I

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~ Début mars

Les cheveux en bataille, le souffle haletant, le corps recouvert de cette fine sueur qui la fait trembloter, elle se réveille en sursaut, retenant à peine le cri qui menace de sortir du plus profond de ses tripes.

Désorientée, elle se redresse vivement, et son regard apeuré parcours la pièce avant qu'elle ne comprenne qu'elle se trouve dans sa chambre, dans son lit.

Encore ce cauchemar.

Elle jette un coup d'oeil sur son portable et constate dans un grognement qu'il est trois heures du matin. Elle se laisse tomber dans son oreiller, dans ses draps, dans l'espoir de retrouver le sommeil, ce que, bien évidemment, elle ne réussit pas.

Après avoir tourné pendant trente minutes dans son lit, elle se résigne, se lève et se dirige vers sa chambre. Elle se laisse tomber dans les oreillers, inspirant de toutes ses forces, dans l'espoir de sentir son odeur apaisante. Mais elle constate avec horreur que plus les nuits passent, plus son odeur disparait, remplacée petit à petit par sa propre odeur.

Dépitée, elle se dirige vers la salle de bains, et se fait couler un bain. A défaut de retrouver le sommeil, elle pouvait au moins se détendre dans un bon bain chaud. La journée promettait d'être longue.

A peine arrivée, elle se précipite vers la machine à café et fait couler son précieux nectar - déjà le troisième de la journée, alors qu'il n'est que sept heures trente. D'un pas énergique - jusqu'à quelle heure de la journée ? -, elle retourne s'installer à son ordinateur et commence à travailler.

Bientôt, trois semaines qu'elle arrive en avance à cause de ses insomnies, et malgré son état de fatigue, elle mène à bien ses dossiers. Et son patron à du le remarquer, puisque le rythme semble s'intensifier. A moins que ce ne soit qu'une impression de sa part.

_ Eh bien, eh bien, il semblerait que vous vous soyez enfin acheté une conscience professionnelle.

Pas besoin de se retourner pour savoir qu'Amélie Besti, directrice des ressources humaines - du moins le pense-t-elle, étant donné qu'elle est la seule de l'entreprise à travailler aux ressources humaines - s'adresse à elle. Elle reconnaitrait cette voix nasillarde entre toutes.

La jalousie, l'animosité sont-ils des critères de recrutement pour travailler aux ressources humaines ? Parce que jusqu'à présent, elle n'avait jamais eu la chance de côtoyer une directrice des ressources humaines aimable, critère qui lui semblait pourtant primordial pour occuper son poste.

_ Mademoiselle Besti, bonjour.

Elle tente de garder son calme, mais à bien y réfléchir, elle ne sait pas si ce qui est sorti de sa bouche résulte plus d'un aboiement ou d'un grognement.

_ Toujours aussi aimable à ce que je constate.

Amélie ne lui laisse pas le temps de répondre, et tant mieux, elle n'en avait pas l'intention, avant de quitter l'espace qu'est son bureau pour se diriger vers le sien.

L'amabilité était aux abonnés absents ces dernières semaines, encore plus que ces dernières années et encore plus avec les personnes qui lui sont antipathiques, et elle s'en moquait. Tant que son patron ne le lui reprochait pas et ne se servait pas de ses sautes d'humeur pour lui faire des reproches, et la mettre à la porte, ses relations avec ses collègues l'importaient peu. Elle n'était pas là pour se faire des amis, uniquement pour faire son travail.

Après deux heures de travail intensif, elle se dirige une nouvelle fois vers la machine à café pour prendre son quatrième café - et certainement pas le dernier - et se détendre cinq minutes. Maintenant qu'elle a quitté son écran et s'est levée, elle sent que ses épaules sont contractées au maximum, entrainant une gêne au niveau de son cou. Elle détend ses épaules, en les faisant rouler d'avant en arrière, puis ses cervicales.

Reviens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant