Chapitre XII

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Une légère brise rentre par la fenêtre ouverte, laissant une traînée de petits frissons sur son corps. Cette fraîcheur lui fait du bien après la chaleur de la journée, de sa soirée. Les bras croisés derrière sa tête, ses yeux fixent le plafond, sans parvenir à trouver le sommeil malgré la fatigue physique qu'il ressentait.

Sa discussion avec Cléa ne cesse de défiler dans son esprit. Contrairement à la première fois, il avait eu envie de parler, de discuter de façon posée comme les deux adultes qu'ils sont. Mais encore une fois, cela n'avait pas été une réussite.

Les mots échangés le hantent.

Depuis qu'elle était rentrée, il passait son temps à l'éviter. Le fait de ne pas avoir de binôme, suite au départ de la jeune stagiaire, était un bon prétexte. Trop de boulot. Parfait pour éviter les conversations en salle de pause et les déjeunés en sa présence.

Il avait passé son temps à l'ignorer, à éviter toutes les conversations qui pourraient lui faire penser à elle. Et lorsqu'il ne passait pas son temps à bosser, il était à la salle, en train de se battre, de se défouler. Ou encore à ses combats de rue, comme ce soir.

Ses côtes le lançaient et son tibia lui faisait un mal de chien, mais malgré tout, il avait ignoré sa douleur, continuant ses entraînements, ses combats. Malgré la fatigue qui s'accumulait et la douleur physique, il avait continué. Continué au point de s'acharner pour oublier. Oublier que depuis qu'il l'avait revu ce soir là au bar, dans les coulisses, il avait envie d'aller la prendre dans ses bras, de la réconforter, de la rassurer.

Il mourrait d'envie d'avancer vers elle, de passer une main dans ses cheveux châtains, tombant en cascade sur ses épaules, de poser sa seconde main sur le bas de ses hanches, à la limite de la naissance de ses fesses et de l'embrasser à en perdre haleine, pour lui montrer à quel point elle lui avait manqué. A quel point elle lui manque.

Ce sentiment de manque était envahissant.

Pénétrant.

Déstabilisant.

Il l'avait ressenti ces dernières années, mais il avait fini par l'enfouir au fond de lui. Il avait même réussit à se persuader que ce sentiment avait disparu, mais il était revenu de plein fouet depuis que ses yeux s'étaient posés sur elle. Elle était si proche, et pourtant si loin. Et cela lui imprimait ce sentiment encore plus profondément en lui.

Encore plus depuis ce qu'elle avait fait pour lui ce soir.

Si jusqu'à présent il avait réussi à refouler ses sentiments, ils étaient revenus quand elle était montée sur ce ring à sa place et il ne pouvait désormais plus se voiler la face.

Il n'avait pas compris son geste lorsqu'il l'avait vu sur ce ring. Elle était partie. Elle l'avait quittée, alors pourquoi prendre un tel risque ? Pourquoi prendre sa place ? Il ne comptait plus pour elle. Alors pourquoi le remplacer ? Pourquoi faire ça pour lui ?

Les choses commençaient à s'éclaircir après leur conversation. Ou plutôt leur dispute. Après tout ce qu'elle avait dit, il commençait à comprendre ce qu'elle avait pu penser. Il commençait à comprendre qu'elle ait pu penser que lui l'avait quittée.

Dans un soupir, il se tourna, pour s'allonger sur le côté.

Malgré la douleur et la fatigue qui s'étaient cumulées ses dernières semaines, ses pensées et ses sentiments confus ne cessaient de l'empêcher de trouver le sommeil et, une nouvelle fois, il se retrouvait à gigoter dans son lit, dans l'espoir de trouver le sommeil mais le marchand de sable n'était pas décidé à passer.

Après les mots de leur dispute qui commençaient à dissiper le brouillard dans lequel il était, c'est les mots qu'il avait prononcés trois ans plus tôt qui lui revinrent en mémoire. Il se mordait les doigts pour les avoir prononcés trois ans plus tôt. Ces mots qui avaient menés à leur perte. A sa perte.

Reviens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant