Chapitre XXIII

635 58 139
                                    

Les paupières lourdes, les yeux papillonant dans l'obscurité, le souffle court et l'intégralité de son corps recouvert d'une fine couche de sueur, elle tatonnait les draps - froids - avant de mener sa main vers sa table de nuit à la recherche de lumière.

Une fois chose faite, elle détailla sa chambre de sa position assise dans son lit, d'un œil concentré, comme un scientifique le serait sur son microscope.

Elle est seule dans la pièce et pourtant, son cauchemar lui a semblé tellement réaliste, qu'elle a la sensation de sentir son souffle glisser le long de son coup, sa voix, rauque et déterminée, murmurer à son oreille. Malgré la lumière émise par sa lampe de chevet, l'obscurité est oppressante et ses poings se serrent sur ses draps pour retenir ses sanglots.

La porte de sa chambre s'ouvre brusquement et Chris ne perd pas une seconde pour venir s'asseoir à ses côtés, l'encerclant dans une étreinte rassurante, posant ses lèvres sur sa tempe. Le cri qui s'est échappé de sa gorge l'a réveillé en sursaut, rappelant à sa mémoire de sombres souvenirs, des nuits blanches passées à s'inquiéter, à la rassurer.

Il n'aura suffit que d'une soirée pour que le nuage sur lequel elle se sentait ces dernières semaines ne s'effondre.

Chut... Un cauchemar, c'était un cauchemar.

Il la berce, comme on berce son enfant, pour la rassurer.

Il n'avait pas fallu longtemps pour que le ton monte entre Chris et Matt.

Le premier parce que malgré toute la bonne volonté dont il voulait faire preuve, ne pouvait pas s'empêcher de se souvenir de Cléa, complètement éteinte et sans vie, lors de leur rencontre. Malgré toutes les excuses qu'elle avait pu lui trouver, lui ne pouvait s'empécher de le considérer comme étant responsable. Si ce n'était pas de la totalité des malheurs de la jeune femme, au moins d'une partie.

Il avait conscience que Matt était important pour elle, très important, la preuve en était les cauchemars qu'elle ne faisait plus lorsqu'il était là, mais il avait l'habitude d'être protecteur avec Cléa - si ce n'était pas trop - et il voulait tellement la protéger qu'il ne pouvait pas s'empécher d'imaginer qu'elle ne se relèverait pas lors de sa nouvelle chute, si Matt merdait encore une fois. Tellement qu'il en oubliait son côté aimable et jovial pour laisser place à un mec arrogant et piquant.

Le second parce qu'il ne pouvait pas retenir sa jalousie. Tout comme Chris avait conscience que Matt était important pour Cléa, Matt savait que Chris était tout aussi important pour elle. Et pourtant, il ne pouvait pas empêcher la jalousie de couler dans ses veines, au même rythme que son sang qui faisait pulser son coeur.

Il avait mit des mois à devenir proche de Cléa lors de leur rencontre, cette dernière évitant tant les contacts physiques que les contacts masculins au départ. Il avait patienté, pris son temps, avait apprivoisé le petit oiseau pour devenir un collègue présent, un ami, avant de finalement être pris à son propre jeu et avoir des sentiments pour elle.

Malgré leurs débuts chaotiques - lui refusant d'assumer ses sentiments pour elle de peur de la perdre comme il avait perdu Lana, alors qu'elle, de son côté, s'était décidée à le laisser percer ses barrières - ils avaient vécu une belle histoire et elle s'était fait une place dans sa vie, dans son coeur, dans sa famille.

Daryl avait été un ami, un confident pour elle également. Leur complicité avait été telle qu'il en avait été jaloux et un bon nombre de disputes avaient éclatées entre eux à cause de cela.

Reviens-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant