j'avais envie de partager avec vous un ptit texte que j'avais écris il y a un an jour pour jour.
voilà.
et je sais pas, même si je déserte wattpad, et que j'arrive plus à aligner deux phrases sur mes cahiers, j'aimerais peut-être travailler ses personnages, en faire une histoire?
enfin bref.***
PERCHÉE SUR UN COIN DE TROTTOIR, Louise attend. Elle se penche dans le froid, courbée en deux pour résister au vent qui lui mord la peau, lui brûle les lèvres et lui arrache de petites larmes qui meurent avant d'atteindre ses paupières.
Il fait chaud pour un mois de décembre. Il ne neige pas. Maintenant, elle s'en fiche un peu, mais petite, Louise était toujours déçue de ne pas voir d'énormes flocons cogner la fenêtre le jour de Noël.
Elle se souvient. Son père achetait toujours de la fausse neige pour lui faire plaisir, mais elle pouvait passer des heures, le nez collé aux carreaux, guettant le ciel d'un gris morose dans l'espoir d'apercevoir un morceau de traîneau ou simplement quelques gouttes d'eau gelées.
Louise arrache sa main de la poche de sa veste, relève un peu sa manche pour dégager sa montre. Minuit vingt-trois minutes et six secondes. Elle a passé le coup de fil il y a exactement vingt minutes et deux secondes. Elle tape du pied, roule les épaules, fait craquer son cou.
-Mais qu'est-ce qu'il fout, putain? marmonne-t-elle.
Un petit nuage blanc s'échappe de ses lèvres. Ça lui fait penser qu'elle aimerait bien fumer. Mais elle n'a plus de cigarettes. Et il fait trop froid pour imaginer sortir une main de son poche plus d'une seconde. Et puis, c'est Noël, malgré tout.
Avant, sa mère arrêtait de fumer chaque année. Pendant les vacances, juste le temps des fêtes. Un genre de bonne résolution pas vraiment bonne. C'était marrant.
Elle sursaute quand le coup de klaxon retentit. Vieux et enroué comme un ancien chanteur de variété, il est reconnaissable entre mille. La voiture freine à sa hauteur, Loïc au volant, son sourire d'éternel optimiste collé sur son visage aux douceurs enfantines.
-Putain, c'est pas trop tôt!
Louise s'engouffre dans la voiture et claque la porte en s'ébrouant comme un chien mouillé, lâchant une banalité sur le froid de son morceau de trottoir.
-Merci. Franchement merci, soupire-t-elle, rejetant avec soulagement sa tête en arrière.
-C'était si dur que ça? s'esclaffe Loïc.
La jeune femme ne répond pas à haute voix, elle se contente de grommeler dans sa barbe une bordée de jurons. L'autre ne sait pas s'ils servent à qualifier le repas, sa famille, les fêtes de fin d'année ou le feu qui vient de passer au rouge.
-Tu veux pas qu'on s'arrête au bar? s'enquiert Louise. Qu'on retrouve les copains et que j'oublie que j'ai planté ma nièce chérie à l'ouverture des cadeaux?
-Primo, quels copains seront présents dans un bar au milieu de la nuit, le soir du réveillon? Et, secundo, dis-moi que t'as pas vraiment fait ça...
Elle se redresse sur son siège, visiblement sur la défensive. Pourtant, Loïc ne se moque pas d'elle. Il n'y a aucun jugement dans son regard. Seulement de la curiosité. Elle se laisse mollement retomber en arrière tandis que la voiture redémarre avec un petit soubresaut.
-Tu peux parler, tu t'es même pas pointé chez tes parents, réplique-t-elle hargneusement.
Le garçon ne relève pas. Il a l'habitude, il la connaît, Lou. Quand elle est blessée, elle attaque. Manoeuvre subtile pour changer de sujet et semer le chaos.
-Je sais que ça me regarde pas, commence-t-il. Mais il y a une raison ou...?
Elle laisse planer un silence pesant. Exprès. Pour que Loïc comprenne que sa place de meilleur ami, c'est pas celle de psy. Que, effectivement, ça ne le regarde pas.
L'habitacle résonne du ronronnement du moteur, qui les berce légèrement. Les rues sont presques vides. Pas d'agitation, pas de foule pressée, seulement des voitures abandonnées sur des places trouvées à la va-vite pour rejoindre un repas de famille. C'est étrange. On dirait que le temps est suspendu.
-T'sais, elle est chouette, ma famille, finit par lâcher Louise. Plus que la tienne, par exemple. Mais c'est ça qui me rend dingue. J'peux pas m'engueuler tranquillement avec eux. Ils sont tellement adorables que c'est impossible. Mais... Ils me rendent folle, tu comprends? Avec leur vie parfaite. J'ai jamais été comme eux. Je fais tache dans le tableau. Moi, ma vie, elle est tordue. Je crois que je peux pas être assise avec eux autour d'une dinde à blablater sur leurs vêtements en coton bio. Je suis trop bancale.
-Comme un pied de tabouret, quoi, plaisante Loïc.
Louise hausse les sourcils, se redresse une nouvelle fois sur son siège pour le regarder. Elle est tout à la fois inquiète, perplexe et agacée.
-Tu me trouves égoïste, c'est ça?
-Jamais de la vie! s'offusque-t-il. T'es la personne la moins égoïste que je connaisse. Je me dis juste que, toi, contrairement à moi, tu dois avoir de supers beaux souvenirs de vos Noëls quand t'étais gosse, tu vois?
Louise voit très bien, et c'est comme une énorme boule d'émotions qui lui donne envie de pleurer.
La fausse neige.
Le froid de la maison.
Les promesses éphémères.
La première coupe de champagne, vidée en douce derrière le dos des parents.
Les bougies posées un peu partout.
Le papier cadeau jonchant le sol.
Les rires dans l'escalier.
Le nombre incalculable de poupées et de faux pistolets.
Les chansons ringardes à la radio.
Les longues tresses enroulées en macarons au-dessus des oreilles.
Les retrouvailles de membres de la famille oubliés.
Les paillettes des décorations qui restaient collées sur les joues.
Les branches en plastique du faux sapin.
Le brillant des papiers cadeaux.
Le marché de Noël sur la place à côté de l'épicerie.
Les lumières clignotantes des guirlandes.
Le tissu des robes.
L'odeur de pain d'épice.Tous ces petits moments qu'elle croyait avoir soigneusement effacé de sa mémoire, remplacé par cette colère sourde, lui reviennent en plein dans la gueule.
Elle ne se rend même pas compte que Loïc parle toujours de tabouret et qu'un torrent de larmes coule sur ses joues.
-Attends... Tu pleures?
Il a l'air aussi sidéré que si on venait de lui annoncer que le Père Noël existait vraiment. Louise pleure rarement. La mort de Mufasa dans le Roi Lion la laisse de marbre et elle n'a jamais sangloté pour une égratinure sur les genoux.
Et, aujourd'hui, soir du réveillon, sans aucune raison apparente, elle pleure. De grosses larmes qui glissent sur sa peau pour s'écraser sur le cuir abimé de son siège.
-Bien sûr que non, connard, sanglote-t-elle.
Le jeune homme, légèrement paniqué, coupe rapidement le contact et se libère de sa ceinture de sa sécurité.
-Mais qu'est ce qui t'arrives, Loulou?
Loulou.
Personne ne l'a appelée comme ça depuis ses dix ans, et ce surnom ne fait que redoubler ses hoquets.-Oh mais faut pas se mettre dans des états pareils!Enfin, je sais pas, peut-être qu'il faut, vu que je sais pas pourquoi tu pleures. Mais si tu veux continuer à t'étouffer dans ta morve, tu peux le faire sur mon épaule, si tu veux.
Louise laisse échapper un horrible petit rire mouillé, étrange gargouillis à mi-chemin entre le sanglot et gloussement, mais accepte néanmoins de caler sa joue sur la clavicule du garçon. Là, elle peut pleurer en paix, bruyamment, à grand renforts de râles et de spasmes. Mais, comme une averse, ça finit par passer.
-Hé, Lou? souffle Loïc.
Du bout des doigts, il écarte les mèches trempées (de bave ou de larmes, il ne sait pas trop) collées à la joue de la jeune femme. Elle est marrante, avec son nez rougi, ses yeux gonflés et sa mine de déterrée. On dirait un raton-laveur. Ou un petit clown.
-J'espère vraiment que mon cadeau de Noël, c'est autre chose que de la morve sur mon pull. Parce que ça me rendrait triste, quand même.
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boom ➢ rb
Casuale"boom" est un petit carnet virtuel, un gros bouquin intangible, un empilement d'absurdité, une petite chose sympathique. Tu me suis? "jsuis une sale bête une bouteille de gaz dans une cheminée et jvais finir par tsauter au visage si tu t'approches t...