Chapitre 14. II.

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Impassible, l'homme observait la jeune femme de toute beauté agoniser à ses pieds, son corps grand et musclé projetant une ombre effrayante. La plus belle de toute s'éteignait. Il aurait dû se sentir triste de la voir ainsi, elle qui avait longtemps été son amie. Il ne ressentait rien autre que la satisfaction de s'être débarrassé d'un obstacle en plus. Un obstacle qui le séparait du pouvoir absolu, du mal, d'elle.

Un ricanement sinistre lui échappa tandis qu'il s'accroupi au-dessus de la brune avant de caresser rapidement son visage. Cependant ce geste n'avait rien de tendre. Il savourait sa souffrance, sa douleur, sa peine, sa mort.

« Blanche, Blanche, Blanche... Pauvre petite princesse... Tu n'aurais jamais dû te mêler de cette sombre histoire. Sache que ta mort me sera très utile. Sois en paix. Je saurai m'occuper d'elle.

La faucheuse voulut répliquer quelque chose mais le sortilège qui s'écoulait dans ses veines étaient si puissant qu'elle étouffait.

— Co...Comment ?

— Comme je suis parvenue à tuer une immortelle si facilement ? Mais en étant le mal absolu ma chère. Plus puissant que n'importe quelle sorcière. Il m'est si simple de te retirer ce que la mort t'a offert...

— Gret... Gretel...

La princesse fut soudain secouer d'un spasme. Déjà son regard s'éteignait tandis que son souffle vital s'échappait. L'homme secoua la tête. Gretel... Un sourire cruel étira ses lèvres.

— Un destin très spécial l'attend.

Blanche ouvrit la bouche, dans l'espoir de répliquer quoique ce soit. Mais un dernier éclair de douleur la déchira.

À la place de cette silhouette masculine qui lui était jadis connue, une forme sombre se dessinait. La Mort... Celle-ci penchait son visage doux et accueillant sur sa fille, sa guerrière. La brune écarquilla des yeux. Sa douleur avait disparu. La déesse l'avait emportée. À présent c'était elle qu'elle allait emmener. Une larme roula le long de la joue de la faucheuse avant que son âme ne s'envole en compagnie de la Mort.

Sa dernière pensé fut pour Gretel. Elle ne pourrait plus jamais lui dire à quel point elle l'aimait...

Constatant que la vie avait quitté sa victime, l'homme se recula, satisfait. Il n'y avait en lui pas la moindre once de culpabilité. À présent que la faucheuse était morte, il ne lui restait plus qu'à...  Son nom, hurlé avec hargne, résonna dans toute la clairière :

— Hansel !

Il tourna la tête surpris par cette voix, ce ton et cette fureur. Il la reconnaîtrait entre mille. Gretel ! Elle était là, plus belle que jamais, son regard déséquilibré se posant sur le corps de l'immortelle.

Elle s'agenouilla près de son amante, les yeux écarquillés tandis que la panique la gagnait.

— Blanche ?

Mais la princesse ne répondit pas. Elle restait au sol, plongée dans un sommeil, éternel cette fois-ci. Aucun baiser ne pourrait l'en tirer. Les mains de la jumelle se mirent à trembler alors qu'elle secouait le corps de sa comparse dans l'espoir de l'éveiller.
Non, non, ça n'était pas possible ! Blanche était une immortelle, Blanche ne pouvait pas mourir...

Pourtant cette fois ci, la Faucheuse dû se rendre à l'évidence. La princesse était plus pâle que d'habitude, plus pâle que la mort, plus pale que la neige elle-même. Si pale qu'elle portait à ce moment bien son nom. Ses lèvres grenat avaient perdu leur somptueuse couleur et ses yeux vides fixaient le ciel sans plus la moindre lueur de vie et de jovialité. L'esprit d'allégresse qu'était Blanche Neige s'en était allée. Et malgré tout cela, elle restait belle. La plus belle d'entre toutes.

Les Faucheurs I - Sombre prophétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant