Chapitre 7. I.

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« Ce 2 décembre 1427, la faucheuse Gretel et le faucheur Hansel ont été envoyé en Transylvanie pour détruire un coven de sorcières. Que la Mort bénisse leur mission. »

Annal des mission du quinzième siècle, Ordre des Faucheurs.

*

Le vol n'était pas censé être long. Il n'excédait même pas les une heure et demie. Pourtant le temps s'était arrêté. Blanche s'était endormie, et le silence régnait dans la cabine. Gretel en était perturbée. Malgré le jour à l'extérieur, elle avait l'impression qu'il y faisait de plus en plus sombre. Elle se rendit alors compte que tous les volets s'étaient rabattu et les lumières étaient éteintes. Seul les néons bleu éclairaient le chemin au sol et les panneaux indiquant la sortie clignotaient faiblement. Soudain un chuchotement empli l'air.

Greteeeeel...

La jumelle releva la tête. Bloquée sur son siège elle ne voyait rien. Pourtant elle avait entendu ! Fébrile, elle se détacha et passa par dessus sa compagne en faisant attention à ne pas la réveiller. S'engouffrant dans l'allée principale, elle perçu à nouveau le murmure qui sifflait son prénom. En provenance de l'arrière.

Des turbulences secouèrent l'avion. Gretel perdit l'équilibre et se rattrapa de justesse. Son regard ne se détachait pas du fond du jet. Elle était certaine d'entendre une voix l'appeler en un chuchotement. Une voix qui lui semblait même connue.

Arrivée devant la salle de bain de l'avion, elle jeta un dernier regard en arrière. Blanche dormait toujours et il faisait toujours aussi sombre. Alors elle y entra. La lumière des néons lui fit battre des paupières. La faucheuse aux cheveux gris se plaça alors face au miroir et sursauta. Cela recommençait ! Devant elle, son reflet avait pris des traits masculins pour lui montrer son frère. L'image était sombre, pourtant elle l'aurait à nouveau reconnu entre mille. Il affichait un sourire presque triste. Son regard semblait vide, frappé par l'horreur. Hypnotisée par cette image, Gretel ne résista pas. Levant la main, elle la posa contre le verre réfléchissant. Son reflet l'imita. Paume contre paume. Pourtant, la jumelle ne senti rien. Rien à l'exception de la surface froide du miroir. N'était-ce qu'une projection de son esprit ?

Qu'est-ce qui était réel ? Qu'est-ce qui ne l'était pas ?

Brusquement la porte coulissant s'ouvrit, faisant sursauter l'immortelle et laissant apparaître le visage angélique de Blanche qui souriait jovialement et s'exclama :

« Ah, te voilà ! Tu ne devineras jamais de quoi j'ai rêvé !

Elle fronça brusquement des sourcils avant d'observer suspicieuse le miroir. Mais rien.

— Il se passe quelque chose ?

Des choses ? Il s'en passait mille. Si bien que la jumelle ne su quoi répondre, dévisageant sa comparse, encore surprise par son interruption. Celle-ci soupira avant d'entrer pour de bon dans la minuscule salle de bain pour se pencher par dessus le lavabo. Sa chemise noire piquée de petites fleurs blanches effleura Gretel qui se recula pour lui laisser la place. En silence, elle observa la maîtresse empoisonneuse piquer à son corset de cuir plusieurs épingles. Le clin d'œil qu'elle adressa à la faucheuse aux cheveux cendré confirma à celle-ci que lesdîtes épingles étaient empoisonnées.

— Tu ne t'en débarrasses jamais ?

— Jamais.

Les Immortelles se toisèrent au travers de la glace qui ne semblait plus troublée par des apparitions surnaturelles. Ce n'était qu'une simple psyché un peu poussiéreuse – l'ordre des faucheurs ne se concentrait pas sur l'entretient des toilettes de ses jets. Ayant fini de s'apprêter, la brune se retourna :

Les Faucheurs I - Sombre prophétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant