« Brulez les ! Brulez les toutes ! Vengez les innocents morts à leur place et renvoyez en enfer les diablesses venues prendre vos vies, vos familles et vos enfants. »
Appel à la vengeance de l'Ordre des Faucheurs.
1487.
*
La brume entourait le majestueux manoir anglais de l'ordre des faucheurs, conférant un aspect fantomatique à la demeure perdue en pleine forêt du sud de l'Angleterre. Les tourelles projetaient des ombres inquiétante sur la grande cour sous la lumière d'un pâle soleil d'hiver.
Sur son perron, quelques silhouettes se dessinaient. Il y avait bien évidemment le Patron et son fils, que seul l'âge du premier parvenait à différencier, Blanche, qui aiguisait la pointe de ses flèches et enfin Gretel. La faucheuse fixait le bois sombre face à elle, avec un mélange de fascination et de crainte. Cela faisait quatre cent ans qu'elle rêvait de pouvoir à nouveau flaner entre les arbres sauvages, bercer par le chant du vent, les murmures des créatures sylvestres et les caresses des esprits qui hantaient les fourrés.
À présent qu'elle avait goûté à la liberté, elle ne voulait plus y renoncer. C'était plus fort qu'elle. Elle rêvait de voyager, de découvrir, de vivre...
Le Patron l'observait sévèrement, de son regard de vieux lynx, mais la jeune femme n'en avait cure. Elle tressait ses cheveux gris tandis qu'il la sermonnait sur l'importance capitale de sa mission - elle devait absolument ramener son frère ! Un discours bien inutile; Mais même sans cela, Gretel l'aurait fait. Après tout, il s'agissait de son jumeau, de sa moitié. Elle était prête à tout pour lui, même à mourir.
Agacé par le manque d'attention de la faucheuse qui affichait une expression neutre quoique lassée malgré l'impatience qui suintait de ses moindres gestes, l'homme finit par lâcher d'un ton menaçant :
« N'oublie pas Gretel... Tu n'as plus droit à l'erreur. Tu sais aussi bien que moi qu'avec la malédiction qui plane, tout peut être fatal. Tout peut t'être fatal. Prends garde, petite faucheuse.
Elle leva sur lui ses prunelles grises et cette fois-ci, un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Elle battit des paupières et de sa voix traînante, elle affirma :
— Je ne vous décevrai pas. Pas cette fois-ci.
Le Patron revit un instant la jeune femme brune aux mèches grises assise nonchalamment sur une table derrière son frère qu'elle était lorsqu'ils avaient intégré l'Ordre des faucheurs, les yeux rieurs et l'air déterminé à se battre. Cette image se superposait à celle d'une Gretel en sang qui hurlait à s'en arracher les cordes vocales. Tant d'efforts, tant de malheur... Tout cela pour en arriver là aujourd'hui... Il n'y avait plus aucun doute : la terrible faucheuse qu'elle avait toujours été était de retour. Sans se laisser envahir par un quelconque sentiment, il hocha la tête.
— J'espère bien.
Il se détourna finalement pour s'approcher de Blanche, la laissant enfin en paix. Valentin s'avança alors vers Gretel, ravi du départ de son père. Elle leva le menton en le voyant s'approcher et sourit à nouveau. Elle semblait paisible, lucide. Lui rendant son sourire, le jeune homme s'inclina et murmura, l'air presque désolé pour le comportement de son géniteur :
— Il est sévère mais sans lui, l'ordre aurait déjà disparu depuis longtemps.
— Je sais bien. Crois-moi, je le comprends d'une certaine façon.
Silencieux, le faucheur la détailla du regard un instant avant de s'avancer encore un peu et de saisir les pans du long manteau qu'elle portait. Alors qu'il l'arrangeait correctement, la faucheuse profita de sa proximité pour souffler :
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Les Faucheurs I - Sombre prophétie
ParanormalNous connaissons tous bien des histoires à propos des sorcières. Certaines les font passer pour bonnes. D'autres pour cruelles. La vérité est bien plus sombre... Depuis des siècles déjà, l'ordre des Faucheurs se charge de débarrasser la Terre de ces...